On y était! Retour sur Rancid au Trianon (Paris) le 2 août 2012

On y était! Retour sur Rancid au Trianon (Paris) le 2 août 2012

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Annoncée depuis quelques mois déjà, la venue de Rancid – aussi rare soit-elle – était pourtant prévisible. Et pour cause, on aurait forcément mal pris que Tim Armstrong et sa bande nous snobent l’année même ou ils fêtaient dignement leurs vingt ans de carrière. Pour l’occasion, deux dates françaises seulement furent donc apposées sur leur calendrier: le 28 juillet à Selestat pour le Festival Lez’Arts Scéniques, et ce 2 août au Trianon de Paris.

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A voir l’excitation qui régnait sur le boulevard Rochechouart au moment ou Salvation City Rockers et Evil Conduct finissaient de mettre la salle sur de bons rails, il ne faisait plus de doute que le concert de Rancid prenait des allures d’évènement. Et pour cause, le quatuor – passé entre temps par un changement de batteur en 2006 – n’avait plus mis les pieds dans la capitale depuis dix ans, dans ce même Trianon, peu de temps avant qu’il ne sorte « Indestructible », le sixième des sept albums que compte désormais sa discographie. Un laps de temps qui laissait place à toutes les interrogations: que vaut désormais Rancid sur scène? Tient-il encore dignement son statut de légende ou aurons-nous seulement droit à ce qui pourrait être le dernier défilé de dinosaures pathétiques sans cesse ressuscités par la frange la plus nostalgique de leurs fans?

Le doute n’aura pas résisté longtemps. Tapis dans l’ombre, sur le côté de la scène, le groupe n’attendait qu’une chose: qu’on le lâche devant son public parisien tel un vieux fauve bien décidé à prouver qu’il pouvait encore se montrer féroce. Et il a beau avoir récemment fait savoir qu’il préparait un nouvel album, il ne fallait pas s’attendre à un quelconque nouveau morceau dans cette salle pleine comme un oeuf qui, malgré un prix d’entrée tout sauf punk (36 euros), aura manifestement convaincu quelques puristes de retarder de quelques jours leur départ en vacances. Non, en ce 2 août, c’est le passé qui était plus que jamais à l’honneur, laissant le Trianon se faire la coquille d’un best of digne d’un vingtième anniversaire.

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Entrant seul en scène accompagné de Branden Steineckert, Tim Armstrong lançait les hostilités sur « Radio » avant d’être rapidement rejoint par Lars Frederiksen et Matt Freeman pour ramener illico les heureux présents deux décennies en arrière. Et ne plus jamais les laisser revenir. Dès lors, Rancid a enchainé ses classiques, faisant notamment la part belle aux incontournables de son tout aussi indispensable « And Out Come The Wolves » (une dizaine de titres parmi lesquels « Roots Radicals », « Time Bomb », « Olympia WA », « Old Friend »), l’album qui lui a offert une forte médiatisation, qui s’est vendu par millions, souvent accusé par les fans les plus intègres d’avoir fait chavirer leurs idoles dans le monde des ringtones.

Mais l’infatigable Lars Frederiksen comme un Tim Armstrong en bonne forme bien qu’un peu plus « lourd » que par le passé avaient apparemment à coeur de parcourir l’intégralité de leur oeuvre. Du coup, les morceaux les plus récents (« Last One To Die », « East Bay Night ») ont sans mal côtoyé d’autres plus anciens exécutés avec une conviction intacte (« Salvation », « Bloodclot »), pied au plancher pour le plaisir de quelques crêtes bien entretenues (« Dead Bodies », « Nihilism », « Adina »), et à contre-temps à l’attention des skinheads présents dans le public (« I Wanna Riot », « Red Hot Moon », « Hooligans »…).

Privilégiant toujours le jeu aux longs discours, Rancid n’a pas non plus manqué de laisser son public s’exprimer, par la parole en le laissant reprendre quelques titres en choeurs (« The Way I Feel », « Olympia WA », « Hoover Street », « Fall Back Down »), ou quand son viking de guitariste – avant de lancer « It’s Quiet Alright » – a fièrement rappelé en guise d’invitation que le « circle pit » (pogo circulaire) était né en Californie. Ne manquait plus alors que l’attendu « Ruby Soho » pour sonner l’heure de la communion, clôturer la soirée, et garder dans le creux de l’oreille le souvenir d’avoir vu un Rancid de vingt ans d’âge, aussi intemporel que digne.

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1 Commentaire
  • slamuel
    Posté à 12:54h, 09 août Répondre

    Le précédent passage de Rancid a eu lieu en 2003 à l’Elysée Montmartre (et aussi en 1998 à la Boule Noire).
    J’ai trouvé Armstrong un peu absent, gratouillant de temps à autre une guitare pas forcément branché et un public énervé mais vieillissant (comme le groupe); Mais les classiques sont nombreux et d’une valeur inestimable.
    Enfin oui 36 euros, c’est cher pour un concert rock, quoi qu’il en soit (d’où peut être l’absence de jeunes désormais).

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