Sage Francis – “Human The Death Dance”

Sage Francis – “Human The Death Dance”

Human The Death Dance[Album]
07/05/2007
(Epitaph/Pias)

Depuis 1996 qu’il agit au sein de la scène hip hop underground américaine, Sage Francis creuse encore un peu plus son sillon à chaque album déposé, comme à chaque concert donné. Car en studio comme sur scène, celui qui s’est construit sa solide réputation à coups de freestyle battles ne cesse de se démarquer, et de se remettre en question à chaque nouvel opus. Ainsi, Sage Francis est de ces Mcs imprévisibles qui, tout en entretenant la particularité de leur phrasé, s’offrent un environnement différent à chacune de leurs nouvelles apparitions. “Personal Journals“, son premier disque sorti sur Anticon, est devenu un incontournable du hip hop poétique qui alla déferler les années suivantes; “Hope“, sorti sur Lex sous le nom de Non Prophets, rendait hommage à la période de gloire du genre (fin des 80’s – début des 90’s); et “A Healthy Distrust” est peut être l’oeuvre la plus vindicative de sa discographie, le bonhomme s’en prenant ouvertement à Bush et son peuple complaisant, toujours avec les mots assez bien choisis pour ne pas tomber dans la critique facile

On avait donc laissé Sage Francis la bave aux lèvres, sur un album remonté à bloc, à la production agressive. “Human The Death Dance” se devait d’être différent. C’est le cas, puisqu’on a rarement entendu notre homme aussi relaxé et serein (le sublime “Hell Of a Year”), sur un opus flanchant encore sous le poids des mots, représentatif du maître littéraire qu’il est. Mais ce ne sont pas les deux seules extrêmes présentes sur ce disque, tantôt sombre et léger, plus introspectif que son prédécesseur. Ainsi “Human The Death Dance” joue les cartes de l’homogénéité et de la diversité, rendant l’écoute des plus aisées. D’autant plus qu’il semble se satisfaire pleinement des quelques producteurs qu’il a appelés à la rescousse, et qui le lui rendent bien en l’emmenant dans des contrées sonores originales, jusque-là peu explorées. C’est le cas des ambiants “Underground For Dummies” (Odd Nosdam) et “Midget & Giants” (Alias), du bluesy “Got Up This Morning” avec Buck 65 aux manettes et Jolie Holland en featuring, des cinématographiques “Good Fashion” et “Waterline” (Mark Isham), contre poids nécessaires et tout aussi réussis de “Civil Obedience” (Mr Cooper), “Black Out On White Night” (Big Cats), et “Keep Moving” (Alias) qui déroulent à l’ancienne, du plus electro “Clickety Clack” (Alias), du folky “Going Back To Rehab”, ou du plus classique “High Step” (Ant)

Dans un environnement prêtant autant à l’inspiration, Sage Francis revient autant sur sa vie personnelle (une rupture affective douloureuse, un vol à Amsterdam), que sur une Morale en berne, les industriels peu scrupuleux, ou l’ouragan Katrina. Pas ou peu étonnant pour qui le connaît depuis ses débuts, lui et sa brutale honnêteté. Sauf que le Mc n’y a jamais autant mis la forme et n’a jamais bénéficié d’une production si convaincante. Deux éléments qui ne font que souligner une évidence: celle qu’il est devenu un des paroliers américains les plus doués de sa génération, comme le furent Bob Dylan, Neil Young ou Bruce Springsteen en leur temps. Un coup de maître à l’heure ou les moins vulnérables sont certes les plus créatifs, mais aussi les plus belles cibles… Rendez le lui..

En écouteCivil Obedience

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