Daughters – ‘You Won’t Get What You Want’

Daughters – ‘You Won’t Get What You Want’

Album / Invada / 26.10.2018
Noise rock étouffant


L’heure d’une nouvelle punition a sonné, et les plus masochistes d’entre nous l’auront attendu huit ans, Daughters n’ayant donné que très peu de signes de vie depuis la sortie de son album éponyme en 2010. Mais une chose est sûre : encore et toujours, le groupe revient armé de nouvelles intentions, bien décidé à revoir son approche tout en conservant l’intensité malsaine qui le suit depuis ses débuts. D’autant qu’elle colle plus que jamais à son époque, Daughters imprégnant ce You Won’t Get What You Want de tout le pessimisme qui enveloppe notre société, à petite comme à grande échelle.

On vit dans un monde de merde, et Daughters en pond ici la bande sonore. Apocalyptique, irrespirable, plus oppressant que jamais, le noise rock totalement enivrant du groupe de Providence donne le tournis, et plante le malaise aussi profondément que la curiosité qu’il suscite. C’est d’ailleurs une première banderille qui pique l’auditeur dès l’entame car, si l’introductif City Song ne laisse que peu de secret sur ce qui va suivre, Long Road No Turns est une épreuve à passer, un test sélectif permettant aux plus téméraires d’entrevoir un premier filet de lumière : ce Satan In The Wait aux contours post punk et au gimmick de synthé accrocheur, reflet de la remise en question de ses pères. Puis le cyclone reprend de plus belle, vous ramène illico en 2006 (The Flammable Man), les tôles envolées cisaillent avec la précision d’une scie sauteuse (The Lords Song), avant que Less Sex – tiraillé entre noise, indus et trip hop jusqu’à rappeler Nine Inch Nails – et Daughter offrent un second temps de répit salvateur en amont d’un bouquet final é(pous)touff(l)ant.

Car si The Reason They Hate Me – titre le plus mélodique du disque, peut-être même de la discographie – est un vrai tube façon Daughters, il lance une dernière fronde punitive (Ocean Song et Guest House) ruinant définitivement les ultimes espoirs de sortir indemnes de ce tourbillon. Mais, aussi intense et bruitiste que celui-ci puisse être, il est également d’une créativité rare, propre aux artistes trouvant leur épanouissement dans la passion et l’expérimentation. Ainsi, et bien que prévenus par le titre de ce nouvel album imprévisible, les fans – même déboussolés – trouveront là de quoi se faire les dents. Avant de les perdre.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Satan In The Wait, Less Sex, The Reason They Hate Me


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