Daria – ‘Impossible Colours’

Daria – ‘Impossible Colours’

Album / Arctic Rodeo / 29.01.2016
Rock

‘Impossible Colours’ est un peu l’album de la contradiction. Alors qu’on vient souvent chercher dans les disques un peu d’originalité, Daria a trouvé la lumière aux côtés d’un mentor, une idole d’adolescence qui lui a fait faire marche arrière jusqu’au début des années 2000, mais qui a aussi fortement imprégné de sa patte sa nouvelle livraison. Et pour cause, Jay Robbins – autrefois croisé chez les incontournables Jawbox et Burning Airlines – a non seulement produit ce disque dans son studio de Baltimore, mais a poussé le vice jusqu’à intervenir sur certains titres, comme si Daria avait désiré plus que tout vivre à fond une collaboration débutée il y a trois ans à l’occasion d’un split partagé avec Office Of Future Plans, dernier groupe en date du Monsieur.

Désormais rejoint par MatGaz (batteur de Headcases et Mars Red Sky), Daria continue donc de pointer Angers sur la mappemonde du rock. Fidèles au registre qu’ils font progressivement évoluer depuis douze ans, biberonnés à cet héritage local allant des Thugs aux représentants plus récents comme Sexypop (‘A Quiet Anarchy’), les quatre n’ont pas donné pour autant toutes leurs clés à Jay Robbins, comme en atteste ce ‘Impossible Colours’ bien plus classique dans son approche que dans son exécution.

Parce qu’un producteur ne peut pas non plus faire des miracles à lui seul, il fallait bien que le talent de Daria se charge du reste, ce qu’il fait sans se faire prier tout au long de ces douze titres affichant une parfaite cohérence (consistance même) dans leur diversité. Humblement et naturellement (si ce n’est parfois quelques pointes d’américanisme caricatural dans le chant), le groupe expose alors au grand jour tout son savoir-faire en matière de mélodies accrocheuses (‘Margins’, ‘A Quiet Anarchy’, ‘The Ghost In The Machine’), de progression dans la composition (‘A Tired Hand’, ‘Inner Dialogue’), de prise de risque dans les arrangements (les cuivres dispensables du titre éponyme), mais aussi d’intensité (‘Empirical Dismay’), nourrie à force de vouloir à tout prix coller son public au mur du fond sans forcément foncer tête baissée.

Aussi authentique et spontané que le souhaitait le groupe en enregistrant en conditions live sur un 16 pistes à bande, ‘Impossible Colours’ est la carte de visite dont Daria pouvait ouvertement rêver. C’est aussi celle de la maturité, ici incontestable, qui lui permet de graver ses acquis dans le marbre pour désormais s’ouvrir sereinement au deuxième chapitre de son parcours, celui où tout est rendu possible par l’expérience, la connaissance de soi et des autres. Certainement ancrés à jamais dans le rock des années 90, les angevins passent ici le cap fatidique du groupe de rock qui n’a plus besoin de jouer l’originalité pour rendre sa musique crédible et intemporelle.

‘Margins’, ‘A Quiet Anarchy’, ‘A Tired Hand’, ‘The Ghost In The Machine’


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