On y était ! Retour sur le Lévitation France 2015

On y était ! Retour sur le Lévitation France 2015

Représentant hexagonal du célèbre festival d’Austin consacré aux musiques psychédéliques, le Lévitation France sabrait, en septembre à Angers, sa troisième édition dans la salle emblématique de la ville, le Chabada. Depuis cet axe Texas-Maine-et-Loire, on vous raconte deux jours de concerts qui démontrent, année après année, les bienfaits du jumelage et les nombreuses variations autour d’un psychédélisme aux formes opaques et à la définition plus incertaine que jamais.

Vendredi 18 septembre 2015

Partis du centre ville, on arrive au Levitation en fin d’après-midi, pour le premier concert du festival. Face à l’entrée du club, c’est sur la scène extérieure que des enfants du cru, The Blind Suns, ouvrent les hostilités. Sous leur impulsion, elles seront douces, bardées de soleil, de shoegaze, et d’une pointe de surf music. Changement de registre pour le second concert, le premier à l’intérieur de la jolie salle du Chabada. La new-yorkaise Noveller (photo ci-dessus), seule sur scène, nous dévoile l’une de ses deux casquettes (elle est aussi réalisatrice), à coups d’atmosphères toutes plus ou moins associées au désert Mojave, et de pédales d’effets toutes plus ou moins liées à une conception personnelle du voyage stellaire que nous pourrons tous faire d’ici 50 ans (mais si, mais si, vous verrez).

Après cette jolie montée, nous voilà ramenés sur Terre par les solides buchettes que nous administre avec application le duo canadien Solids. Une guitare, une batterie, et deux compères qui font un très beau boulot pendant 40 minutes lovées entre Japandroids et Dinosaur Jr. A l’issue de leur prestation, on fait le chemin inverse, ou nous attend dans le noir le concert des finlandais de K-X-P (photo ci-dessous). Dissimulés sous de longues capes sombres, les trois compères exécutent leur krautrock nordique avec le doigté de ceux qui en connaissent un rayon (ils sont sur l’affaire depuis trois albums). Maitrise total et ambiance captivante pour le premier grand concert du festival.

Sortis de là, on peine à retrouver ses esprits devant les espagnols de Svper, pour s’effondrer ensuite devant les très pénibles Indian Jewelry qui se donnent un mal fou à brasser du vide, entre poses et post-punk prétentieux. Heureusement que l’enthousiasme de King Khan & The BBQ Show se charge de nous remettre d’aplomb avant que des croquettes de porc à la moutarde ne nous relancent tout à fait. A peine le temps de digérer que l’on doit déjà repartir pour les californiens de Wand, auteurs d’une jolie prestation. On y décèle beaucoup de bonnes choses, dont un cordon ombilical presque rompu avec Ty Segall et John Dwyer. Encore un petit effort les mecs, vous y êtes presque. Changement de registre ensuite pour le set de Blanck Mass. La moitié de Fuck Buttons électrise une foule plus restreinte avec son mélange de techno et de noise qui tranche radicalement avec le reste de la programmation de ce premier jour. En revanche, pour les quelques conquis tombés sous le charme, l’addiction est totale : mention spéciale aux deux possédés qui se rueront au premier rang pour se déhancher avec une vigueur désarmante. On part avant la fin, dans le but de se dégoter une place de choix pour l’événement de la soirée: le concert des Melvins. Et il n’y a qu’ a observer à quelle vitesse la salle se remplit pour se rendre compte qu’après 30 ans de carrière et l’essorage d’une dizaine de bassistes, King Buzzo et Dale Crover imposent toujours autant le respect. Accompagnés du duo Big Business, leur prestation conclue la soirée avec force, même si on chipotera sur ces deux batteries qui cassent parfois l’élan de certains morceaux par excès de zèle. Trois fois rien, mais voila, c’est dit.

Samedi 19 septembre 2015

Le lendemain, retour sur les lieux autour de 19h. Une arrivée tardive qui nous fera bêtement rater le live (apparemment excellent) des manceaux de The Dead Mantra. Du coup, on s’engouffre dans le Chabada pour le concert de Destruction Unit. Premier concert de la journée, et le meilleur du festival. Six mecs sur scène qui oscillent entre airs hostiles et sourires carnassiers, tous attablés autour d’un seul long grand riff qu’ils tronçonnent et amplifient au gré de leurs humeurs. Le résultat est monstrueux, depuis le volume jusqu’à l’interprétation de cette bande de salopards qui s’arrêteront aussi brusquement qu’ils ont commencé. On en sort estomaqués, retrouvant un peu de goût dans la bouche à l’écoute des douces berceuses proposés par les suédois de Death & Vanilla.

L’envoutement se poursuit avec Flavien Berger qui évoque entre chaque morceau les différents sujets tombés de son imagination fertile : une fête noire, des amants à la bouche serrée, ou encore un sous-marin bleu. Autant d’histoires que le parisien s’évertue à rendre intimistes, à l’image de cette percée dans le public lors des derniers moments de son concert. Après cette brève communion, on regarde de loin la prestation argentée des Lumerians (photo ci-dessus) qui gesticulent à grands bruits dans leurs costumes de lumière. Une fois les paillettes envolées, place à Tess Parks et Anton Newcombe qui brillent eux aussi, mais par leur sobriété. Avec son psychédélisme sage, ponctué de quelques touches d’americana, la jeune chanteuse de Toronto fait des merveilles, discrètement soutenue par un Newcombe méconnaissable, qui s’efface ici avec grâce pour ce qui restera comme le concert le plus touchant de cette édition.

Il ne reste alors plus que quelques artistes avant la cloture : notamment Dungen qui sort la flute d’Hamelin et les histoires folkloriques suédoises pour apaiser les derniers festivaliers, avant de les conquérir complètement en leur envoyant les plus beaux soli de guitare de ces deux jours. Enfin, c’est l’heure de l’ultime concert avec la belle Mélodie Prochet et son projet pop Melody’s Echo Chamber. La jolie langueur de ces derniers morceaux captive les oreilles des quelques irréductibles encore présents. Une manière de conclure en douceur pour le Levitation qui aura souligné, durant deux jours, toute la qualité de sa programmation, rivalisant sans mal au sein du cercle toujours plus large des festivals de musiques psychédéliques du Vieux Continent. Avec de tels arguments, nul doute que l’avenir s’annonce radieux pour le Texas, la France et Angers.

Crédit photos: Nicolas Meurillon

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4 Commentaires
  • DKPulsor
    Posté à 11:34h, 26 septembre Répondre

    Dis-donc, t’aurais pas zappé Wire par hasard ? Perso, après leur set samedi soir, les deux qui ont suivi (Dungen et Melody’s…) m’ont semblé – au mieux – d’une infinie fadeur.

    • LudFrog
      Posté à 19:11h, 26 septembre Répondre

      Comment oublier Wire mon cher DK! Ils n’y étaient pas! C’est faux!

      • DKPulsor
        Posté à 02:09h, 07 novembre Répondre

        Certes… J’ai dû rêver… 😉

  • lopez bernard
    Posté à 12:18h, 26 septembre Répondre

    Dommage pour l’arrivée tardive du samedi, avant Dead Mantra il y avait en ouverture Jim Younger’s Spirit. Une petite précison, la salle était comble au début du set de Mélody et c’est peu à peu vidée pour cause de chanteuse sans voix.

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