Mathias Delplanque – « Le Pavillon Témoin »

Mathias Delplanque – « Le Pavillon Témoin »

Le Pavillon Témoin[Album]
01/07/2007
(Low Impedance/Autoproduit)

Mathias Delplanque est un personnage assez insaisissable, discret mais prolifique, qu’on peut aussi bien dénicher dans les crédits des disques de dDamage ou Ghislain Poirier que derrière les manettes pour Charlélie Couture, quand il ne s’amuse pas sous le nom de Lena à sortir de fabuleux albums de dub minimal sur d’excellents labels (le belge Quatermass, le français Sounds Around…)

La presse a souvent comparé ce Nantais aux artistes du label ~scape (Pole, Deadbeat…), voire à Fourtet, et elle a eu bien raison. Ce nouvel album, sorti sous son véritable état civil, s’éloigne néanmoins de ces sphères purement électroniques pour divaguer plus librement autour de fields recordings, proches des installations sonores pour lesquelles Delplanque est aussi réputé

Je vois déjà les poppeux s’éloigner… Revenez! Mathias Delplanque a eu l’intelligence d’éviter le piège artistico-artistique complètement abstrait en incorporant beaucoup de prises d’instruments traditionnels (guitare folk, piano, cordes, cuivres, bribes de voix…) qui aident à tisser une trame pour ce « Pavillon Témoin ». Je n’essayerais pas de vous faire croire que tout l’album est savamment formaté car l’expérimentation reste souvent de mise (« Anti-Reflet », « Le Détecteur De Mouvements », « Parquet Flottant »…), mais l’album se laisse écouter comme du Fennesz en plus abordable ou du Air en plus sophistiqué

Ceux qui surveillaient de près les sorties du label FBWL il y a déjà quelques années seraient d’ailleurs bien avisés de jeter une oreille à ce disque qui tutoie les travaux de Imagho & Fragile (projet solo de Hervé Thomas de Hint). On y retrouve la même intensité dramatique, la même émotion à fleur de peau, entre beauté, tristesse et angoisse. La folktronica de Delplanque se pare même d’accents pop lorsqu’une voix s’invite sur « Seems Like It’s Always Like This » ou de BO imaginaire lorsqu’un sifflement morriconien traverse « Le Regard ». Les sonorités africaines qui sourdent sur « Dérivation » rappellent aussi que le bonhomme est un indécrottable voyageur qui n’aime rien tant que de domestiquer les sons de la planète

Si vous faites partie des gens pour qui l’ambiance est plus importante que la ligne mélodique dans la musique, « Le Pavillon Témoin » vous emmènera dans des recoins insoupçonnés de votre imaginaire. Superbe..

Au passage, ce disque a été masterisé par John Sellekaers, génie belge injustement méconnu dont nous ne saurions trop vous conseiller le groupe Dead Hollywood Stars (trio westernica en collaboration avec le Hervé Thomas précité) ou le beaucoup plus expérimental Urawa (oreilles non-initiées, s’accrocher).


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