On y était! Retour sur Rock en Seine 2011…

On y était! Retour sur Rock en Seine 2011…

Cela fait déjà neuf ans que Rock en Seine occupe sans partage le dernier week-end d’août, autant d’années que le parc de Saint-Cloud accueille l’un des derniers grands rendez-vous musicaux de l’été. Une nouveauté en cette nouvelle édition: une quatrième scène histoire d’offrir encore un peu plus d’ampleur au festival parisien. Retour donc sur ce cru 2011, lui aussi rythmé par les averses, auquel il aura manqué le petit quelque chose pour que l’évènement – qui se défend déjà bien – devienne définitivement incontournable.

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Vendredi 27 août

EDWARD SHARPE & THE MAGNETIC ZEROS – BIFFY CLYRO – ODD FUTURE – THE KILLS – FOO FIGHTERS – PAUL KALKBRENNER

C’est la règle à Rock En Seine: il faut arriver tôt pour pouvoir profiter des premiers concerts – souvent parmi les meilleurs – prévus dès 15h. Et déjà les choix s’imposent: ce sera Alexander et sa bande de hippies (Edward Sharpe and The Magnetic Zeros) ou les Smith Westerns. Refroidi par l’idée d’une scène principale trop grande pour les quasi-adolescents, notre (bon) flair nous guide plutôt vers les premiers, qui ont partagé leurs quarante minutes de set entre rappels de leur premier album et titres inédits. Le tout non sans talent, bien que “Home” – tube attachant tant attendu – ait fait pschit en raison d’une interprétation trop lente, manquant cruellement d’énergie. Bonne mise en jambe cependant, même s’il faudra attendre une autre occasion pour connaitre l’orgasme collectif.

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Après avoir succombé aux charmes de leur récent DVD live, il fallait tester Biffy Clyro en chair et en os. Les Écossais, pas encore aussi adulés en France qu’ailleurs, avaient l’opportunité de mettre tout le monde d’accord. Chose dont ils ne se sont pas privés malgré l’horaire précoce. Déjà torses nus pour ne pas avoir à pourrir un tee shirt à coups de sudation généreuse, le groupe décline énergiquement des tubes, certes très orientés teenagers, mais d’une efficacité imparable qui happe dès les premières minutes. “The Captain”, “Glitter & Trauma”, “Mountain”, tous y sont pour souligner le talent de ces musiciens. Assurément un des meilleurs moments de ce vendredi.

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C’est avant tout la curiosité qui nous pousse à aller voir Odd Future en live.Tyler The Creator et ses potes se présentaient un à un sur scène, multipliant les poses pour un joli bordel. Sur disque, le combo a fait ses preuves jusqu’à devenir la nouvelle référence du hip hop US. Mais concrétiser en live n’est pas donné à tout le monde, surtout lors de grands évènements comme celui-ci. En revanche, on retenterait bien dans une salle à l’avenir.

Suivra un moment de creux profond pendant une bonne heure et demi. Les coupables? Les pourtant très bons CSS qui massacreront leur début de concert, et un Kid Cudi en retard et définitivement surestimé. Restait The Kills pour sauver la situation, même si on aurait préféré les voir de nuit. Dave Grohl apprécie le concert depuis l’un des côtés de la scène, note certainement à quel point la guitare de Jamie Hince se fait plus tranchante que jamais, et qu’Alisson Moshart mange de mieux en mieux à la cantine des festivals… “No Wow”, qui leur sert d’intro à chacun de leur concert, se fait redoutable, et fait monter la pression. Manifestement, les titres de leur “Blood Pressures” sorti il y a quelques mois maintenant sont déjà parfaitement rodés sur scène. The Kills n’ont finalement qu’à balancer le reste de leurs tubes pour faire de leur show un bon moment à défaut d’être subjuguant.

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Mais c’est bien la grosse machine américaine, ragaillardie depuis quelques années, que tout le monde attendait au tournant. Avec son attitude de rockeur le plus cool du monde, leur ex-Nirvana de leader se montre généreux, ultra-motivé pendant les deux heures et vingt chansons que ses Foo Fighters reviendront sur leur dernier album, comme sur leurs (déjà) 17 ans de carrière. Apparemment heureux d’être là, Dave Grohl gueule tout ce qu’il peut, et jure qu’il va jouer toute la nuit si on ne les arrête pas. On a failli y croire au moment ou la prestation commençait tragiquement à souffrir de longueurs, notamment en raison d’interminables joutes entre guitaristes et une setlist peut être trop centrée sur les dernières années de leur discographie. Qui donne moins peut plus…

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Avant cela, alors que les Foo Fighters peinaient à conclure, l’Allemand Paul Kalkbrenner avait déjà entamé son set depuis belle lurette. La pluie s’invitant à la fête, seuls les plus férus avaient encore l’énergie de danser.

SAMEDI 28 août

BLACK BOX REVELATION – POLOCK – BLONDE REDHEAD – THE STREETS – DEATH FROM ABOVE 1979 – ARCTIC MONKEYS – ETIENNE DE CRECY

Après un rapide passage sur la scène de la Cascade pour apprécier le rock en duo des Belges de Black Box Revelation, c’est Polock – phénomène pop espagnol déjà largement répandu dans nos pages – qui attirait notre curiosité sur la nouvelle scène du festival. Les “Defenssless”, “Tangerine & Unicorn”, “Faster Love” et surtout “Fireworks” ont confirmé que les ibériques – malgré un léger manque de charisme et de présence du fait de leur jeune âge – méritaient leur nom à l’affiche du cru 2011.

blonde-redheadC’est le moment qu’ont choisi les Blonde Redhead pour définitivement prouver le peu d’intérêt suscité par leur dernier. La scène ne trompe pas, et le contraste est grandissant au fur et à mesure que s’égrainent les tubes de “Mystery Is Butterfly” ou de “23”. “Dr. Strangeluv”, “Doll Is Mine”, “SW”, “Falling Man” sont autant de chansons qui font toujours de Blonde Redhead un groupe unique, particulier, et plaisant bien qu’il ait particulièrement du batailler pour se mettre le public de Saint Cloud dans la poche.

Il en fut tout autrement pour Mike Skinner venu faire les adieux de The Streets à la France suite au désistement de Q-Tip. Paris a donc pu saluer l’un des songwritters les plus doués de ces vingt dernières années. En retour, l’Anglais a donné une véritable leçon d’entertainment, entre création d’un circle pit plus gros que celui d’Interpol (le souhait de l’artiste), et hommage appuyé à Amy Winehouse qu’il avait aussi remplacé il y a quatre ans. “Turn The Page”, “Everything Is Borrowed”, “Fit But You Know It”, “Blind By The Lights”, The Streets a salué ses fans de la plus belle des manières.

Après d’excellentes bribes de Cocorosie et de The Jim Jones Revue en guise de pause, c’est l’heure de Death From Above 1979, reformé depuis le printemps, et toujours aussi puissant. Malgré un son approximatif au démarrage, c’est leur seul et unique album “You’re A Woman, I’m A Machine” qu’ils balancent sans temps morts. La basse obtient finalement la force qui lui convient, tandis que le chant et le jeu d’un batteur enragé font le reste. “Turn It Out”, “Romantic Rights”, “Go Home, Get Down”, autant de bombes increvables que les fans d’Arctic Monkeys – partis se placer pour leurs héros – ont manqué. Ce fut dense, enragé, furieux, nécessaire pour une affiche qui était jusque là restée trop sage.

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Avant la fin des hostilités, Alex Turner et sa nouvelle coupe rockab’ se présentait sur la grande scène pour clôturer la soirée. Devant un public conquis d’avance, Arctic Monkeys n’a pas eu grand chose à prouver, si ce n’est qu’il savait mieux gérer le statut de tête d’affiche que les Foo Fighters la veille. Une heure et demi de show, tous les albums parcourus, et un constat irrévocable: les deux premiers restent toujours les plus appréciés par le public. “When The Sun Goes Down”, “I Bet You Look Good On The Dancefloor”, “Brianstorm” sont toujours imparables et provoquent la liesse, laissant le reste du set face à une réaction plus froide de l’assistance, encore plus évidente en live. Contrat rempli cependant.

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Tradition électronique du samedi soir oblige, c’est Etienne de Crecy, perché sur sa structure cubique pour son show “Beats & Cubes” calé au millimètre, qui transforme le festival en dancefloor. Le français, auquel on pourrait encore reprocher un léger manque de folie, a su faire oublier la fatigue et les jambes lourdes.

DIMANCHE 29 août

THE LA’S – MILES KANE – DEFTONES – NNEKA

Malgré une arrivée sur les mélodies de Simple Plan suivi de près par My Chemical Romance (deux choix de programmation qui feront débat), l’humeur est au calme et au repos. On tente quand même une percée pour The La’s, ces icones brit-pop du début des années 90 qui, malheureusement, ont manifestement très mal vieillis. Brouillons, faux dans leurs interprétations, on a l’impression d’assister à une mauvaise répétition que même “There She Goes” ne viendra pas sauver. L’organisation a du rire jaune en signant le chèque…

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Miles Kane, lui, n’a pas ce genre de problème. Le compère d’Alex Turner au sein de The Last Shadow Puppets fait preuve d’une facilité et d’une sympathie déconcertante sur scène. Il a les arguments pour, son premier album étant une mine d’or de tout ce qui se fait de mieux en matière de brit-pop. L’attitude est là, le look aussi, l’accent du nord de l’Angleterre évidemment… Tout parait presque trop facile pour lui. Du coup, l’Anglais met sans effort tout le public dans sa poche dès la première chanson, et balance les joyaux de son disque que sont notamment “Rearrange” et “Closer”. Presque de quoi repenser à la prestation de son pote la veille.

C’est alors que les bermudas longs, les chaussettes relevées, les vans et autres tatouages de rigueur se ruent tranquillement vers la grande scène pour les rugissements très attendus du jour. Du haut de leurs quinze ans de carrière, les Deftones vont en découdre avec le public. Chino Moreno – à la ligne et à la voix toutes retrouvées – saute et beugle tandis que le batteur martyrise les fûts de sa frappe de mule. Les californiens opèreront de nombreux retours sur les classiques de “Around The Fur” ou “White Pony” pour un concert en véritable bain de jouvence. Dommage seulement que le tout n’ait pas duré plus d’une heure, le groupe ayant largement la place et le répertoire pour jouer plus tard, et ainsi s’offrir une demi heure supplémentaire sur laquelle son public n’aurait pas craché.

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Derrière, il ne fallait pas plus que le concert soporifique de Nneka pour retourner dans nos pénates, quitte à se passer de l’attendue Lykke Li qu’on compte bien revoir un jour. Malgré quelques erreurs de programmation, dans les choix comme dans les horaires, Rock en Seine redonne rendez vous l’année prochaine. On en sera.

Crédits photos: Maxime Dodinet


5 Commentaires
  • Yann
    Posté à 18:50h, 02 septembre Répondre

    Dommage que vous ne parliez pas de l’énorme concert des Archive…
    Puissant, éclectique et bien senti

    • Max
      Posté à 15:16h, 05 septembre Répondre

      Tu as raison Yann, je n’ai malheureusement pu voir que trois chansons du set d’Archive, mais rien à dire, impressionant… Ça méritait d’apparaitre dans la chronoque. Mea culpa.

  • WSN
    Posté à 20:43h, 02 septembre Répondre

    Tiens, c’est surprenant, vous n’êtes allé voir ni Death In Vegas, ni Trentemoller qui restent pour moi de loin les deux meilleurs concerts de cette édition.

    Sinon, je suis d’accord avec ce compte-rendu.

  • Tibale
    Posté à 12:42h, 05 septembre Répondre

    euh les gars :
    Le meilleur concert du festival, c’était Trentemoller !
    Fallait pas aller voir Nneka…

  • Lions
    Posté à 19:49h, 07 septembre Répondre

    Deftones a tout déchiré! Dommage que ça n’ait pas duré plus longtemps. Mais c’était ENORME!

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