Flip-Flop #4 – Robbing Millions, Yohuna, Fudge, Pink Mexico, Ultra Panda

Flip-Flop #4 – Robbing Millions, Yohuna, Fudge, Pink Mexico, Ultra Panda

ROBBING MILLIONS – Robbing Millions
Album / Pias / 16.09.2016
Pop psyché

Annoncé ces derniers mois comme la ‘next big thing’ à venir, Robbing Millions publie cette année son premier album éponyme, un savant mélange de pop et de psychédélisme moderne qui, à coup sûr, restera comme l’un des disques les plus fun à écouter lors de cette rentrée. Forts de deux premiers EPs prometteurs et de premières parties assurées pour des artistes tels que Metronomy, Balthazar ou Odezenne, les belges se lancent enfin dans le grand bain et prouvent que les espoirs posés en eux étaient tout sauf injustifiés. Mixé à Brooklyn aux cotés de Nicolas Vernhes (Deerhunter, Animal Collective), ‘Robbing Millions’ est un disque qui fait preuve d’intelligence, d’audace et de liberté, et qui dès les premières secondes incite de manière intense l’auditeur à se laisser aveuglément porté par ses ambiances dream-pop parfaitement maîtrisées. On voyage ici sur les terres connues de MGMT, d’Ariel Pink, ou encore des Flaming Lips, mais avec toute la fraîcheur que l’on était en droit d’attendre en 2016. Sans forcément l’avoir prémédité, les gars de Robbing Millions viennent peut-être tout simplement de publier l’un des meilleurs albums de pop psyché moderne de ces dix dernières années. Un must dans le genre, et définitivement un groupe à suivre.
A écouter en priorité : ‘Wiagw’, ‘Eight Is The Figure That I Like The Most’, ‘In The No Air’ ou encore ‘The Mountain’

YOHUNA – Patientness
Album / Orchid Tapes / 09.09.2016
Vocal & synth pop

Artiste discrète de la scène new-yorkaise depuis quelques années, Yohuna publie ce mois-ci son tout premier album intitulé ‘Patientness’ sur le méconnu label Orchid Tapes. Native du Wisconsin, Johanne Swanson de son vrai nom, a beaucoup voyagé – Nouveau-Mexique, Los Angeles, Boston, Berlin – avant de finalement trouver refuge à Brooklyn. Mais c’est à Montréal que la jeune demoiselle s’est rendu afin de produire les neuf pistes qui habitent ce disque, accompagnée par le multi-instrumentiste Owen Pallett (Arcade Fire, The Last Shadow Puppets). Dans un sens, ce premier album représente tout ce qu’il peut y avoir d’authentique et de sincère dans l’indie pop. Nappes de synthés, expressions vocales, arrangements minimalistes, ainsi qu’un sens aiguisé de la mélodie et du songwriting. Tout fusionne à merveille ici, créant ainsi de courtes parenthèses dans lesquelles on se perd, on médite, on se repose. Yohuna traite avec émotion et humilité de sujets existentiels certes ordinaires, mais dont la conclusion paraît évidente : recul et patience sont bien souvent les sources qui permettent d’aller de l’avant. Coté instrumental, si vous êtes adeptes de groupes tels que College, Desire, Chromatics (tous les trois présents sur la BO du film Drive), ou bien encore du ‘Moon Pix’ de Cat Power, cet album risquerait bien de devenir votre nouveau coup de cœur musical. Assurément l’une des plus jolies découvertes de cette rentrée.
A écouter en priorité : ‘Lake’, ‘The Moon Hangs In The Sky Like Nothing Hangs In The Sky’, ‘Creep Date’, ‘Apart’

FUDGE – Lady Parts
Album / Lex / 09.09.2016
Electro hip hop

Plus discret que pendant les années 2000 où il régnait quasi sans partage sur l’abstract hip hop, Prefuse 73 attise néanmoins toujours la curiosité, même s’il n’était pas parvenu l’an dernier à soulever un enthousiasme planétaire en mettant fin à quatre longues années d’absence via les sorties coup sur coup d’un album et plusieurs Eps. Cette fois, c’est accompagné de Michael Christmas qu’il est de retour pour accoucher de Fudge. Plus souvent déstabilisante que surprenante, la collaboration des deux hommes marie le bon au passable au fil d’une quinzaine de titres marqués du sceau du producteur. Car si quelques coups d’éclat viennent clairement défendre la cause de cette nouvelle sortie Lex Records, la majorité du disque assiste à une réunion de talents ne parvenant jamais à se retrouver sur une même longueur d’ondes. (Trop?) jeune bien que très talentueux, Michael Christmas rend parfois l’écoute indigeste tant il peine à suivre la cadence imposée par un Scott Herren qui, dans l’histoire, a peut-être perdu l’occasion de sortir un bon album.
A écouter en priorité : ‘Circuit Breaker’, ‘Popstar Shit’

PINK MEXICO – Fool
Album / Big Tomato / 30.09.2016
Garage

L’école Ty Segall n’a pas fini de faire des émules, et la médiatisation du garage auquel il contribue sans nul doute ne fait que mettre en lumière de nouveaux groupes dont on aurait peut-être jamais entendu parler sans. Parmi eux, Pink Mexico, dont le deuxième album ‘Fool’ s’apprête à débouler dans les bacs de vinyles. Même si les influences du new yorkais ne s’y limitent pas vu qu’elles débordent également vers le grunge pour les sonorités, la pop et le surf pour l’approche de la composition et du chant, l’ombre du forcené californien plane tout le long du disque tant ses nombreux albums solo (‘Forgetting Everything’) comme son autre projet Fuzz (‘Buzz Kill’) semblent ne pas avoir laissé Robert Preston indifférent. Rondement mené, ‘Fool’ laisse exploser l’inspiration du multi instrumentiste qui, si ce n’est lors de quelques accalmies acoustiques (‘Darkness Is My Sherbert’), empile généreusement les couches de guitares – d’où ce son pour le moins compact – sur des rythmes effrénés. Parfois trop linéaire (le seul reproche que l’on puisse faire à ce disque), Pink Mexico sait aussi décrocher les mélodies qui font mouche (‘Concave Brain’, ‘Two Fucking’, ‘Unhinged Bones’), complétant ainsi un tableau déjà bien rempli. Sans faire preuve d’originalité, Robert Preston prouve ici en onze titres qu’il a parfaitement intégré la formule magique, et gagne sa place sans forcer au sein des représentants garage actuels les plus convaincants.
A écouter en priorité : ‘Forgetting Everything’, ‘Concave Brain’, ‘Two Fucking’, ‘Unhinged Bones’, ‘Tribal Tats’

ULTRA PANDA – The New Bear
Ep / Chanmax / 30.09.2016
Disco punk noise

Deux ans après ‘Satan, Salsa‘ qui le voyait s’éloigner de l’ombre pesante de l’influence Death From Above 1979, Ultra Panda est de retour avec ‘The New Bear’, un nouvel Ep sur lequel il continue de creuser son propre sillon. Tout en prenant bien soin de progresser subtilement (presque discrètement) pour ne pas trop dépayser, le trio lyonnais dévoile ici quelques bribes d’arguments qui, une fois développés en profondeur, pourraient littéralement nous péter à la gueule à la sortie d’un prochain album. En effet, bien que le passé soit encore bien présent (‘The Hunter’), la bête sort plus franchement les griffes (‘Dark Knight’) ou se montre sous un nouveau faciès en se prononçant ouvertement en faveur de la danse (‘New Bear’), ou en abattant une carte totalement surprenante avec ‘MTGMA’, une clôture à la fois heavy, expérimentale et baignée des cordes du Quatuor 440 Hz, inédite chez le groupe tant on l’a jamais entendu autant déborder de son registre. Reste à régler ce mix dérangeant, relayant – comme sur l’album – la batterie trop loin derrière.
A écouter en priorité : ‘New Bear’, ‘Dark Knight’


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