Electric Electric – ‘III’

Electric Electric – ‘III’

Album / Murailles Music – Kythibong / 23.09.2016
Rock inclassable

‘III’, troisième album d’Electric Electric, est un disque de luttes. Interne d’abord. Alors que le trio strasbourgeois commençait avec ‘Discipline‘ (2012) à confirmer les contours d’une esthétique inédite, toute en polyrythmies échevelées et guitares syncopées esquissées sur son premier album ‘Sad Cities Handclappers‘ (2008), il contrecarre à présent ses propres expectatives. Non pas que les cadences tribales lui soient devenues indésirables (elles existent toujours sur des titres comme ‘Klimov’ ou ’17°00′), mais elles se retrouvent prises en étau par des textures inédites, comme sur l’ouverture ‘Obs 7’ avec sa tonalité téléphonique se muant progressivement en bruit sourd en compagnie d’autres sons synthétiques dont on peine à discerner les origines.

C’est d’ailleurs l’autre lutte qui se joue à l’intérieur du disque. Ici, pas question d’harmonie. Chaque élément s’entrechoque avec l’autre dans un inattendu jeu percussif. En gros, le chaos et la dissonance forment la ligne directrice – s’il en existe une – de ‘III’. Et c’est aussi pour cette raison qu’il est un disque de lutte lié à l’époque. Plusieurs fois retentissent des sonorités stridentes, tendues ou hachées, sortes d’alarmes qui nourrissent un sentiment d’urgence anxiogène (‘The River’, ‘Dassaut’). Comme si la clé était là, cachée quelque part, mais qu’implacablement on se heurtait à ce labyrinthe sonore, aussi énigmatique que fascinant. Si un grand récit de science-fiction dystopique devait être prochainement porté à l’écran, sûr que ‘III’ aurait de sérieuses prétentions à être sa bande-originale.

Dans tout ça, l’auditeur conclut le cercle de ces luttes en se retrouvant aussi écarté de ses propres certitudes. Difficile d’écouter ‘III’ d’une oreille distraite. Le disque appelle à recueillir toute notre attention, qu’importe la laideur ou les sentiments contradictoires qu’il expose intentionnellement. A l’arrivée, tout voyage qui se mérite se révèle vertigineux. Pour toutes ces raisons, Electric Electric – par son geste – force sinon l’adhésion (cela prend parfois beaucoup de temps), au moins l’admiration. Reste à savoir comment il s’apprête à présent à le défendre sur scène.

‘Obs7’, ‘Klimov’, ‘Les Bêtes’, ’17°00′


1 Commentaire
  • Matt'
    Posté à 20:19h, 22 septembre Répondre

    Très très bon, mais oui, il faut s’accrocher et plusieurs écoutes sont nécessaires… Moins accessible que les premiers… mes enfants de 4 et 10 ans détestent :-)!

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