Mogwai – ‘Kin’

Mogwai – ‘Kin’

Album / Summit / 31.08.2018
Post rock


En composant pour la première fois une bande originale en totale autonomie, les écossais de Mogwai, une fois n’est pas coutume, relèvent le défi de repousser les limites de leur art jusqu’à le faire fusionner avec un autre : le cinéma. Si le quartet n’en était pas à son coup d’essai avec Kin (on se souvient entre autres de leurs contributions aux OST de Zidane, Rave Tapes ou encore de la série Les Revenants), force est de constater que cet exercice s’avère ici particulièrement réussi, à tel point qu’on en oublierait presque qu’il s’agit là d’une bande originale.

Si l’on est ici loin des déferlantes sonores ayant participé à leur renommée sur Young Team ou Come On Die Young, ce nouvel opus se veut résolument plus expérimental et alternatif, sans toutefois en dénaturer l’âme du groupe. En déployant une ambiance sobre, habilement maîtrisée sur la plupart de l’album, Mogwai se fait en effet reconnaître dès que les premières touches de piano de l’entame Eli’s Theme résonnent. Si cette atmosphère tantôt froide et pesante, tantôt chaude et voluptueuse, se trouve de facto très représentative du travail que Braithwaite a laissé dans son sillage ces dix dernière années, certaines musiques de ce corpus méritent tout de même une attention particulière.

Donuts, en premier lieu, se dresse comme la pièce maîtresse du disque en déployant à merveille une tension des plus haletantes, pour finalement faire éclater un déluge de guitares somptueusement mis en relief par la batterie. Guns Down, dans la même veine, se veut une odyssée des plus psychédéliques, à la fois calme et bruyante, sorte de condensé de l’énergie omniprésente dans l’album et qui nous transporte avec elle vers d’autres horizons. Enfin, après nous avoir fait traverser un océan de sonorités noisy au milieu duquel seul le piano semble faire figure de guide, Mogwai surprend encore avec le beaucoup plus pop We’re Not Done. Arborant une touche shoegaze fièrement assumée, cette finale se distingue de la torpeur caractéristique du reste par son chant, seul présent au sein de ce nouvel opus, comme par ses guitares des plus rayonnantes.

Ainsi, même si Kin n’aura probablement pas le même succès que son prédécesseur Every Country’s Sun, il n’en demeure pas moins une oeuvre très intéressante à côté de laquelle il serait dommage de passer son chemin. Mogwai, tout au long de ce voyage, se joue de nous, brouillant les pistes qui séparent l’album studio de la bande originale, et par là même contribue à renouveler sa musique d’une manière jusqu’alors totalement inouïe.

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