Low – ‘Double Negative’

Low – ‘Double Negative’

Album / Sub Pop / 14.09.2018
Rock expérimental


Depuis l’émergence du rock indépendant, l’actualité politique mondiale n’a eu de cesse d’influencer de manière plus ou moins directe ses plus illustres ambassadeurs. Pour marquer le coup de leur demi siècle d’existence, une fois n’est pas coutume, les Duluthois de Low reviennent avec brio en franchissant une étape sonore radicale dans toute l’histoire de leur discographie, en réaction aux récentes déclarations contradictoires du chef d’état américain. En définitive, bien que non ouvertement politique, ce nouvel opus se veut paradoxalement révolutionnaire dans sa façon de réinventer le son d’un groupe que l’on aurait pu, naïvement, imaginer prévisible.

Si le prédécesseur de Double Negative, Ones and Sixes, arborait déjà des prémices d’expérimentation électronique, le virage ici emprunté par le trio se veut résolument plus extrême, jusqu’à trancher totalement avec les sonorités auxquelles les américains nous avaient habitués jusqu’ici, de leurs débuts slowcore à leurs productions plus récentes. L’entame Quorum dresse ainsi à elle seule le patron de l’album avec un background des plus noisy, lourdement saturé de basses, au milieu duquel la voix d’Alan Sparhawk se trouve difficilement perceptible, comme piégée au milieu d’une tempête de turbulences sonores.

Si l’on retrouve à peu près les mêmes éléments sur Dancing and Blood, Tempest ou encore The Son, The Sun, quelques titres clés parviennent néanmoins à s’extraire du vacarme dangereusement latent, comme des rayons de lumière traversant un brouillard impénétrable. Parmi ceux-ci, la ballade électronique Fly, emmenée par une Mimi Parker des plus habitée, ne sera pas sans faire évoquer les compositions solo de Thom Yorke. Dancing And Fire également, où les guitares hypnotiques et subtilement réverbées au milieu desquelles la voix de Sparhawk, épurée ici de tout artifice, s’élève magnifiquement et tout en harmonie avec les choeurs de Parker pour finalement laisser éclater le somptueux ‘It’s not the end, it’s just the end of hope‘, résonnant ainsi en écho à leur premier album I Could Live in Hope.

Ainsi, ce nouvel opus de Low se veut incroyablement riche et surprenant à tous les égards. A la fois varié mais cohérent, rappelant par moments ‘l’ancien’ Low, jusqu’à ce que les instruments tout comme les mots se dissolvent, et que l’ensemble ne devienne que pure lumière. Sa connotation à la fois esthétique et politique en fait l’une de ses oeuvres les plus marquantes, et semble flotter de manière atemporelle au dessus de tout ce que le trio a pu produire auparavant.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Disarray, Fly, Dancing and Blood, Dancing and Fire


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