Primavera Sound 2018, ce qu’il ne fallait pas manquer

Primavera Sound 2018, ce qu’il ne fallait pas manquer

Fin janvier dernier, au moment ou le Primavera Sound de Barcelone lâchait les noms de son édition 2018, ce n’était plus un secret pour personne que le festival catalan n’affichait pas là le meilleur line up de son existence, faisant ainsi retomber le soufflet après plusieurs semaines de teasing à l’aide d’images de fans hystériques découvrant secrètement la programmation. Dépourvus de reformations événementielles, de groupes rock pourtant sous les feux de l’actualité, et volontairement plus tournés vers les musiques électroniques histoire d’alimenter un Primevera Bits agrandi, les trois jours passés à arpenter le Parc del Forum réservaient néanmoins de grands moments encore, certes moins nombreux qu’à l’accoutumée, mais bien plus intenses. Parce qu’il y a comme une sorte de magie qui opère chaque année sur les bords de la Méditerranée, poussant les artistes participants à toujours voir plus grand, plus fort, et donner le meilleur d’eux-mêmes sans autre ambition que de marquer fermement les esprits. Ce quintet de tête (auquel The War On Drugs, Mogwai et les habituels Shellac frappaient également à la porte) y est parvenu, rendant plus supportable l’attente que le Primavera Sound redevienne vite le plus grand festival rock européen qu’il s’est évertué à devenir au fil de ses dernières éditions.

NICK CAVE & THE BAD SEEDS

Le Boss a dit la messe. Par sa classe et son charisme naturel, le sexagénaire Nick Cave a survolé cette édition 2018 en offrant aux spectateurs du Primavera ce qui figure – selon les dires de fans assidus présents – parmi ses meilleures prestations live. Entouré de ses talentueux Bad Seeds capables de sonner devant 50 000 personnes comme dans leur salon, l’australien a joué quelques uns de ses plus grands tubes, entrecoupés de quelques titres de son dernier album pour sans cesse mêler énergie et émotion. Comme à son habitude durant Stagger Lee, il a convié plusieurs dizaines de fans sur scène, offrant au large public devant lui l’occasion de mesurer son magnétisme. Et lorsque Push The Sky Away s’est éteint dans la nuit barcelonaise, certains hommes pleuraient encore discrètement au bruit des gobelets plastique écrasés par la foule foudroyée regagnant la sortie.

DEERHUNTER

S’il est de bonne guerre de se méfier de Deerhunter en live tant il y est capable du meilleur comme du pire (coucou Pitchfork Paris 2016 !), Primavera offre généralement aux fans du groupe une plus grande probabilité de repartir conquis. Déjà étincelante à Barcelone en 2013 ou elle s’était distinguée deux fois (une première officiellement annoncée, une seconde pour remplacer Band of Horses), la bande d’Atlanta a de nouveau vu la magie opérer en sa faveur. Emmené par un Bradford Cox définitivement bien luné et heureux d’être là, le groupe a enchaîné durant une heure quelques tubes de sa discographie, mais a surtout offert au public l’opportunité de découvrir une poignée de titres issus d’un prochain album qui s’annonce définitivement prometteur. La preuve ci-dessous.

IDLES

Hormis leur batteur, ces mecs savaient à peine jouer de leur instrument il y a encore cinq ans. En 2018, ils débarquaient au sein du festival européen le plus renommé avec, sur le dos, l’étiquette – lourde à porter – de révélation de l’année, gagné au mérite grâce à un premier album aussi frondeur que révélateur de leur énergie débordante. Le public barcelonais en a eu une nouvelle démonstration seulement quelques jours avant que Idles annonce son nouvel opus à sortir fin août. De quoi donner plus d’intérêt encore à ce concert piochant dans le tracklisting de Brutalism, et révélant par la même occasion quelques titres de la bombe à venir. Parce que, pour l’avoir écouté, on vous certifie que c’en est une.

FATHER JOHN MISTY

Le hasard fait bien les choses : c’est au Primavera que Father John Misty fêtait la sortie de God’s Favorite Customer, son quatrième album. Et pour ça, le songwriter a mis les petits plats dans les grands. Entouré de son groupe habituel, il a convié sur scène un orchestre de cordes et de cuivres pour donner plus d’ampleur encore à ses compositions. Une vingtaine de musiciens au total pour un concert qui a aussi prouvé que l’américain avait bien entendu les critiques à son égard : moins expansif qu’à l’accoutumée, Josh Tillman a laissé ses habituels gimmicks dans les loges, et ça n’a fait que décupler l’impact de ses chansons, des plus anciennes aux nouvelles.

UNKNOWN MORTAL ORCHESTRA

Il fut un temps ou les concerts d’Unknown Mortal Orchestra étaient chiants à mourir, la faute à un manque de charisme et des tubes trop rares (coucou Pitchfork 2016 encore !). Les choses ont manifestement bien changé : Ruban Nielson est sorti de sa coquille, arpente la scène et le public, et surtout enchaîne des hits que sa discographie désormais plus étoffée lui offre. Au final, le groupe aura marqué la soirée de jeudi de son empreinte pop funk à laquelle il était difficile de rester insensible et de marbre.


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