A$AP Rocky – ‘At.Long.Last.Asap’

A$AP Rocky – ‘At.Long.Last.Asap’

Album / RCA / 26.05.2015
Hip hop

Entre un premier tournage et deux défilés de mode, ASAP Rocky n’a visiblement pas oublié qu’il était avant tout un rappeur. Il est donc retourné en studio pour sortir ‘At.Long.Last.Asap’, une deuxième pierre à son édifice personnel dont le processus a été marqué par le décès d’ASAP Yams, manager et ami proche. Un album conçu comme une longue dérive, ou les premières influences du rappeur (cloud rap, les productions de DJ Screw), semblent s’éloigner au profit d’un psychédélisme plus droit dans ses bottes, dans une vibe rétro tourné vers la soul et le rock, ou Mark Ronson et un sample de Rod Stewart se chargent de mettre en musique le bleu à l’âme de Rakim Meyers.

Si mélancolie il y a, elle se fait ici au détriment d’une cohérence, qui commençait déjà à se disloquer sur ‘Long.Live.ASAP‘. Skrillex et une bande de rappeurs new-yorkais donnaient à l’album des allures de grand buffet, ou chacun était libre de piocher dans ce qu’il voulait, entre un bon drop et les ultimes productions de Clams Casino. Toujours plus loin dans le fade, ASAP Rocky poursuit donc ici la déliquescence de son identité, troquant ses dernières bribes pour des vapeurs du temps d’avant, mises en place par la patte passéiste du producteur Dangermouse.

Malheureusement, le retour en arrière prend, au fil des écoutes, des allures de longue purge, ou les morceaux estampillés ‘back to basics’ rivalisent d’un ennui mortel: l’ouverture ‘Holy Ghost’, ‘Jukebox Joints’ et l’embarrassant couplet de Kanye West, ce Pharcyde de pacotille. Le vertige ne prend jamais, si ce n’est à l’occasion de quelques sournoiseries ou le ton se fait enfin lugubre: ‘Canal St.’, ‘Lord Pretty Flacko Jodye 2’, ou encore ‘Electric Body’ bien récupéré par un Schoolboy Q toujours impeccable.

On ne sait pas quel était l’état d’esprit d’ASAP Rocky au moment d’enregistrer ce nouvel album, ni ce qui lui a pris au moment de valider cette pochette immonde évoquant les plus grands moments picturaux de Marylin Manson, mais difficile d’être indulgent envers un rappeur qui prend – disque après disque – les allures d’un énorme gâchis, malaxé par l’indigence. Le charme de la découverte et de ‘Purple Swag’ s’est éteint depuis longtemps et, quant à l’avenir, il se dessine sous des oracles pénibles, ou un seul mot résonne: tiède.

‘Canal St’, ‘Lord Pretty Flacko Jodye 2’, ‘JD’, ‘Electric Body’


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2 Commentaires
  • François
    Posté à 21:19h, 04 août Répondre

    On est LOIN de Live.Love.Asap… Et je pense qu’on n’y reviendra plus hélas.

  • Raffaele Bongiorno
    Posté à 20:24h, 30 octobre Répondre

    At.long.live.asap est un excellent album, il ne faut pas l’écouter d’une oreille et lâcher des critiques insensées

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