Jim O’Rourke – ‘Simple Songs’

Jim O’Rourke – ‘Simple Songs’

Album / Drag City / 18.05.2015
Pop orchestrale

Connu surtout pour ses talents de producteur aux côtés de Wilco ou Joanna Newsom, et pour son statut de cinquième membre ponctuel de Sonic Youth, Jim O’Rourke est sans doute un des musiciens les plus prolifiques et versatiles de sa génération. De l’Avant-Rock (Brise Glace) à l’electro (‘I’m Happy and I’m Singing and a 1,2,3,4’), en passant par l’ambiant (‘Disengage’) ou le noise (avec Merzbow, Keiji Haino…), ce natif américain exilé depuis 2006 au Japon touche à tous les styles, au sein de nombreuses collaborations comme à l’occasion d’albums solo.

C’est sur le versant pop qu’il revient aujourd’hui avec un nouveau disque au titre trompeur. En effet, rien de simple dans ces huit compositions ou l’on retrouve l’esprit d »Eureka’ (1999) et ‘Insignificance’ (2001), ses deux derniers opus chantés en date. Structures labyrinthiques, harmonies complexes et instrumentation luxuriante en font un album très dense, mais néanmoins fluide et facile à suivre. Ainsi, à l’image de l’introductif ‘Friends With Benefit’, on passe sans même s’en rendre compte d’une intro 12 cordes digne de John Fahey à un final polyrythmique endiablé, via un couplet de rock sudiste et un pont aérien aux envolées de cordes.

Les textes parlent d’amitié, d’amour et du temps qui passe, avec sincérité, nostalgie, et cynisme parfois. Celui qui, de son propre aveu, ne prend aucun plaisir à faire de la musique nous en procure pourtant beaucoup à l’écouter tant il donne sans compter. Volontairement contradictoire, Jim O’Rourke joue d’une multitude d’instruments, et n’hésite pas – par exemple – à travailler six mois son trombone pour en enregistrer seulement quinze secondes.

Exit l’électronique, la production soft rock 70’s rappelle Steely Dan ou Fleetwood Mac. En effet, c’est souvent vers un classic rock teinté d’accents jazz, folk, rock ou pop que lorgne ce disque tout en nuances. Le chant fragile d’O’Rourke parle directement au coeur, ce qui manquait sans doute à ‘The Visitor’ (2009), longue pièce instrumentale easy listening difficile d’accès. Ici, sur ‘These Hands’, il n’hésite pas à se mettre à nu pour livrer une vignette intimiste portée par une guitare acoustique à couper le souffle. Comme elle, chacune de ces huit chansons complexes est un petit bijou de finesse et d’émotion, même si l’aspect un peu trop léché et maîtrisé pourrait en rebuter certains. Du travail d’orfèvre qui récompense largement ces quatorze années d’attente.

‘Friends with Benefit’, ‘These Hands’


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