Apollo Brown – « The Reset »

Apollo Brown – « The Reset »

apo180Album
(Mello Music Group)
25/05/2010
Hip hop

Les vérités d’hier ne sont pas celles de demain, Apollo Brown nous le prouve en 15 titres. Trop vite catalogué comme producteur honnête mais sans génie – en quinze ans d’activité, il n’avait sorti que deux albums instrumentaux (« Skilled Trade » en 2007 et « Make Do » en 2009) – il profite de l’effervescence de sa ville de Détroit pour se mettre au diapason et signer un opus qui risque de marquer l’année 2010. C’est donc sans faire de bruit, à l’écart du tapage médiatique suscité par les sorties de quelques poids lourds du hip hop qu’Apollo trace son chemin. Ses prods tout en douceur se prêtent d’ailleurs volontiers à cette discrétion, donnent une ambiance feutrée à cet opus qui semble tout droit sorti des nineties, tout du moins dans l’inspiration. Car si certains samples de soul nous rappellent cette époque bénite du rap, le vernis est lui des plus contemporains, ne rendant pas l’ensemble anachronique. Tant au niveau de leurs structures, que dans leurs sonorités, les versions sont résolument modernes, à l’instar des Mcs invités, confirmés ou novices. Quelques grands noms présents (Declaime, Prince Po et Finale sur le fabuleux « Ghetto Soul Music », Big Pooh et Black Milk pour « Hungry ») apportent tout leur poids au projet, amenant une vraie valeur ajoutée sans toutefois faire de l’ombre au producteur qui reste au premier plan. Ce dernier varie d’ailleurs parfaitement les ambiances, passant avec aisance du subtil et aérien « Balance », à l’énergie brute d’un « Real Detroit », sans perdre cette cohérence qui fait de « The Reset » un disque équilibré. « Brag Language », « Lower The Boom », « Propa » sont tous trois représentatifs de cet esprit zen qui se dégage tout au long de l’opus, rempli d’une sérénité contagieuse. Nous rappelant parfois Dj Premier (« Lower The Boom ») dont il revendique l’influence, Apollo Brown apporte ici la preuve irréfutable de son talent. Il nous enseigne, une fois n’est pas coutume, que la patience à certaines vertus. Quand certains enchaînent les projets en se perdant parfois en route, on sent que lui y a mis un soin particulier, rendant une copie hétérogène. Il entre ainsi dans la cour des grands, avec certes ce retard qui explique le paradoxe d’un premier album plein de maturité.

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itunes14


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