Dope D.O.D. – « Da Roach »

Dope D.O.D. – « Da Roach »

dope180Album
(Dope D.O.D.)
19/04/2013
Hip hop hardcore

Dope D.O.D est l’exemple même du buzz né sur Youtube. En l’occurrence, c’est sa vidéo de « What Happened » – plus de dix millions de vues aujourd’hui – qui l’a poussé à remettre sur les rails de l’industrie musicale une scène hip-hop hardcore devenue trop discrète. Un succès à double tranchant qui aurait pu en faire une victime du tri sélectif opéré par internet, ou éteindre l’aura de folie qui l’entourait aussi vite qu’elle ne s’est allumée. D’ou l’importance de ce deuxième album sorti dans la foulée d’une tournée à peine achevée.

Il est ici évident que les hollandais auraient dû prendre leur temps pour offrir à « Branded » un successeur digne de ce nom, qui ne soit pas une simple compilation de titres disponibles, n’affichant à première vue aucune cohérence particulière, seulement une constance dans le style. Partant de ce postulat, une certaine méfiance s’installe au même titre qu’une évidente impatience: un contraste renforcé par une pochette bien kitsch, au mauvais goût heureusement contrebalancé par une production partagée entre l’habituel Peter Songolo, de jeunes talents (Maztek, Chubeats) et d’autres confirmés (Nightwatch de Noisia, Bong Ra)…

Il faut néanmoins tirer notre chapeau à Dope DOD qui, plutôt que de profiter d’un facile succès commercial potentiel, préfère enfoncer le clou et lâcher des missiles hardcore composés à l’ancienne, souvent sans refrain. Imaginez: les rues sont désertes, l’ambiance est malsaine, les murs suintent, et les trois MCs complémentaires déblatèrent leurs rimes sur un dubstep assassin, dans la lignée du premier album, quelques nuages gris en plus. Inévitablement, le format double album s’avère parfois fatal. « Da Roach » perd alors en rythme et en efficacité, plombé qu’il est par quelques morceaux interminables (pouvant pousser jusqu’aux neuf minutes), des flows ininterrompus, des instrus si ralenties que leur animosité en devient implicite et l’écoute lassante (« Brainworms », « Dope vs. Gold »).

Hormis cette poignée de titres ressemblant à un jam entre potes dans la pièce commune d’une colloc délabrée – auquel s’inviteraient des rappeurs respectueux comme Kool Keith, Simon Roofless ou Da Goldminerz – Dope D.O.D. n’échappe pas non plus à quelques clichés plus caricaturaux qu’effrayants (« Deal With the Devil »). Mais il ose aussi des choses plus calmes qui marquent la mi-temps, à l’image de l’instru jazzy de « Hallucinations » ou du brumeux « Lil Bit a XTC ».

Autant dire qu’on aurait préféré se prendre une bonne grosse bastos dans la poitrine plutôt que de se faire lyncher au sol par dix-huit morceaux. En d’autres termes, Dope D.O.D. aurait fait de nous les plus heureux des chroniqueurs s’il nous avait envoyés à l’abattoir avec un seul disque regroupant les titres les plus macabres (« Black Rain »), oppressants (« But For Now », « Ash’n Dust » avec Sean Price), efficaces (« Rocket »), percutants (« Twinkle », « The Butterfly Effect ») ou tubesques (« Bloodbath », le monstrueux « Groove » avec Redman). Avec ses hauts et ses bas, « Da Roach » reste un album 100% matières grasses, et on a évidemment hâte de le voir prendre vie sur scène. On sera au premier rang.

itunes15

En écoute intégrale


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