Damon Albarn – “Dr Dee”

Damon Albarn – “Dr Dee”

damon180Album
(Parlophone)
04/05/2012
Opéra Elisabéthain

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Damon Albarn ne s’est jamais isolé dans ses idées, ni emprisonné dans sa musique. Repoussant en permanence ses ambitions, le gars de Londres vient de trouver un nouveau terrain de jeu et de nouveaux camarades pour satisfaire ses folles envies. Car, c’est un fait, l’ex-Blur ne voyage jamais seul. Pour ne pas déroger à la règle, il invite ici l’ex-batteur de Fela Kuti, Tony Allen, et le joueur de kora, Madou Diabate. Pour se la jouer bande annonce TF1, ensemble, ils n’ont qu’un seul but: moderniser notre conception de l’opéra Elisabéthain.

Versant tragique de son œuvre, “Dr Dee” fait dialoguer le passé proche et le passé lointain de l’Angleterre en se focalisant sur John Dee, un mathématicien-astronome-navigateur-amateur d’occulte devenu célèbre grâce à son rôle de consultant auprès de la Reine Elizabeth I. Nous voilà donc retournés quatre siècles en arrière où viole de gambe, chant hiératique et orchestre en tout genre (sopranos, ténors et mezzos) déconstruisent les normes. Même si l’idée de départ était de créer un opéra sur les super-héros, on ne peut qu’être émerveillé devant cette parenthèse enchantée.

Baroque dans l’esprit, lyrique dans les intentions, on reste loin de la pop music qui caractérise cet éternel insatisfait. Comme s’il venait de comprendre qu’une composition pouvait être comme une méthode d’écriture, c’est-à-dire un enchainement d’harmonies et de nappes cinématographiques. En offrant un aperçu de ses compositions l’été dernier à Manchester, Damon Albarn prouvait déjà que le terme “décrue d’inspiration” ne lui sciait guerre. Après “Monkey: Journey To The West”, “Dr Dee” apporte la preuve définitive, grâce à des titres comme “A Man Of England” et “Cathedrals”, que la musique est un art éternellement libre.

Manifestement, Damon Albarn fait partie de ces artistes dont le nom ne suffit pas à les identifier. Marque de fabrique? Privilège rare? Héros malgré lui? Difficile à dire à tant il s’acharne à ne pas marcher droit. Le monde qu’il décrit ici n’est ni pire ni meilleur que celui du 17ème siècle: on y croise les mêmes problèmes sociaux, matériels et culturels, mais ici, ils sont magnifiés par une sensibilité exquise. Aussi inventif que perché, Damon Albarn est humain, trop humain, mais bon sang, qu’est-ce qu’il est divin.

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1 Commentaire
  • robin
    Posté à 13:15h, 13 mai Répondre

    Salut .. MERCI pour cette chronique, j’avais peur d’être un des rares à apprécier cet album qui est réellement splendide !

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