L’Atelier – “Buffet Des Anciens Elèves”

L’Atelier – “Buffet Des Anciens Elèves”

Buffet Des Anciens Elèves[Album]
17/06/2003
(Institubes/Pias)

Empruntant les chemins débroussaillés par La Caution, TTC et L’Armée des 12, L’Atelier est la nouvelle représentation des aliens du hip hop français. Composé de Teki Latex (TTC), James Delleck, Cyanure, Fuzati, Paraone, et Tacteel (Lex Records), le collectif s’évertue de rétrécir Manche et Atlantique pour continuer de donner une touche plus humoristique et expérimentale à un genre qui, en France, ne parvient pas à ouvrir ses oeillères et se complait dans le sempiternel refrain égotrip-banlieue-mal de vivre. Certes, ici c’est la veste du second degré qu’il faut revêtir car L’Atelier ne s’écoute pas seulement à fond dans la bagnole, vitres ouvertes en hochant la tête et tapotant le toit de la Merco en rythme..

Plus qu’une autocritique d’un genre que chacun de ces acteurs défend haut et fort en tant que culture (“Le Hip Hop C’est Mon Pote”), L’Atelier est la digne preuve que le hip hop n’est pas figé et qu’il ne refuse pas une évolution qui, chacun le sait, s’avère aujourd’hui plus que nécessaire. Mêlant le côté avant gardiste de labels désormais incontournables tels que Def Jux ou Lex Records et les thèmes abordés dignes des plus fendards cartoons, cette troupe de joyeux lurons met au monde des titres fidèles à une nouvelle génération hésitant entre hip hop et musiques électroniques. Le savoir faire de James Delleck, Tacteel, et Paraone en matière de composition va même jusqu’à se rapprocher de la patte reconnaissable d’un El P (“Ne Sois Pas Triste”) tout en ne parvenant pas encore à imiter l’efficace profondeur du touché américain. Mais on y est presque. S’il est vrai que les voix marginales peuvent parfois paraître indigestes dans l’intégralité, une écoute attentive des versions apporte une bouffée d’oxygène bien méritée et laisse efficacement entendre le talent de leurs géniteurs. N’empêche que rares seront ceux qui n’esquisseront pas un sourire à l’écoute des délires de ces phénomènes, comme sur “La Fête De La Musique”, “Collier De Nouilles”, “Sans Fin”, ou “La Fille à Cinq Sous”

En preuve d’intelligence, L’Atelier exprime avec talent ces petites choses quotidiennes qui font sourire puis agacent car trop récurrentes mais sans jamais tomber dans la vulgarité. Ayant compris que l’autodérision pouvait être une arme redoutable pour réveiller les consciences, le collectif en fait son cheval de bataille et accentue son originalité par le biais de sonorités qui cisailleront encore quelques oreilles trop formatées. Certes un peu moins de j’en foutisme dans les textes donnerait plus de crédibilité mais il est si rare qu’on rie en écoutant du hip hop… Si vous ne jurez que par Booba, Rocca ou Sniper, vous les prendrez sûrement pour des déjantés. Sauf que vous avez déjà pris pas mal de retard et qu’il vous faut désormais rejoindre le début du train…pour partager une bonne dose de “mort au rap”…

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