Kode9 & The Space Ape – “Black Sun”

Kode9 & The Space Ape – “Black Sun”

lode180Album
(Hyperdub)
18/04/2011
Dubstep

On ne peut pas en vouloir à Kode9 de donner l’envie de se suicider à quiconque s’approchant à moins de cent mètres de sa musique. Cinq ans après “Memories Of The Future”, sa boule de cristal est toujours allumée, scintillant d’une lumière noire qui assombrit un peu plus sa vision dantesque du futur. On peut néanmoins le remercier d’avoir créé Hyperdub, label visionnaire et l’un des plus excitants de cette dernière décennie, découvrant des artistes comme Burial ou Ikonika qui envoient du rêve (ou du cauchemar) au milieu d’un environnement musical globalement trop terre-à-terre. Attendu comme n’importe quel disque de la maison, “Black Sun” sonne la tombée de la nuit, et vous aurez intérêt à vous munir d’une lampe-torche pour avoir la chance d’évoluer dans ce monde sombre et hostile. Malheureusement, l’effet de surprise de 2006 n’existe plus. On savait, en mettant le cd dans la platine, que l’on n’allait pas se marrer, plutôt faire copain-copain avec les cafards sous un cummulonimbus bien épais. Car à trop vouloir creuser le côté dark du dubstep, Kode9 et le rappeur londonien The Space Ape finissent parfois par ennuyer, à l’image de l’introductif “Black Smoke” peinant à capter l’attention de l’auditeur avec ce flow monochorde, et ces sons teintés 90s éparpillés un peu n’importe comment.

Mais attention, nous sommes ici au sein d’un style unique qui a tout de même le don de procurer des sensations inédites et de consolider cette branche solide du courant dubstep nouvelle génération. Ainsi, Kode9 et The Space Ape remplissent leur son de vide, des cavités propices à l’écho provoqué par ce dub osseux, à l’image du “Promises” gonflé à la fumée d’opium. Présente sur le tiers des titres, Cha Cha sert de voix lointaine et décorative, comme sur “Love Is The Drug”, un shoot qui tapisse les narines bien plus que d’autres tracks difficiles à appréhender tels le ragga oppressant de “The Cure” cherchant en vain un soupçon d’harmonie, ou “Hole in The Sky”, plombé par un synthé intrus et incohérent. On préférera des chansons plus riches et massives comme “Am I”, à l’agressivité sereine, puis cette seconde partie d’album qui gagne finalement en intérêt. Comparables à Rhythm & Sound et Tikiman qui prenaient la minimale à son état le plus fondamental, Kode9 et The Space Ape font la même chose avec le dubstep. Une écoute attentive permet alors de remarquer que chaque son est à sa place sur les meilleurs moments: le sophistiqué “Green Sun”, l’orgue lugubre de “Otherman” qui ouvre sur un breakbeat poussiéreux salvateur, “Black Sun” qui éclaire son disque-père comme une pleine Lune à la campagne, et enfin “Kryon” qui profite du passage de Flying Lotus dans les parages pour remplir de nappes organiques des haut-parleurs qui ne s’y attendaient pas…

En écoute



Disponible sur
itunes41


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