Gorillaz – “Plastic Beach”

Gorillaz – “Plastic Beach”

gorill180Album
(Parlophone)
08/03/2010
Fin de règne

À faire constamment sa girouette, il se pourrait bien que Damon Albarn ait fortement le tournis. Soi-disant rangé au placard, puis brièvement de retour pour une compilation d’inédits sans intérêt, l’Anglais n’en a finalement pas fini avec Gorillaz, son projet virtuel partagé entre musique et image, qui ne cesse pourtant de toujours battre un peu plus de l’aile. Confirmation sur “Plastic Beach”, un nouvel album plein de bonnes intentions, en gestation depuis trois ans, abandonné un temps pour finalement sortir maintenant, mais qui finit malheureusement le bec… dans l’eau!

Si les talents de compositeur de Damon Albarn ont déjà fait leurs preuves, il ne faut pas chercher très longtemps pour trouver la raison de cette résurrection manquée: incontestablement, la qualité des deux premiers albums de Gorillaz doit beaucoup aux deux producteurs de luxe avec qui l’Anglais avait décidé de collaborer. Car si l’effet de surprise du premier avait atténué le réel impact dub/hip hop de Dan The Automator, “Demon Days” transpirait en revanche de bout en bout le groove unique de Dangermouse. Cinq ans plus tard, Albarn est désormais livré à lui-même, peut être volontairement, mais sûrement aussi parce qu’il a déjà écumé les seuls génies capables d’élever Gorillaz au rang qui est le sien.

Mais à écouter “Plastic Beach” duquel ne ressort aucun tube, il semblerait que le Blur n’ait finalement pas les épaules pour porter à lui seul le poids du projet. Preuves en sont “Rhinestone Eyes”, “On Melancholy Hill” et “Broken”, les quelques titres ou il apparaît seul et qui fleurent bon la panne d’inspiration. Pire, c’est presque l’image qui, en 2010, semble à elle seule pouvoir sauver Gorillaz de la noyade. Sauf que, jusqu’à nouvel ordre, l’image ne s’entend pas sur un disque et que “Plastic Beach” sera avant tout jugé à son tracklisting. Heureusement pour lui, une palette de featurings qui en jetent  – de Snoop Dogg à Bobby Womack en passant par Mos Def, De La Soul, Mark E Smith, Gruff Rhys, Lou Reed, Mick Jones et Paul Simonon – viennent comme à l’habitude le servir et pousser à l’écoute.

Mais il en aurait fallu plus pour que notre curiosité subsiste, peu convaincue qu’elle est par des morceaux peu accrocheurs (“Empire Ants”, “Some Kind Of Nature”, “Cloud Of Unknowing”), écumant une seule et même recette, bouffés par des synthétiseurs omniprésents et souvent dégueulasses au point d’empiéter sur les contributions des invités, aussi talentueux soient-ils (“Welcome To The World Of The Plastic Beach”, “Glitter Freeze”, “Plastic Beach”, “Private Jet”). Certains seront quand même plus vernis que d’autres. Notamment Mos Def et Bobby Womack, puis Gruff Rhys et De La Soul, qui auront respectivement contribué à “Stylo” et “Superfast Jellyfish”, les deux titres à peu près satisfaisants de cet album et, comme par hasard, les deux seuls qu’on pouvait écouter avant même la sortie. Si vous les possédez déjà, contentez vous en donc, sans plier à leur publicité mensongère pour un disque en plastique, un disque réellement pollué.

En écoute


Disponible sur
itunes8


4 Commentaires
  • Luks
    Posté à 16:25h, 14 mars Répondre

    Effectivement, cet album se démarque des deux premiers, par le fait qu’il n’y a pas de tubes. Cependant je trouve faux et nul de présenter Damon Albarn comme un bon a rien qui n’aurait eu de succès que grâce à ses producteurs et featuring.
    Je trouve cette critique trop simple, fausse, et par conséquent très mauvaise.

    • matthieu
      Posté à 10:56h, 15 mars Répondre

      Cet album manqué n’enlève rien au talent d’Albarn lorsqu’il s’attèle à d’autres projets que Gorillaz. Ecoute certains titres de Broken Bells et tu verras à quel point la patte de DM était déterminante. Ici, il n’y a franchement plus rien une fois passée la vitrine des featurings. Mais tout avis se respecte…

  • Himura
    Posté à 16:14h, 27 mars Répondre

    Mouais… un peu dubitatif qd même… L’album réussit à garder une unité musicale malgré la diversité de sons et de collaborations. Pas de tube ? Et alors, depuis quand il est nécessaire d’avoir un tube marketté pour réussir un album ? Allô! On est bien chez Mowno là ? Le disque tourne en boucle, c’est tout de même le signe que Damon Albarn a réussi son coup… Ah, et puis, très heureux de retrouver la voix envoutante de Little Dragon !

  • Francky 01
    Posté à 00:53h, 03 juin Répondre

    C’est vrai que Danger Mouse est un artiste “des manettes”, il possède un véritable talent pour faire ressortir le meilleur d’une chanson. Broken Bells (surprise 2010 !) en est un exemple. Mais rien que pour la présence de Mark E Smith sur le disque, il vaut l’achat !! Je sais, j’abuse un peu.
    Et de plus Mick Jones et Paul Simonon dans le groupe (il manquerait plus que Tony Allen à la batterie, il nous referait le coup de The Good, The bad & The Queen).

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