Moderat – “II”

Moderat – “II”

moderatAlbum / Monkeytown / 29.07.2013 / Electro pop. C’est bien connu, les extrêmes se rejoignent. Si certains en doutaient encore, pas de doute que le premier album de Moderat a du remettre quelques méninges à l’heure. Et pour cause, chacun à un bout du spectre électronique, Modeselektor – duo expert en bass music – et Apparat – génie electro pop mixant somptueusement sonorités électroniques et acoustiques – signaient ensemble en 2009 un des meilleurs opus du genre. Magnifique addition de talents, il conciliait l’inconciliable avec tant de naturel, d’accessibilité, de contraste aussi, que tout y sonnait comme une évidence. Pour une fois, quatre ans plus tard, ce n’était donc pas une confirmation déjà promise que l’on attendait de la part du trio, “seulement” une redite bordée d’un degré d’exigence dopé par l’expérience.

Les allemands nous ont manifestement entendus. Car, qu’on se le dise, qui aura succombé au premier album tombera instantanément sous le charme du deuxième. C’est inévitable. Plus que jamais complémentaire et porté par une osmose qui ne laisse définitivement plus de place au doute, Moderat marie une nouvelle fois à merveille les basses et les beats de Modeselektor à la sophistication caractéristique d’un Sascha Ring toujours plus aventureux, et chaque jour meilleur chanteur. Devenu définitivement plus mature, la collaboration ne se suffit plus de seulement s’approprier un son: elle l’affuble désormais d’une bonne dose d’émotion, comme d’une intéressante diversité qui ne vient jamais remettre en question la cohérence de son oeuvre.

C’était d’ailleurs l’ultime obstacle qui pouvait s’opposer à elle. Seulement, s’ils avaient parfois tendance à marcher régulièrement d’un même pas en défendant à tour de rôle les indéniables talents de chacun, les trois ont depuis travaillé leur équilibre collectif pour tous mettre les pieds dans le même sabot sans se retrouver à mordre la poussière, ni relayer au second plan la diversité qui fait beaucoup de leur richesse. Comme sur le précédent opus, on retrouve donc cette facilité que Modeselektor et Apparat possèdent à – d’une part – popiser l’electro et signer de véritables tubes (l’imparable “Bad Kingdom”, “Let In The Light”) – d’autre part – se lancer dans des productions nettement plus dancefloor, comme en attestent “Versions” et l’ascension de dix minutes qu’est “Milk”. Puis, en un claquement de doigt, tout est rassemblé au sein de titres qui incarnent plus que jamais le Moderat version 2013: notamment ce “Therapy” fusionnant l’efficacité du beat et l’accroche mélodique qui, une fois achevé, ouvre une deuxième partie d’album soufflant comme un vent de nouveauté.

Apparat lève alors les dernières suspicions quant à ses talents de vocaliste sur une production nettement plus orientée bass music (“Gita”), une autre aussi planante que subtile (“Damage Done”), puis contribue avec ses deux compères à un “Ilona” plus tribal sur lequel on imagine déjà Thom Yorke s’adonner à sa fameuse danse singulière. En 53 minutes de grande cohérence, Moderat boucle brillamment la boucle, étale un savoir faire plus affiné encore au sein d’un nouvel album promis à être aussi indispensable et intemporel que son prédécesseur. A consommer sans moderat-ion, évidemment.

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“Bad Kingdom”, “Let In The Light”, “Therapy”


1 Commentaire
  • FAROUX
    Posté à 11:24h, 18 octobre Répondre

    Merveilleux disque, du dubstep mélodieux, très addictif

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