Methyl Ethel – ‘Triage’

Album / 4AD / 15.02.2019
Art rock

Deux ans après Everything is Forgotten, Jake Webb, tête pensante du groupe, revient à la charge avec robustesse. Avec Ruiner comme premier élan, l’album s’annonce catchy : pop électrifiante, rock avant-gardiste énergique et scintillant ; on est ici sur les terres des MGMT, Tame Impala et autres Django Django des belles années.

Hip Horror, d’abord, avec sa ligne de basse efficace et son riff au piano syncopé et inquiétant, ne manquera pas de rameuter les foules sur les dancefloors tant plane ici, disons-le carrément, le spectre rythmique du même ABBA qui avait servi d’inspiration à MGMT. L’ambition est néanmoins beaucoup plus rock, et on en est ravis. Scream Whole ensuite, avec sa folle énergie. Jake Webb et sa voix soprano de jeune dandy envoie du groove et désempare. Les tournants mélodiques sont plus éblouissants les uns que les autres.

Il y a aussi What About the 37°?, grand morceau pop-rock-psyché qui au niveau de ses influences n’arrive peut-être pas complètement à s’extirper de l’ombre de l’autre groupe de Perth. Néanmoins, si la scène indie-rock de la ville australienne fût pendant longtemps victime de l’éclipse solaire Tame Impala, l’égarement de ces derniers sur des routes sinueuses et questionnables, ainsi que l’ingéniosité pop d’un Jake Webb, permet à Methyl Ethel de rayonner. L’album se termine sur l’épique No Fighting (‘Oui je suis vivant et libre, avec mes propres conclusions. Et je n’ai pas envie de me battre‘), conclusion parfaite pour un artiste qui a trouvé sa voie toute singulière sur trois albums en seulement trois ans.

Perth a beau être l’une des villes les plus isolées du monde, au fin fond de l’Australie occidentale, elle se révèle de nouveau comme un terreau fertile en plein désert. Et on se demande bien ce que ses services communaux ont pu glisser dans les tuyaux d’eau potable.