Gnarls Barkley – « St.Elsewhere »

Gnarls Barkley – « St.Elsewhere »

St.Elsewhere[Album]
02/05/2006
(Lex/Warner)

Dangermouse est devenu, en très peu de temps et grâce notamment à Dangerdoom et Gorillaz, un des producteurs dont on surveille désormais le moindre fait et geste. Alors, quand l’annonce a été faite de sa collaboration avec Cee Lo sous le nom de Gnarls Barkley, le buzz est monté aussi vite que leur premier single « Crazy » au classement des téléchargements. Car, mine de rien, ce fabuleux premier aperçu peut aujourd’hui se vanter d’être parmi les titres les plus téléchargés de l’histoire de la musique. Pourtant, on le sait, un single ne fait pas forcément un album, bien au contraire dans la majeure partie des cas. « St.Elsewhere » ne fera malheureusement pas exception, Dangermouse ou non..

Cet album détient cependant le pouvoir de déstabiliser son auditoire, comme Gorillaz a toujours su le faire, un petit degré en dessous. Ici, la soul, la funk, le gospel, le flamenco, la drum n’ bass et la pop tentent de faire bon ménage, mais poussent plutôt ce disque sur le terrain de l’écoute éphémère tant il est riche au point d’en devenir presque indigeste. À vrai dire, Dangermouse déçoit. Certes, ses productions jouent la carte de l’originalité tout en restant très accessibles, mais le bonhomme va trop loin dans ses influences au risque d’ôter une spontanéité essentielle à ce genre d’album, ici du coup trop calculé. Non, la satisfaction viendrait plutôt du côté de Cee Lo, membre de Goodie Mob ayant collaboré avec des artistes aussi variés que Common, Outkast, Carlos Santana, Timbaland ou les Pussycat Dolls. Lui vit là sa première expérience mainstream, malgré pas mal d’années de carrière, et en profite pour dévoiler, grâce à Dangermouse, ses talents de chanteur, ici beaucoup plus récurrents que le registre hip hop dans lequel on le connaît. Mais qu’il s’agisse de « Go Go Gadget Gospel » qui lance les hostilités avec son mélange de chorale et de fanfare, de « Boogie Monster » proche de Gorillaz, de « St.Elsewhere » façon RnB old school, du dansant « The Last Time », ou de « Gone Daddy Gone » (reprise des Violent Femmes), aucun arrive véritablement à égaler l’efficacité et la qualité de « Crazy », tube indiscutable et mur porteur de cet opus. Peut-être, en poussant un peu, le très fun « Smiley Faces », le mélancolique « Just a Thought », ou « Feng Shui », titre le plus hip hop du disque

Gnarls Barkley n’est donc clairement pas la révélation attendue, ni la preuve supplémentaire et définitive de l’incroyable talent de Dangermouse. « St.Elsewhere » avance beaucoup trop en dents-de-scie pour provoquer l’effet escompté, rester ancré dans les mémoires, et ne pas ennuyer un auditeur pourtant enthousiaste au bout de quelques écoutes seulement. On craint même, alors, que la suractivité de ce producteur en vogue ne finisse par lui desservir. Et ce n’est pas sa collaboration annoncée avec The Rapture qui va nous rassurer..

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