Ezra Furman – ‘Transangelic Exodus’

Ezra Furman – ‘Transangelic Exodus’

Album / Bella Union / 09.02.2018
Patchwork pop


S’il faut déceler un quelconque bénéfice à l’élection du bouffon Trump à la Maison Blanche, avançons que certains ont pu y trouver la matière à renouveler leur art. Un peu comme Ezra Furman. Tout juste trentenaire, l’Américain déjà auteur de six albums en groupe ou en solo, livre avec Transangelic Exodus son grand œuvre. Le tout sans se détacher de la fougue vocale ou des mélodies pop accrocheuses qui façonnaient jusqu’ici sa musique. Tout juste en la menant un peu plus loin, un peu plus haut.

Pourtant l’affaire ressemblait de loin à un bon gros craquage. Un album ‘presque conçu comme une nouvelle‘, inspiré par Kanye West, Kendrick Lamar et Vampire Weekend, et qui raconte la fuite en format road-trip d’un homme et d’un ange tombés amoureux et poursuivis par un gouvernement totalitaire. ‘(sic)’ comme écrirait l’autre.

Sauf qu’Ezra Furman évoque ce thème à mi-chemin entre Thelma et Louise et Les Ailes du Désir pour servir ses propres obsessions : l’acceptation de soi, de ses différences, l’émancipation dans un environnement oppressif et l’amour de Dieu. Des obsessions forcément stimulées par le contexte politique actuel. A la fois gay, queer et juif pratiquant, le natif de Chicago – il faut bien le dire – détonne dans cette industrie musicale encore assez formatée dès lors qu’on s’écarte de ses franges underground.

Voilà la liberté d’être et de ton qui s’incarne parfaitement dans les treize titres de Transangelic Exodus. En plus de son habituelle formation « rock » classique, Ezra Furman convoque autour de lui un violoncelle, une contrebasse, des cuivres, un xylophone ou des synthétiseurs explosifs. Mais en bon metteur en scène, il sait doser les effets pour ne jamais trop en donner d’un seul coup… et tenir en haleine jusqu’au dénouement final.

A l’intérieur même des morceaux se cachent des sommets de rage, de tendresse et de doute. Comme sur les tubesque Suck The Blood From My Wound et Love You So Bad, déclaration d’amour de grand freak qu’on aimerait avoir su écrire un jour nous-même. On découvre comme une grande fresque la mémoire musicale de l’artiste – qui va de la grande pop 60’s à l’indie des 90’s en passant par le glam ou le garage – sans nostalgie et avec suffisamment d’habileté pour nous donner envie de le suivre dans cette improbable histoire d’ange déchu et de cavalcade. L’un des meilleurs films de cette rentrée s’écoute sur disque.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Suck The Blood From My Wound, Driving Down To L.A., God Lifts Up The Lowly, Maraschino-Red Dress $8.99 at Goodwill, Love You So Bad, Peel My Orange Every Morning, Psalm 151


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