The Black Keys – “Attack & Release”

The Black Keys – “Attack & Release”

Attack & Release[Album]
07/04/2008
(Nonesuch/Pias)

Comme pour beaucoup de duos blues/rock, il aura été difficile pour The Black Keys de se dépêtrer de l’ombre des White Stripes, et se défaire de la pression du plagiat que la presse à la gâchette facile laissait planer au-dessus de sa tête. Encore plus au moment de leur premier album, sorti en 2002, alors que Dan Auerbach et Patrick Carney passaient à peine la vingtaine, mais attisaient les curiosités avec une voix mature, un répertoire capable de divaguer autant vers la funk et la soul que le rock, et une affection toute particulière pour les enregistrements maison leur offrant un son brut et volontairement cradingue. Au fil des ans et jusqu’à ce cinquième album, The Black Keys auront ainsi cultivé une personnalité atypique qui aura pris le temps de conquérir toute la planète musique, de Metallica à Thom Yorke, en passant par les Arctic Monkeys, Robert Plant, Fat Possum et Nonesuch Records: un capital sympathie qui n’aura pourtant pas conforté les deux Américains dans leur voie

Effectivement, on se souviendra de ce “Attack & Release” comme de l’album du changement, le nouveau souffle, celui qui sera venu casser la routine de The Black Keys après bientôt dix ans d’existence. D’une, parce que ce nouvel album est le premier du duo enregistré dans un studio digne de ce nom; de deux car il s’ajoute aux productions très en vue de Dangermouse dont la simple prononciation du nom se révèle être actuellement le meilleur argument marketing. Un constat qui se vérifie autant avec Gnarls Barkley ou The Rapture, qu’avec Beck et Sparklehorse dont on parle déjà sans même en avoir écouté un extrait. C’est un fait, LE producteur de ce début de siècle transforme tout ce qu’il touche en or, tant il sait s’adapter et saisir au vol le riche panel d’influences des groupes qu’il prend sous sa coupe. Alors si vous y ajoutez les contributions du guitariste Marc Ribot (Tom Waits, Elvis Costello, John Zorn…), du multi-instrumentiste Ralph Carney (oncle du batteur et également musicien de Tom Waits), on comprendra aisément comment The Black Keys ont pu accoucher là de leur meilleur album à ce jour, le plus riche aussi, bien qu’il s’éloigne distinctement des sonorités rêches du blues auxquelles ils nous avaient habitué jusque-là

Pas de quoi pourtant se sentir totalement dépaysé, le duo s’offrant juste l’opportunité de toucher un public plus large, plus attiré par une musique affichant de délicieuses rondeurs. Car, bien que généralement discrète, fine et de bon goût, la patte Dangermouse se fait sentir, comme lorsqu’il lui inflige parfois une approche rythmique reconnaissable (“Psychotic Girl”, “Oceans & Streams”), ou qu’il accentue volontairement son côté rural (“All You Ever Wanted”). Peu importe après tout puisque, quelle que soit l’approche, “Attack & Release” fait mouche, captive au plus haut point par l’émotion qu’il dégage (“Lies” est à pleurer, “Things Ain’t Like They Used To Be” un peu moins), et par de jolies trouvailles toutes entières au service du groove. C’est pourquoi il ne faudra pas plus qu’une flûte rappelant le Beastie Boys d’il y a quelques années (“Same Old Thing”), un discret xylophone et le touché de Ribot (“So He Won’t Break”), ou une jouissive déferlante de riffs incandescents (“I Got Mine”, “Remember When (Side B)”, le parfait “Strange Times”) pour faire de ce cinquième opus un des disques les plus excitants de cette année. Avec celui de The Kills qui, lui aussi, s’appliquait avec brio à laisser deux mondes bien distincts se prendre par la main

Ecoutez un extrait ici.

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