Joey Badass – “1999”

Joey Badass – “1999”

bad180Album
(Cinematic)
12/06/2012
Hip hop

Avec “1999”, on se dit que la jeunesse gagne définitivement à s’appuyer sur l’expérience des anciens. Ici, la sagesse venue d’un glorieux passé prend la forme de scratchs subtils, de productions aériennes, et de boom-bap rétro. Au milieu de ces valeureuses antiquités, un pur produit de notre époque: Joey Badass, 17 ans au compteur qui, avec son crew lycéen nommé Progressive Era, entend bien ramener la saveur du hip-hop d’antan au centre des intentions, tout en conservant fièrement ses deux pieds ancrés dans le bitume de son époque.

Si les différents thèmes de la rue évoqués ici par le jeune rappeur s’inscrivent dans la tradition new-yorkaise, ils ne frôlent pas pour autant la copie stéréotypée de l’élève trop appliqué. Grâce à des productions soignées, sur lesquelles viennent par exemple se recueillir cuivres paresseux et scratchs signés Statik Selektah sur “FromdaTomb$”, l’album se retrouve pris autour d’illustres figures du passé. Parmi elles, l’inamovible J Dilla qui, de sa tombe et sur “Snakes”, laisse ses synthés côtoyer les nuages et la verve insouciante du rappeur de Brooklyn. Et quand ce dernier se décide à se perdre dans des ambiances plus enfumées, il opte sur “Pennyroyal” pour une boucle signée MF DOOM, volée sur YouTube.

Au delà de cette atmosphère nostalgique qui transpire tout au long des 15 titres, c’est aussi la capacité à se saisir d’un détail, d’une image pour construire autour de lui une histoire, qui est saisissante. Ainsi, en partant d’une coupe de cheveux, on assiste avec l’introspectif “Waves” à la trajectoire d’une jeunesse, entre premiers raps et cours pénibles. Plus loin, ce sont les rêves ambitieux d’un quartier qui se font entendre sur un “Daily Routine” sur lequel le rappeur se transforme en porte parole.

Du dragueur invétéré au fumeur de weed qui dévoile chanson après chanson de nouvelles zones d’ombre de sa petite histoire, Joey Badass nuance sa personnalité, construit avec relief une identité qui renvoie à d’illustres ainés qu’il a sans nul doute longuement écouté. “Click-clack-boom, resurrecting Boom-Bap from the tombs“: respectueux du passé plus que passéiste, le Mc annonce clairement de belles promesses d’avenir.

En écoute intégrale


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1 Commentaire
  • Donsh!P
    Posté à 19:39h, 15 août Répondre

    Bah merde, j’étais persuadé que la prod de “World Domination” était “More Dance Music” de Kid Koala (LP Some Of My Best Friends Are Djs)…

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