Matthew Herbert – “One Pig”

Matthew Herbert – “One Pig”

herb180Album
(Accidental)
10/10/2011
Expérimentations fermières

Plus que jamais ancré dans un souci de déranger son public à coup d’expérimentations inédites, Matthew Herbert efface une dernière fois le tableau pour mettre un point final à la trilogie des “One”. Rappelez-vous, ce fou furieux de l’échantillonnage se samplait lui-même sur “One One”, où il chantait pour la première fois dans un décor electro-pop minimaliste, puis captait des bruits de foules lors de ses prestations live pour les assembler ensuite sur “One Club”. Celui qui structurait ses morceaux en concert en cassant des disques de la Star Ac’ ou en déchirant des pages du Figaro va bien plus loin aujourd’hui en retraçant en neuf morceaux, le cycle de vie d’un porc, de la naissance à l’abattoir, et jusqu’à la consommation. Politique, industrie musicale, société de consommation…, Herbert dénonce tout ce qui est dénonçable à travers ses machines, et met ici en lumière de manière incongrue cet animal sous-estimé, pourtant biologiquement très proche de l’homme, et dont la seule raison d’être est de se retrouver dans votre assiette.

Techniquement remarquables, les expériences sonores du britannique sont souvent difficiles d’accès, et il atteint ici le summum de l’inécoutable avec un “One Pig” plus conceptuel tu meurs. Si vous voulez savoir comment cette idée totalement improbable lui est venue, allez lui demander vous même après avoir essayé d’écouter ce disque en entier qui démarre par quatre minutes de brouillard à la campagne avant de contrebalancer les ambiances entre une douce mélodie et les grognements malsains du porcelet (“August 2009”). Dans le cochon, tout est bon, sauf le cri, et Herbert se sert principalement de cet élément pour relater la vie de l’animal mois par mois. Entre hardcore midtempo en sourdine ponctué par d’horribles cris, ou groin qui joue la basse sur des arrangements grinçants insupportables, le producteur ouvre néanmoins quelques parenthèses éclairées. “October” nous éloigne un instant de l’enclos pour apprécier de loin sa house minimale, et la fin du cycle ressemble enfin à quelque chose grâce à la lueur de mélancolie du bien foutu “August 2010” et “May 2011”, qui termine l’histoire sur un court concert folk donné dans la boue. On salue le culot de l’artiste mais on écoutera ce disque qu’une fois…

Disponible sur
itunes9


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