Aucan – ‘Ep 1’

Aucan – ‘Ep 1’

Ep / Ultra Records / 05.05.2014
Bass music relégable

En 2011, alors que bass music et dubstep se répandaient comme une tâche d’huile, Aucan y cédait, délaissait son math rock noisy en sortant ‘Black Rainbow‘, un troisième album destructeur ou, dans un combat de titans absolument passionnant, l’homme prenait encore l’avantage sur la machine. Depuis, trois ans sont passés, et avec eux la certitude grandissante qu’une mutation – et non des moindres – était en train de s’opérer. Devenu véritable entreprise au même titre qu’un concept aux contours parfois trop ambitieux, lâché par son incroyable batteur à la fois garant d’un son live et d’un charisme scénique bluffant, Aucan n’est donc aujourd’hui plus qu’un duo qui ne cache plus son attirance pour la musique électronique: un choix qui incite à trouver l’objectivité dans une lutte constante contre la nostalgie, qui a le mérite de refléter la ferme volonté d’avancer d’un groupe plus qu’attaché à sa totale liberté, mais qui ne va pas sans pots cassés.

S’il est certes possible de trouver un lien logique entre ‘Black Rainbow’ et les quatre titres qui composent ce ‘Ep 1’ (dans ‘Loud Cloud’ notamment), Aucan n’est définitivement plus ce qu’il était. En une douzaine de minutes, la réalité nous rattrape, et gomme les derniers espoirs de trouver encore dans sa musique une once de spontanéité. Pire, d’originalité (le fané ‘Rise Of The Serpent’ feat Otto Von Schirach). A trop vouloir tout maitriser, à trop chercher la perfection, les producteurs ont fini par éclipser les talentueux musiciens qu’ils sont pourtant sûrement encore. Désormais partisan de la toute-efficacité millimétrée (‘Riot’), le duo oublie manifestement que la subtilité peut permettre – même à une approche assez grossière de la musique électronique – de perdurer sans forcément se priver de toucher un plus grand public. L’âme en berne et affichant un opportunisme presque dérangeant, Aucan s’est perdu à force de se chercher, est passé de la classe gracieuse de Pirlo à la force vulgaire de Balotelli.


Tags:
,
Pas de commentaire

Poster un commentaire