Vic Chesnutt – “North Star Deserter”

Vic Chesnutt – “North Star Deserter”

North Star Deserter[Album]
27/08/2007
(Constellation/Differ Ant)

Parfois la réalité rattrape la fiction. Vic Chesnutt ferait par exemple un parfait personnage de film ou de roman. Enfant adopté, se laissant vite débordé par une existence erratique entre alcool, drogue et menus larcins, il se retrouve cloué dans un fauteuil roulant depuis 1983, suite à un accident de voiture en état d’ébriété. Ce cabossé de la vie n’a donc jamais eu à aller chercher très loin l’inspiration de ses folk-songs..

L’ancien protégé de Michael Stipe (REM) a connu un début de carrière plutôt remarqué dans la première moitié des 90’s (ses troisième et quatrième albums, “Drunk” (1993) et “Is The Actor Happy?” (1995), revenant souvent comme ses meilleurs…), mais s’est toutefois montré moins convaincant lors de la dernière décennie. Ce douzième album le voit aujourd’hui revenir à un niveau inespéré

Il faut dire que l’Américain a su intelligemment s’entourer en allant enregistrer ce très beau “North Star Deserter” à Montréal, aidé par quelques invités de luxe parmi lesquels les membres de A Silver Mt. Zion, Bruce Cawdron (percussionniste de Godspeed You! Black Emperor) et Guy Picciotto (guitariste de Fugazi)… Le folk habituellement si dépouillé de Chesnutt trouve ainsi une deuxième jeunesse dans les arrangements lumineux et pourtant discrets de ses nouveaux amis

On évolue ici dans un folk progressif qui rappelle parfois le meilleur de Pink Floyd ou Radiohead, ou encore le plus récent Sufjan Stevens. La voix de Vic fait toujours son effet, traînant ses syllabes jusqu’à ce qu’elles se déchirent elles-mêmes de sa bouche, laissant une sensation de perpétuelle douleur dans ses chansons. Difficile de préférer un morceau à un autre, tant l’album séduit par son homogénéité. Des ballades acoustiques pures (“Warm”, “Rustic City Fathers”, “Over”…) aux compositions plus alambiquées (“Glossolalia”, “You Are Never Alone”, “Splendid”, “Marathon”…), en passant par la violence sourde (“Everything I Say”, “Debriefing”) ou la reprise habitée du “Fodder On Her Wings” de Nina Simone, cet album n’a pas de réel point faible

On ne pourra pas non plus venir le titiller sur son artwork, superbe digipack pour lesquels le label Constellation est désormais aussi réputé, dans un tout autre style, que les Anglais de Lex par exemple

“North Star Deserter” se positionne donc d’ores et déjà en bonne place pour le palmarès 2007, même si une écoute prolongée de ce disque sera sans doute contre-indiquée aux personnes souffrant de neurasthénie chronique. A moins d’avoir aussi des tendances masochistes, et là c’est du pur plaisir..

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