Josh T. Pearson – ‘The Straight Hits!’

Josh T. Pearson – ‘The Straight Hits!’

Album / Mute / 13.04.2018
Folk rock


Actif sur la scène musicale depuis plus de 20 ans, Josh T. Pearson n’est vraisemblablement pas le plus prolifique des songwriters. La rareté de sa discographie est toutefois largement compensée par la qualité de ses deux précédents opus : l’incroyable The Texas-Jerusalem Crossroads (2001) enregistré avec son groupe Lift To Experience, disque improbable de free-rock brumeux et mystique ayant depuis acquis un statut culte justifiant une réédition très longtemps attendue en 2017, et surtout The Last Of The Country Gentlemen (2011), album de chansons guitare-voix mélancoliques d’une grâce exceptionnelle.

L’arrivée de The Straight Hits! fut donc de nature à susciter une certaine excitation, couplée à une curiosité attisée par la rupture de ton évidente affichée dans la note d’intention l’accompagnant. Visiblement traumatisé comme beaucoup par l’élection présidentielle américaine de 2016, sa réaction fut d’abandonner les oripeaux sombres et autres attributs capillaires qui le caractérisaient jusqu’alors, pour embrasser une approche délibérément plus positive, légère, colorée (criarde ?) et surtout plus directe.

L’adjectif ‘straight’ constitue donc, vous l’aurez compris, le motto de ce nouvel album délibérément conçu comme un exercice de style, chaque morceau devant respecter un certain nombre de règles appelées les Five Pillars : chaque titre doit contenir le mot ‘straight’ pour un maximum de quatre mots, chaque chanson doit contenir un couplet, un refrain et un pont, etc… L’approche est donc à la concision, ce qui tranche fortement avec ses précédentes compositions dont la durée dépassait régulièrement les 10 minutes.

De fait, le disque débute sur le très frontal Straight To The Top!, manifeste country-punk fanfaron particulièrement efficace, immédiatement suivi par la chanson la plus pop jamais enregistrée par le texan, Straight At Me, titre d’une légèreté insolente parsemé de claviers 80’s kitsch, de clappements de mains et de sifflements (!). Ce démarrage en trombe ne tarde cependant pas à laisser place à un versant plus mélancolique, incarné par des ballades folk plaintives (Damn Straight, The Dire Straits Of Love) ressassant l’obsession principale du chanteur. L’amour – the most terrifying four-letter word of all – n’aura jamais été traité par l’artiste de manière aussi directe et simple que sur l’explicite A Love Song (Set Me Straight). C’est qu’un autre des Five Pillars définis par Pearson est de se soumettre totalement à la chanson, et non de la plier à sa volonté. Et ce sont ces quelques moments d’abandon qui permettent à l’émotion de transparaître sous la gouaille ironique et désinvolte du chanteur.

La démarche peine toutefois à convaincre. Car le carcan fixé par l’artiste ne permet que rarement de dépasser l’exercice de style, à quelques exceptions près (le torturé Loved Straight To Hell, réminiscence des aventures soniques de Lift To Experience). En délaissant les errements magnifiques qui marquaient ses opus précédents au profit d’une volonté d’efficacité délibérée, Josh T. Pearson y a également perdu une bonne partie de la magie qui illuminait jusqu’à présent son œuvre. Goddamn politics !

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Damn Straight, Loved Straight to Hell, Straight To The Top!, The Dire Straits Of Love


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