Cyril Cyril – ‘Certaine Ruines’

Cyril Cyril – ‘Certaine Ruines’

Album / Born Bad / 21.09.2018
Folk Psychédélique & Africanisme Hippie


C’est assez rare pour être souligné mais l’une des surprises de cette rentrée nous vient tout droit de Suisse, et plus précisément de Genève. Cyril Cyril, duo formé par Cyril Bondi et Cyril Yeterian, est sans doute la formation la plus inattendue et improbable que pouvait nous sortir de son chapeau un dénicheur de pépites musicales aussi reconnu que JB du label Born Bad. Ces deux garçons ont tous deux un CV bien rempli, le sens de la curiosité, et des références aussi larges qu’un continent. Le premier est empreint de musiques jazz hypnotiques, le second de sonorités folk/rock proches de celles qu’on peut entendre dans les bayous du fin fond de la Louisiane.

Mais incontestablement ces deux-là se sont bien trouvés et ont peaufiné une formule extrêmement minimaliste et envoûtante, l’un muni de son banjo greffé à des pédales d’effets, l’autre concoctant des rythmiques via une batterie et des percussions bricolées. Leur premier album intitulé Certaine Ruines est un de ces rares disques aventureux qui se contemplent et se vivent. Plus qu’une expérience auditive, c’est une invitation au voyage et à la réflexion, sans pour autant que celle-ci soit prise de tête. Un retour aux sources introspectif et une œuvre nécessaire dans une époque qui semble en perdition. Derrière des allures hippie auxquelles certains se montreront peut-être réfractaires, l’univers du duo dégage une immense profondeur grâce des textes simples, perçants, et à une production véritablement lo-fi qui confère au disque sa qualité principale, celle de faire jaillir toute l’âme de ses créateurs.

De l’accrocheur titre d’ouverture Colosse de Rhodes à la poignante ballade Samarcande, le disque défile comme un paysage pas facile à identifier mais ô combien captivant. Ici pas de véritables refrains ou couplets, juste des paroles répétées accompagnées d’un riff et d’une rythmique ensorcelante. On pense à Animal Collective période Sung Tongs en écoutant des titres comme Le Vide ou Yaaa Yaaa Yaaa, et on imaginerait bien Tinariwen s’aventurer sur une BO de western lorsqu’on entend pour la première fois Tamam.

Nouveau fleuron du label ou OVNI complètement inespéré, qu’importe, Born Bad Records vient de mettre la main sur l’une des plus intéressantes curiosités qu’on était en droit d’attendre en 2018. Une preuve de plus, s’il en fallait une, que le rock ressort bien souvent gagnant lorsqu’il succombe à des aspirations multiculturelles.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Colosse de Rhodes, Sous la mer c’est calme, Samarcande, Le Vide, Ultra moderne solitude 2


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