Mount Eerie – ‘Now Only’

Mount Eerie – ‘Now Only’

Album / PW Elverum & Sun / 16.03.2018
Dark folk


Comme son prédécesseur, A Crow Looked at Me sorti l’an passé, Now Only est obscur et dense, très imprégné par le décès en 2016 de Geneviève Castree, la femme d’un Phil Eleverum laissé veuf avec son enfant âgé de seulement quelques mois. S’il n’est donc pas celui avec lequel on animera nos fins de soirées d’été, ce sixième album n’est pas non plus, pour qui découvrirait l’artiste, le plus facile pour entrer dans cette discographie, tant Mount Eerie y atteint un niveau de dépouillement assez rare.

Now only est un album resserré, composé de seulement six titres particulièrement longs, certains d’entre eux s’étirant sur plus de dix minutes (Distortion et Two paintings by Nikolai Astrup). Depuis toujours à la recherche d’un son fort et minimaliste, le compositeur signe des instrumentations fascinantes, qui semblent parfois toucher avec grâce une sorte de musique organique. Particulièrement sur les deux morceaux suscités, un riff et une basse profonde viennent à eux seuls rehausser la densité du chant monocorde. Pratiquant plus que jamais la composition à l’os, une approche bien connue en littérature, Mount Eerie parvient néanmoins à monter des mélodies plus classiques sur ses compositions les moins étirées, comme sur le titre éponyme qui s’effondre tout à coup en revenant à la monodie chamanique, avant que Earth s’enferre sur une ligne de basse obstinée qui se poursuit tout au long de Two paintings by Nikolai Astrup.

Dans cette psalmodie essentialiste, la mort et les interrogations qui vont de pair restent centrales. Mais ce qui déstabilise et fascine, c’est qu’Elverum nous invite au plus profond de lui, de ses secrets, et de son intimité. Il nous ouvre la porte de tout ce qui, pour lui, n’existe plus et a perdu son sens (les peintures sur le mur, les souvenirs de leur rencontre), comme de ce qui lui reste lorsqu’il évoque les arbres où les cendres sont enterrées. Il nous parle de la maladie, de son incapacité à passer à autre chose… Mais, tout cet aspect physique et personnel, le compositeur le contrebalance avec une réflexion profonde et universelle : que peut-il y avoir quand il ne reste rien ? C’est ainsi que, par son chant teintant ce récit d’une puissance absolue de milliers de nuances subtiles et graves, il interroge inlassablement les mots ‘croire’, ‘disparaître’, ‘oublier’, ‘survivre’… Une nouvelle fois, difficile donc de rester insensible à ce difficile Now Only, réellement un ‘Traité du Désespoir’ métaphysique qui tiendra longtemps ceux parvenant à y entrer.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Now only, Distortion, Earth


Pas de commentaire

Poster un commentaire