Arcade Fire – ‘Everything Now’

Arcade Fire – ‘Everything Now’

Album / Columbia / 28.07.2017
Pop


Bien qu’Arcade Fire soit désormais devenu une valeur sûre du paysage pop-rock actuel, le groupe alimente depuis quelques années des débats qui animent fans de la première heure et nouveaux convertis. Sincèrement, qui aujourd’hui peut encore espérer que les canadiens reprennent un jour le chemin arpenté sur ‘Funeral’ ou ‘Neon Bible’ ? Les cantonner éternellement à cette unique facette musicale serait totalement réducteur quand on connaît les penchants et les références musicales qui ont fait d’eux les musiciens qu’ils sont (David Bowie en tête de liste). Finis donc le rock alternatif et l’audace symphonique des débuts, place dorénavant aux dancefloors et aux sonorités disco-pop. La bande de Win Butler, qui demeurait parmi les meilleurs étendards de la musique indie, s’est au fil des années acoquiné avec des personnalités issues d’un paysage plus mainstream (coucou TIDAL), et a opéré un virage musical qui, certes ne pouvait laisser indifférent, mais qui semblait tout aussi inévitable. La première pierre de ce nouvel édifice, l’audacieux et complexe ‘Reflektor‘ réalisé de main de maître par James Murphy (LCD Soundsystem), entamait subtilement ce virage et prouvait à qui en doutait qu’Arcade Fire était bel et bien un groupe en mouvement qui pouvait se réinventer sans se perdre et sans faire de faux pas. C’est donc très attendus que les canadiens reviennent cette année avec un nouvel opus intitulé ‘Everything Now’, malheureusement en deçà de ce que nous étions en droit d’attendre, contestable tant sur la forme que sur le fond, et qui marque le véritable premier déclin musical du collectif.

Musicalement, le disque bénéficie des influences et de l’apport venus d’un amas de différentes personnalités (Thomas Bangalter de Daft Punk, Steve Mackey de Pulp, ou encore Geoff Barrow de Portishead pour ne citer qu’eux) qui n’a semble-t-il eu pour effet que de dissocier chaque chanson, ne permettant à l’oeuvre ni de proposer une véritable personnalité ni d’afficher une réelle unité. Pire que ça, chaque titre sonne comme un – trop – gros clin d’œil à leurs références musicales (‘Signs Of Life’ rappelant indéniablement le ‘Rapture’ de Blondie), tournant parfois à la caricature (le riff grossier sur ‘Chemistry’ façon Joan Jett), et faisant ainsi d’ ‘Everything Now’ l’album le moins estampillé ‘Arcade Fire’ de toute la discographie. Le groupe, et c’est navrant, s’auto-félicite ici d’un disque qui s’avère finalement dépourvu de profondeur et d’émotion, insipide par moment (le titre ‘Peter Pan’ restera sans conteste l’une de ses plus mauvaises compositions), accaparé qu’il est par sa nouvelle position de tête d’affiche et de groupe de stade. Et lorsqu’on décide d’aborder le fond, à savoir le concept et les thématiques du disque, ça devient un peu plus délicat. Difficile d’accrocher aux discours et aux slogans simplistes que Win Butler assène sur l’aliénation et sur l’ère actuelle du ‘je veux tout maintenant‘ tant ses paroles ont rarement été aussi pauvres et peu convaincantes (‘Love is hard, Sex is easy‘ – ‘Infinite content, We’re infinitely content‘). Au vu de l’importante campagne médiatique et commerciale orchestrée par Sony ces derniers mois pour promouvoir ‘Everything Now’, afficher des titres qui ironisent sur le consumérisme semblait peut-être la plus maladroite des idées.

Arcade Fire publie ici un album en demi-teinte, pour ne pas dire complètement loupé. ‘Everything Now’ est, malgré quelques tubes imparables (‘Everything Now’, ‘Put Your Money On Me’, ‘Electric Blue’), un disque peu inspiré, peu inspirant, qui ne s’imposera jamais comme l’un des chapitres les plus importants de la discographie des montréalais. Il demeure voué à polariser les fans du groupe qui, désormais, ne doit compter que sur sa dernière carte incontestable : le live.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
‘Everything Now’, ‘Signs Of Life’, ‘Electric Blue’, ‘Put Your Money On Me’


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