Angil & Deschannel – “Jerri”

Angil & Deschannel – “Jerri”

jerri1801Album
(We Are Unique/6am Prod)
13/05/2009

Depuis cinq ans qu’il respire officiellement la musique, Angil nous assène régulièrement de nouveaux projets tous aussi intéressants les uns que les autres. Que ce soit en solo (ses deux albums “Teaser For Matter” et “Oulipo Saliva”) ou dans le cadre de collaborations (avec King Kong Was a Cat, ou Broadway), le stéphanois n’a jamais cessé d’évoluer, emmenant toujours avec lui son registre dans de nouvelles aventures, souvent éphémères et donc cantonnées à un seul disque. Celle de The John Venture définitivement enterrée, c’est logiquement qu’il est allé fourrer son nez chez d’autres musiciens, plus précisément chez Deschannel, autre duo du coin signé sur le label de Broadway (6am Prod). Les quatre retournent donc s’enfermer à La Fabrique d’Andrézieux et donnent naissance à Jerri, nouvelle collaboration qui, une fois n’est pas coutume, est loin de sonner comme la simple addition de tous ses talents. Car c’est seulement entre les lignes que vous devinerez l’héritage pop/folk/electro des uns, et electronica des autres. Même l’electro hip hop de The John Venture semble désormais lointain. Non, Jerri possède bel et bien sa propre personnalité au sein de cette grande famille de musiciens qui n’était encore jamais passée à ce point à la moulinette post punk, pop, hip hop et krautrock. Mieux, reflet du métissage musical constaté ces dernières années chez les mélomanes ouverts d’esprit, le groupe, à coups de batterie, guitares, claviers et samplers, prend le risque de vouloir marier les influences majeures des deux décennies passées: le rock de Fugazi, Ween, et Broadcast, avec le hip hop marginal de Subtle et Radioinactive. Plus couillu, il n’y a pas. Pourtant, l’immédiat “Go Fight Your War” qui ouvre l’album et le très abouti “The Chap Hat” ne sont pas loin de nous faire croire au miracle. Tout comme, plus loin, “I Don’t Need Your Fucking Record To Love You” sur lequel apparaît le rappeur Souljah’zz (déjà au tracklisting de The John Venture), et le final “Clayton’s Theory” à faire rougir Blonde Redhead de jalousie. Ce qui n’enlève évidemment rien à l’entre-deux, à ne pas négliger non plus, fort qu’il est de compositions faussement linéaires, contribuant à façonner pierre par pierre une ambiance atypique: “Grace Is Gone” vous berce pour mieux vous embarquer, “The MIA Thing” triture les guitares indus, et “Cum-Opera(ted)” amène sa touche expérimentale et bruitiste. C’est donc sans véritable surprise que Jerri s’ajoute aux collaborations soufflantes à mettre au crédit d’Angil, acteur aussi méconnu qu’indispensable à une scène française qui aurait tant besoin d’alter egos. A découvrir sans plus tarder.

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1 Commentaire
  • Angil
    Posté à 09:10h, 03 juillet Répondre

    Bonjour Mowno !

    Merci beaucoup pour cette belle chronique.
    Je me permets (vive les commentaires !) un petit éclairage sur l’aspect composition. Nous sommes 4 dans ce groupe : les deux membres de Deschannel, Flavien (des Hiddentracks) et moi. Chacun a composé un nombre à peu près égal de chansons (j’en ai plutôt fait moins), et chacun joue de tous les instruments, à tour de rôle.

    C’est bien sûr très flatteur de lire un article aussi élogieux sur mon ‘travail’, je ne voudrais pas, cela dit, que l’impression qu’il donne soit celle d’une sorte de pseudo-collaboration, où je me serais contenté de changer un peu l’entourage musical. C’en est une, vraie, solide, durable, et même plus que ça (ce qui la différencie de l’expérience John Venture) : Jerri, c’est un groupe !

    Voilà… nous jouons le 28 juillet au Nouveau Casino, nous serions ravis d’y inviter l’auteur de cette chronique.

    Mickaël

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