Rodriguez – “Cold Fact”

Rodriguez – “Cold Fact”

rod180Album
(Light In The Attic)
09/2008

Artiste injustement recalé durant les années 70, Sixto Rodriguez connaît enfin son heure de gloire. Le bougre aura du attendre presque quarante ans pour voir son travail reconnu à sa juste valeur, alors même que le peu de mélomanes le connaissant le croyaient mort. Pourtant bien vivant, ce sexagénaire bien tassé n’aura jamais véritablement eu l’occasion de défendre son répertoire avant les deux dernières années écoulées, passées à sillonner la planète pour redonner vie à «Coming From Reality», et surtout «Cold Fact», un premier album considéré aujourd’hui comme une référence aussi incontournable qu’atypique pour l’époque. En effet, c’est à la fin des années 60 que ce chanteur guitariste latino entre en studio avec la ferme volonté d’immortaliser la douzaine de titre folk-blues à l’esprit contestataire qu’il interprète seul. C’était sans compter la contribution inattendue de Bobby Babbitt, bassiste des Funk Brothers et pilier de la Motown, qui offrira à ce disque quelques arrangements de cordes et de cuivres de grande classe car finement dosés, pour faire de «Cold Fact» un album à la fois original et totalement représentatif du contexte musical nord américain de cette décennie. Son emblème? Indiscutablement «Sugar Man», hymne de la culture hippie,  titre trans-générationnel ayant déjà sévi au sein de plusieurs bandes originales de films, et samplé par Nas sur «You’re Da Man» («Stillmatic»). Mais il n’est pas seul à faire de ce disque une pépite à l’unanimité tardive: les ballades «Crurcify Your Mind», «Forget It», et «Jane S.Piddy», le groove de «This Is Not a Song, It’s An Outburst» et «I Wonder», ou les simples mélodies de «Hate Street Dialogue» et «Like Janis» rappellent qu’en ce temps là, la notion de single était complètement dérisoire. Aussi bien armé, Rodriguez avait donc tout pour entrer au panthéon de la musique, si son label ne lui avait pas tiré une balle dans le pied, poussant alors ce père de famille perdu dans l’anonymat à s’adonner à de multiples petits boulots – de pompiste à charpentier avant de devenir professeur de philosophie – pour survivre. Quarante ans plus tard, et sans même le savoir, le Mexicain de Detroit est devenue une véritable icône en Australie comme en Afrique du Sud, et se voit incroyablement ressuscité au même titre qu’un album sur lequel tout le monde s’accorde désormais. Mieux vaut tard que jamais.

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