Clipping – ‘Spendor & Misery’

Clipping – ‘Spendor & Misery’

Album / Sub Pop / 09.09.2016
Hip hop expérimental

Sur les traces de ‘CLPPNG’, deuxième album aussi grinçant que somptueux, Clipping remet en route sa recette bruitiste et enfonce le clou avec ‘Splendor & Misery’, une épopée afro-futuriste découpée en quatorze fragments stridents. Ce disque, c’est l’histoire d’un homme, seul rescapé d’un soulèvement d’esclaves sur un cargo interstellaire. En errance sur ce navire, le héros découvre alors la musique en entrant en contact physique avec les éléments métalliques qui l’entourent. Dans le même temps, l’ordinateur de bord, intelligence artificielle, tombe amoureux de lui. Au fil de ce scénario original, on suit alors le voyage de cet homme d’où découlent des ambiances aussi dérangeantes que sublimes.

De ce texte fort, délivré avec un flow impressionnant et léché, on plonge en alerte permanente dans des atmosphères rythmées par des fréquences sonores singulières, au groove imparable. De bout en bout de ce pont entre hip hop old school et drone déstructuré, Clipping nous dévore l’hypophyse. ‘All Black’, ‘Wake Up’, ‘Air Em’Out’ (bien que proche de ‘Work Work’, titre phare du précédent album), ‘Baby Don’t Sleep’ et ‘A Better Place’ sont les tableaux d’atmosphères radicales, tenues par des sons hybrides admirablement sélectionnés. On sortira également du lot ‘The Breach’, qui met en avant le débit impressionnant de Daveed Diggs. A lui seul, le Mc prend une place prépondérante tout au long de ce disque magistral, entrecoupé d’interludes et de chants d’esclaves faussement salvateurs et poignants.

Clipping n’a donc pas bougé d’un iota, monte même d’un cran et prouve à nouveau que son univers expérimental possède une force exponentielle, loin des clichés hip-hop. Chaque instant de ‘Splendor & Misery’ est le résultat d’un travail de dissection précis, qui laisse une cicatrice cérébrale fine que l’on ne pense qu’à rouvrir tant ce disque aux fréquences instables marque les sens et les esprits. Un grand cru.

‘All Black’, ‘Air Em’Out’, ‘A Better Place’


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