Greenshape – “Storyteller”

Greenshape – “Storyteller”

green180Album
(Sober & Gentle)
17/10/2011
Folk

Le parcours de Regis Israel – aka Greenshape – a toujours été marqué d’une triste banalité: celle à laquelle sont malheureusement confrontés de nombreux bambins devant faire face à l’épreuve d’un divorce, d’une vie de famille reconstituée, d’un père qui taquine facilement la boutanche. Musicalement aussi, le bonhomme n’aura pas connu éducation plus originale que les autres en se laissant tour à tour bercer par les Beatles, Led Zep, Johnny Cash et Nirvana, jusqu’à finir par se faire offrir un jour une guitare. Jusque là, pas vraiment de quoi écrire une biographie… C’est plus tard qu’il va forger sa personnalité, lorsqu’une blessure inattendue le fera subitement passer de la brutalité du boxeur en devenir à doux songwriter de talent.

Dès lors, on tient le passionnant paradoxe, presque la poule aux oeufs d’or. Mais, contrairement à ce qu’un profil de gueule cassée pourrait laisser penser, le bougre n’échangera pas pour autant les gants pour les moufles. Loin de là. “Storyteller”, premier album enregistré en Suède par Tore Johansson (Franz Ferdinand, Cardigans…), laisse plutôt découvrir un folk mélancolique, délicat, dont la beauté – souvent éclatante il faut le dire comme sur le titre éponyme ou plus tard sur un “Overlord” porté par des choeurs d’enfants – ne va pas manquer de ratisser large. Et pour cause, avec sa voix suave, ses compositions souvent trop lisses et trop arrangées pour les bourrus de puristes (“In Your Land”), l’ancien tigre des rings se fait doux agneau, et s’en va gambader sur les terres des Cocoon et consorts (“Seed And Sand”, “Please”), autres artistes dont les belles gueules gomment parfois sans mal l’aspect trop inoffensif de leur répertoire.

Bien que signé chez Sober & Gentle, label sachant particulièrement y faire depuis l’avènement médiatique du couple tout mignon, Greenshape s’en démarque pourtant assez subtilement via un registre lorgnant vers la pop en quelques occasions (“Feel Better”), souvent plus sombre (“Pound After Pound”, “Everglades”, “Chloe’s House”, “No Reason”), notamment parce que ses textes sont directement inspirés de son passé tumultueux. De là, on revient forcément à ce cliché du bad boy devenu gendre idéal: un fardeau bien ancré sur ses appuis, qu’il faudra qu’il esquive constamment malgré la farouche volonté des médias et maisons de disques à toujours le remettre sur le tapis.

En écoute

Disponible sur
itunes17


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