03 Oct 18 Go!Zilla – ‘Modern Jungle’s Prisoners’
Album / Teenage Menopause / 28.09.2018
Psyché garage
La maîtrise, plus que le son du troisième album de Go!Zilla, pourra surprendre ceux qui connaissent le groupe. Toujours entre garage et psyché, les italiens en offrent un mélange riche et énervé mais suffisamment mélodique, dont les influences sont à aller chercher aussi bien du côté des Pixies que de Thee Oh Sees. La magie de ce nouvel album concept réside dans la composition générale, minutieusement organisée, qui s’écoute comme on lit une nouvelle fantastique.
Modern Jungle’s Prisoners nous raconte ainsi une histoire gothique et post-apocalyptique, quelque part entre la Quatrième Dimension et The Walking Dead. Dès la première écoute, difficile de lâcher l’album tant les morceaux sont liés les uns aux autres par des nappes sonores assurant la transition, des rythmiques ou des tonalités communes. Le groupe alterne aussi avec maestria claviers esseulés et fantomatiques, percus sèches et tribales, et déflagrations de cordes abrasives. Un décor sonore de rêve, toujours mouvant, qui s’adapte mesure après mesure au chant détaché et nasillard de son leader.
Après une courte introduction commençant en lointains bruits urbains forcissant drone et indus, Go!Zilla enchaîne avec Peeling Clouds, un récitatif clair et posément scandé sur des échos de synthés aigus, édifiants, alternant avec des refrains musclés à l’électricité. Une parfaite entame avant le formidable Evil is Satisfying, puissant et tribal, digne des meilleures compos de John Dwyer. Au coeur du récit, Red Light impose une rythmique plus binaire et une granulosité définitivement stoner, tout comme Hailing It’s Hailing, sorte de fausse balade enragée et mélodique rappelant le savoir-faire des Pixies.
Mais c’est Demons are Closer qui reste la pièce maîtresse de l’album avec sa transe psyché reprenant la rythmique complexe entendue au début de l’album, son alternance entre le dépouillement sonore des moments chantés et l’explosion des guitares, finissant sur des nappes de synthés enivrantes. C’est précis et virtuose. Il faut bien un interlude fantomatique, quelques grincements et notes de pianos perdues dans le vide et l’écho, avant de refermer l’album sur deux titres : Falling Down, moins original mais intégrant des gloussements dissonants de saxophone entre ses vagues soniques, et surtout le sublimement envoûtant Follow Me dont l’intro laisse d’abord percevoir une proximité avec le Chemistry d’Arcade Fire, mais dont la rythmique ne laisse jamais tranquille là aussi, renforcée par les boucles orientales entêtantes. On referme ce récit apocalyptique savamment maîtrisé en continuant de fredonner ces dernières mesures. Go!Zilla nous a donné une furieuse envie de les suivre. De très près.
A ECOUTER EN PRIORITE
Evil is Satisfying, Demons are Closer, Follow Me
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