Thundercat – ‘Drunk’

Thundercat – ‘Drunk’

Album / Brainfeeder / 24.02.2017
Bribes funk-jazz fusion

Frappé et bercé depuis sa tendre enfance par le soleil californien et toute sa famille de musiciens, Stephen Bruner aka Thundercat a grandi, basse à la main, cerné par une armée de batteurs. Au fil des années, il a transporté son instrument et usé de ses doigts agiles dans tous les studios d’enregistrement et sur tous les projets qui faisaient appel à ses services. Impliqué sur le dernier album de Kendrick Lamar, on retrouve aussi sa trace auprès d’Erykah Badu, Flying Lotus, Mac Miller et…Suicidal Tendencies qu’il a accompagné sur scène pendant quelques temps.

Rompu à la collaboration, ce jeune prodige de 32 ans n’en oublie pas pour autant sa carrière solo, construisant depuis trois albums déjà un sens du groove dressé à l’envers et déposé dans un univers au psychédélisme toujours plus fiévreux ou se pose sa voix légère. Compilé par bribes, ‘Drunk’ est un album qui file à toute berzingue, piloté par la technique sans pareil de son géniteur, qui prend un malin plaisir à dresser en une série de morceaux aussi fugaces que frustrant le portrait d’un quotidien qu’il érige comme un rempart.

Facile dans la transition et la destruction des ponts, Thundercat passe donc en une fraction de seconde d’une cavalcade fusion (‘Uh Uh’) à une critique en règle des écrans de notre quotidien dans un apaisement façon Shuggie Otis (‘Bus In These Streets’), avant de faire passer cette grosse tache de Wiz Khalifa pour un parangon du bon goût (‘Drink Dat’).

Mais aussi versatile et surdouée qu’elle soit, la musique de Stephen Brunner ne s’envole pas pour autant vers des hauteurs inaccessibles remplies de thèmes cosmiques. Soucieux de rester à la hauteur du quotidien, Thundercat miaule pour son chat Tron (‘A Fan’s Mail (Tron Song Suite II)’) raconte ses déambulations dans sa ville préféré (‘Tokyo’) et ses parties de Mortal Kombat (‘Friend Zone’) dans des petits épisodes qui subliment petit à petit l’angoisse légitime de leur auteur, pressé de rire de tout.

En délivrant, malgré quelques embuches, une porte plus directe vers sa personne, Thundercat livre avec ‘Drunk’ son meilleur album. Joyeusement déréglé, il débouche sur une profonde ambivalence qui efface et dévoile dans un même geste les zones d’ombre de Stephen Bruner.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

‘Bus In These Streets’, ‘Lava Lamp’, ‘Jehtro’, ‘Show You The Way’, ‘Tokyo’, ‘Friend Zone’, ‘Them Changes’, ‘Drink Dat’


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