Giana Factory – « Save The Youth »

Giana Factory – « Save The Youth »

giana180Album
(Fake Diamond)
25/01/2012
Electro pop

Depuis des temps reculés où aucun d’entre nous n’était né (à l’exception d’Hervé Morin), la musique et le graphisme vont de paire. Certains disques ont ainsi connu le succès simplement par la grâce de leur artwork, quand d’autres souffraient d’un mauvais goût patent.

Les trois Giana Factory remercieront probablement un jour Sofie Alsbo pour l’illustration de leur album, digne d’une ode à l’esthétisme raëlienne, l’étendard parfait d’un fan-club de Buffy, à moins qu’il ne s’agisse simplement de rendre aveugle le moindre quidam qui aurait la malchance de la contempler plus de quelques secondes. Sincèrement, on aime bien Sofie puisqu’on ne la connait pas, c’est donc chouette d’apprendre par la même occasion qu’elle fut élevée par des parents new-age. Mais Nietzsche l’a dit, au bout d’un moment il faut tuer le père.   »Manimal » était une série sympathique mais c’était il y a trente ans, tirons définitivement un trait. À côté, le  »Pépito Bleu » de Sébastien Tellier passerait presque pour un Rembrandt. David Lynch aussi est vraiment un gros enfoiré: faire croire au monde entier que foutre des chouettes dans une forêt de sapin était le summum du cool a fait dévier une génération entière d’artistes. Même Crosbys, Still & Nash n’avaient pas fait pire. Par conséquent, les Giana Factory seront à vie cataloguées comme les trois nanas qui s’étaient lancées dans un reboot de  »Charmed ».

Malgré cette indiscutable faute de goût, tout n’est pas perdu pour le trio, fondé par une proche des Raveonettes et la guitariste de Trentemoller, rôdé à la scène et capable d’aligner des pépites synth-pop irrésistibles. À ce titre, la première partie de l’album donnerait presque envie de se laisser aller, masqué par une tête de daim empaillé, à une petite soirée libertine. Noir et club, un son parfait pour fouetter les notables électrisés. Le problème avec ce genre d’ambiance, c’est qu’une fois le cul plein d’ecchymoses, l’ambiance retombe comme un soufflet, et tout le monde fuit après s’être remémoré que les orgies ne plaisaient pas au Christ (et n’allez pas dire que ça sent le vécu, on nous l’a relaté, c’est tout).  »Save The Youth » souffre du même constat: trop linéaire, sans véritable progression. Pour autant, les idées ne manquent pas et si les Giana Factory s’abstiennent un jour de lisser leurs compositions exquises de noirceur, on pourrait bien fatalement céder au vice.


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