Ty Segall – “Sleeper”

Ty Segall – “Sleeper”

tyAlbum / Drag City / 20.08.2013
Exutoire acoustique

Âgé de 26 ans, Ty Segall a inauguré sa discographie il y a seulement sept ans mais compte déjà autant de lignes que pas mal de vieux briscards. Et pour cause, il n’a cessé depuis d’accumuler singles, Eps et albums, multiplié les projets, donné naissance à un nombre incroyable de groupes et de collaborations qui ont contribué à faire de lui un des rares musiciens actuels à se montrer si productifs. Et constants. Car si pas mal de compositeurs hyperactifs de son genre finissent par offrir à boire et à manger, lui peut jusqu’ici se targuer de ne pas avoir fait trop de faux pas, notamment parce que – en changeant fréquemment de registre – il n’a jamais tourné en rond.

Énième démonstration avec “Sleeper”, nouvel album qui opte intégralement pour l’acoustique: un exercice inédit mais finalement peu surprenant de la part de Ty Segall dont les épaules sont désormais assez larges pour assumer son talent de songwriting dans un contexte ou la triche est impossible. Ici nu comme un ver, il excelle dès l’entame éponyme pour ne plus lever le pied (“The Man Man”). Véritablement porté par des mélodies imparables (“She Don’t Care”), ses compositions entrent par une oreille pour ne plus jamais ressortir par l’autre, rappellent encore les années 70 chères à T.Rex et Syd Barrett (“The Keepers”, “Sweet C.C.”), et soignent la diversité du propos en allant jusqu’à lorgner vers le blues (“6th Street”) et conclure sur un titre country (“The West”).

Inspiré par le décès de son père après une longue bataille contre le cancer, et des embrouilles qui ont suivi avec sa mère, Ty Segall signe là une parenthèse acoustique en guise d’exutoire dont les effets bénéfiques radient bien au delà de sa personne. Érigé avec deux bouts de ficelle, tout en simplicité dans sa piaule de San Francisco, collant magnifiquement à l’ambiance, “Sleeper” est à considérer comme une des plus belles pièces signé par le bonhomme. Ty Segall peut donc retourner à Fuzz et ses futurs déflagrations électriques, à condition qu’il n’oublie pas de se re-débrancher de temps à autres.

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“Sleeper”, “The Keepers”, “The Man Man”, “Sweet C.C.”


1 Commentaire
  • Fire & Dance
    Posté à 08:18h, 20 septembre Répondre

    Très bonne chronique, je suis tout aussi enthousiaste! Cet album est exceptionnel. 10 chansons irrésistibles grâce auxquelles Ty Segall s’impose comme un songwriter de classe internationale. Ce mec a encore plus de talent que ce que je ne pensais. L’électricité ne m’a pas manqué tant les compositions sont bonnes… J’aimais déjà beaucoup son rock grassouillet mais là…

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