Julia Jacklin – ‘Crushing’

Julia Jacklin – ‘Crushing’

Album / Transgressive / 22.02.2019
Pop folk


Julia Jacklin s’est épuisée à tourner autour du monde pour défendre son premier album, y a perdu des illusions, et gagné en caractère. De fait, Crushing est moins fade, plus audacieux : l’australienne y creuse un sillon quelque part entre les éraillements sensuels d’Aldous Harding et les riffs agacés d’Angel Olsen.

Musicalement d’ailleurs, on regrette qu’elle n’atteigne jamais la maîtrise et l’évidence country-rock de la californienne : ses titres les plus électrifiés sont souvent plus bruyants que mélodiques (Pressure To Party, You Were Right), et sa voix atteint vite ses limites sur des partitions sans saveur (difficile d’aller au terme de la logorrhée de Turn me Down sans attraper de migraine).

L’album tient par contre toutes ses promesses dans le registre de la balade folk. Qu’elle soit dépouillée à l’extrême (When The Family Flies In ou Convention, lovées au coeur de l’album et au creux de notre oreille), ou plus arrangées à l’image des excellents singles Body et Good Guy aux basses rondes et aux cordes veloutées (on retrouve sur le second un son et une rythmique downtempo que ne renierait pas Eels), Julia Jacklin atteint une évidente maîtrise. Et c’est sur une de ces caresses – Comfort, religieusement ânonné à mi-voix, à peine plus fort que les accords de la guitare – qu’elle clôt l’album.

La douceur apparente dans laquelle elle s’épanouit pourrait faire oublier le propos. Il n’y a pas de bluette, de tendresse ou de peine subie dans ses textes, juste un brin de lassitude et de mélancolie parfois. Très analytique, elle plaque son ironie émancipée (à la manière de Courtney Barnett), sur les hommes, la vanité, les amours qu’on doit laisser partir, le poids de la famille, la promiscuité, le besoin d’isolement, la recherche de soi.

C’est donc dans tous les contrastes de Crushing que Julia Jacklin se révèle très moderne. Et par la facilité avec laquelle elle souffle le chaud et le froid que son album est séduisant.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Body, Head Alone, Don’t Know How To Keep Loving You, Good Guy


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