Various Artists – ‘In Utero, In Tribute, In Entirety’

Various Artists – ‘In Utero, In Tribute, In Entirety’

Album / Robotic Empire / 15.04.2014
Album hommage

Maman disait toujours, ‘la vie, c’est comme un album de reprises: on ne sait jamais sur quoi on va tomber‘. ‘In Utero, in Tribute, in Entirety’ ne lui aurait pas donné tort. Vingt et un an après la sortie du dernier opus studio de Nirvana, le label américain Robotic Empire fête ses quinze ans, et la centième référence de son catalogue, avec cet album hommage reprenant, dans l’ordre, la tracklist de ‘In Utero’ réinterprétée par douze groupes sévissant principalement dans le post-hardcore. Précisons que ce tribute album revient de loin puisque sa sortie met fin à sept ans de retards et de pressions judiciaires, sept trop longues années puisque deux groupes ont splitté entre temps, et surtout Jay Reatard nous a quittés en 2010.

Toute bonne couturière vous le dira, la reprise est un exercice délicat et, au fond, il n’y a pas trente-six manières de s’y prendre. La première consiste à reproduire aussi fidèlement que possible la version originale. Les élèves les plus zélés – Circa Survive (‘Scentless Apprentice’), Thursday (‘Rape Me’) et Ceremony (‘Tourette’s’) – nous gratifient ainsi de trois reprises parfaitement inutiles. Certains s’autorisent quelques écarts, tels These Arms Are Snakes avec une version de ‘Heart Shaped Box’ typée indus, malheureusement desservie par un chant affichant un degré zéro de conviction. Défaut d’ailleurs partagé par les reprises de Thou (un ‘Milk It’ aux accents métal dont les couplets ressemblent à s’y méprendre à la lecture publique d’une liste d’ingrédients de paella en conserve) et Daughters (un ‘Radio Friendly Unit Shifter’ reproduit au larsen près, à l’exception d’un chant que n’aurait pas renié un Krist Novoselic de la grande époque en fin de soirée). Force est de déplorer que cette approche assez vaine remplit tout de même plus de la moitié de l’album. La seconde manière de reprendre un morceau consiste à le modifier sensiblement pour en proposer une interprétation alternative. Ce au risque de faire moins bien que l’original, tel ce ‘Dumb’ atone et raté commis par Young Widows, ou cette version what the fuck de ‘Very Ape’ bricolée par Mean Jeans, qui a au moins le mérite de faire sourire.

Et puis il y a heureusement quelques succès, à l’image du ‘With a Little Help From My Friends’ des Beatles, transcendé par Joe Cocker à Woodstock. Ici, le ‘Pennyroyal Tea’ de Whirr avec ses couplets planants haut perchés s’en tire bien, de même que le ‘Frances Farmer Will Have Her Revenge on Seattle’ low-fi et barré de Jay Reatard. Mieux encore, Black Math Horseman nous sert un ‘All Apologies’ très habile, mi-hippie mi-épique, avec un final qui vaut sacrément le détour. Et surtout, Pygmy Lush prend complètement à contrepied ‘Serve the Servants’, morceau introductif et probablement le plus bancal de ‘In Utero’, pour le faire renaître dans une version contemplative qui met nettement plus en valeur le texte de Cobain. L’occasion de redécouvrir un style mêlant ellipses et formules percutantes, à l’instar de ce ‘Teenage angst has paid off well / Now I’m bored and old‘ qui introduisait In Utero, voire la sortie de scène finale d’avril 1994. Au final, ce ‘In Utero, in Tribute, in Entirety’ propose deux tiers de reprises tout à fait dispensables, pour un tiers de ré-interprétations gagnant à être connues. C’est peu, mais pour un tribute album, c’est déjà pas si mal!

‘Serve The Servants’, ‘Frances Farmer Will Have Her Revenge On Seattle’, ‘Pennyroyal Tea’, ‘All Apologies’,


2 Commentaires
  • punkarty
    Posté à 17:54h, 29 avril Répondre

    1er point, Il est strictement interdit de dire du mal de Ceremony.
    Pour le reste totalement d’accord Pygmy Lush et Jay s’en sortent les mieux.

  • Firewalkwizme
    Posté à 21:44h, 03 mai Répondre

    Une fin “toolesque” pour cette reprise de All Apologies !!!
    😉

    Une belle ryhtmique rotative et du palm mute à la guitare….
    #yummy

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