John Vanderslice – “Emerald City”

John Vanderslice – “Emerald City”

Emerald City[Album]
24/07/2007
(Barsuk/Import)

Comme beaucoup, John Vanderslice a vu son enfance bercée par les disques de Led Zeppelin, Creedence Clearwater Revival ou les Kinks, qui lui auront permis une ouverture d’esprit quelque peu précoce. Plus ou moins forcé à se mettre au piano dés son plus jeune âge, c’est finalement vers la guitare qu’il s’orientera pendant son adolescence. De là, il montera quelques groupes, dont Tiny Telephone, et MK Ultra (plusieurs tournées avec Sunny Day Real Estate) avec lequel il laissera échapper quelques évidentes influences de David Bowie, les Beatles, XTC, Bob Dylan, King Crimson, et même le Genesis des débuts. Le floridien de naissance montera entre temps son propre studio qui lui permettra de se faire la main sur ses propres productions, notamment celles en solo dont le premier volet, “Mass Suicide Occults Figurines”, sortira en 2000. Depuis, John Vanderslice ne cesse de voir sa réputation grimper au fur et à mesure qu’il se montre prolifique, et la presse comme le public lui reconnaissent un réel talent d’écriture et de producteur

Et tout ce petit monde n’a pas tort, car son écriture est si fine qu’on en arrive parfois à se demander si les thèmes qu’il aborde sont réels ou fictifs, le bonhomme étant plutôt adepte des disques type romans-photos mettant à chaque fois en scène un personnage. Autobiographique ou non (qui sait?), “Emerald City”, son nouvel opus, laisse remonter à la surface un traumatisme post 11 septembre s’illustrant par des thèmes récurrents, tournant autour du terrorisme (“Kookaburra”), de la paranoïa (“Time To Go”, “The Parade”), d’un passé qui ne cesse de le rattraper (“Tablespoon Of Codeine”), d’une guerre décimant les familles (“White Dove”), de réclusion débouchant sur une dangereuse solitude. Pas très gai, on vous l’accorde, mais il n’est pas impossible que tout ce qui arrive à ce personnage soit dicté par une réalité, celle de Vanderslice qui se serait battu ces derniers mois pour faire obtenir, en vain, un visa pour les Etats Unis à sa fiancée parisienne. Lettre d’excuse en musique? Simple histoire d’amour dédiée à sa chère et tendre? Encore une fois, son talent d’écriture laisse planer un doute à la fois intriguant et artistiquement intéressant

Ce décor planté, sa musique n’en prend que plus d’ampleur. Plus organique que sur ses précédents albums, John Vanderslice a cette fois mis l’accent sur ses paroles, plus indirectement sur sa voix magnifique, délaissant quelque peu les bribes électroniques omniprésentes du passé. Du coup, les mélodies sont particulièrement travaillées, presque imprévisibles, et la fine pop de “Emerald City” gagne ainsi en beauté comme en profondeur, comme l’illustrent à merveille les sublimes “Kookaburra”, “The Parade”, “Tablespoon Of Codeine”, “The Minaret” ou “Central Booking”. Et même si quelques choix de production laissent à désirer (la trop grande saturation, volontaire, de la guitare acoustique sur certains titres), ce nouvel album de John Vanderslice résonne comme une confirmation, une suite logique, et l’affirmation d’un des songwritters américains les plus intéressants du moment

En écouteWhite Dove

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