Kid Cudi – “Man On The Moon II: The Revenge Of Mr Rager”

Kid Cudi – “Man On The Moon II: The Revenge Of Mr Rager”

kid180Album
(GOOD)
08/11/2010
Hip pop

A voir la rapidité avec laquelle Kid Cudi est entré dans le rang des personnalités hip hop qui font et défont la face mainstream du hip hop, on en oublierait presque que le gosse de Cleveland est finalement un jeune artiste. Son premier album, “Man On The Moon: The End Of Day” sorti l’an passé, n’avait malheureusement fait que le rappeler. Pire, il prouvait à quel point le soutien d’un Kanye West – parrain envahissant jusque dans sa musique – pouvait être lourd à porter. Un an plus tard, avec un peu plus d’expérience à son actif, de nombreux featurings et autant de collaborations enrichissantes, Cudi revient aux affaires avec un deuxième volet de la série “Man On The Moon” intitulé “The Legend Of Mr Rager”. Avec lui, une attente toute particulière: celle de le voir s’émanciper de son mentor, de prendre ses distances avec ce clan certes innovant mais tellement superficiel et bling bling qu’il en oublie souvent de préserver son âme. Qu’il prenne les rennes en somme.

Ce disque dévoile un Kid Cudi plus sombre que par le passé (“Mojo So Dope”, “Wild’n Cuz I’m Young”), plus enclin à parler de lui (“Don’t Play This Song” feat Mary J Blige) que de vouloir absolument en mettre plein les oreilles – et la vue – des oreilles croisées sur son chemin. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il donne beaucoup plus envie de s’attarder sur cette nouvelle livraison. Et pour cause, en refaisant appel au même noyau de producteurs (Emile, Plain Pat, Dot da Genius auxquels s’ajoutent No I.D., Jim Jonsin ou Chuck Inglish des Cool Kids), et plutôt que de revenir à la science du beat efficace qui a toujours fait ses preuves au travers du temps, Kid Cudi reste fidèle à une couleur musicale embourbée dans une volonté délibérée de sonner autrement tout en fuyant les basiques. Un trait de caractère habituellement réservé à des artistes possédant assez de bouteille pour atteindre leurs ambitions, et dont résulte logiquement ici une majorité de titres insignifiants (“REVOFEV”, “Marijuana”), sans compter les planches savonneuses qu’il entreprend d’escalader en s’abandonnant jusque dans un college rock taillé pour jeunes boutonneuses (“Erase Me” feat Kanye West, “Mr Rager”).

Malgré quelques bras trop tendus vers la pop (“Ghost!”), Kid Cudi n’a pourtant pas que du mauvais à proposer tout au long de ce deuxième chapitre, il parvient aussi à accoucher de quelques bons titres, sauvés par la belle énergie qu’il tente de leur insuffler. Parmi eux, l’ouverture “Scott Mescudi Vs The World” fait bonne impression bien que Cee Lo Green lui colle un refrain à l’eau de rose, “Ashin’ Kusher” et “MANIAC” (feat Cage) sonnent un réveil des troupes si attendu qu’il en devenait inespéré. Car non seulement “The Legend Of Mr Rager” est un disque parfait pour plomber l’ambiance, mais il est aussi si oppressant que l’écoute en devient parfois inconfortable. Plus une thérapie d’artiste qu’un album pensé pour combler ses fans autant que lui-même, peut être n’est-il finalement que le passage obligé dans le cycle d’un développement personnel appelé à voir enfin la lumière à l’avenir. Reste qu’à l’heure qu’il est, Kid Cudi évolue dans l’ombre: celle de ses démons, mais aussi celle des autres. Rendez vous plus tard parce que, cette année, on n’a franchement pas envie de s’emmerder à ce point.

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1 Commentaire
  • Emmanuel
    Posté à 23:35h, 10 février Répondre

    D’accord avec rien, ou presque.
    Ni dans le choix des morceaux, ni dans la globalité de ton point de vue. J’ai vu tout l’inverse de ce que tu nous dis. Hors mis peut-être à propos de l’empreinte inutile de Kanye West dans les albums d’un Kid Cudi qui, contrairement à d’autres, ne mérite quand même pas de critiques aussi acides que la tienne.
    Parce que, si on peut concevoir sans trop broncher que tu ne rentres pas dans l’atmosphère du mec, on comprend difficilement ce ton de reproches; tu peux juger ses tentatives maladroites, mais la prétention que tu lui prêtes n’est pas justifiée.
    Je ne peux que t’inviter à replonger dans cet album, en te souhaitant d’y trouver ce petit charme mystérieux et cette profondeur qui m’ont tant touché lorsque je l’ai découvert

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