Interview – Refused, poing en l’air et fleur au fusil

Interview – Refused, poing en l’air et fleur au fusil

Je déteste écrire à la première personne, je trouve ça prétentieux et mégalo. Seulement, Refused allant pour moi bien au-delà de la banale affection, il me fallait exceptionnellement écorcher ce principe. Parce que voilà maintenant trente ans que Dennis Lyxzen a choisi de faire de la musique sa vie, et bientôt vingt que sa trépidente carrière s’impose comme le fil rouge de mes activités passionnées. En 1998, alors que je n’étais qu’un jeune loup du fanzinat se laissant bercer plus que de raison par tout ce que le punk et le hardcore pouvaient enfanter, c’est sur la bonne foi d’un magazine français crédible de l’époque – R.A.G.E. pour ne pas le citer – que j’extirpais ‘The Shape of Punk to Come‘ des bacs d’un Silence de la Rue encore situé dans le 18ème arrondissement parisien. La moyenne d’âge de Refused était alors à peine plus vieille que moi, mais déjà ces mecs chamboulaient à eux seul les codes du hardcore, renversant par la même occasion tout ce que j’avais pu écouter jusque-là des musiques électriques. Insaisissable aux premières écoutes, c’est avec le temps que ce disque a pris toute son évidence. Quand j’ai aussi pris conscience qu’il pouvait interpeller bien au-delà des amateurs de rock.

Tout ça pour dire qu’échanger quelques mots avec Dennis Lyxzen, l’ajouter aux rencontres mémorables de Fugazi, d’At The Drive In et tant d’autres ayant ponctué vingt ans à servir la cause de Bokson puis de Mowno, restait pour moi comme un rêve de ‘gosse’ à réaliser alors que, depuis toujours, le bougre me filait systématiquement entre les doigts: Refused était mort bien avant que je mesure l’ampleur de son chef d’oeuvre, chaque venue parisienne des groupes que le suédois mena de front par la suite se soldait par l’impossibilité d’une interview, un planning désynchronisé, ou par une discussion – intéressante néanmoins – avec un de ses acolytes. Et ce n’est pas le pataquès provoqué par la reformation du groupe qui redonnait confiance en mes aspirations.

Jusqu’à ce mardi 1er décembre ou Refused revenait sur scène, à Paris, pour défendre ‘Freedom’, un nouvel album ayant la lourde tâche de prendre le relais de l’histoire. A vrai dire, l’idée d’une interview ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Tout juste me motivais-je à retourner pour la première fois dans une salle de concert depuis les tristes attentats qui ont blessé Paris. Puis un mail est tombé, me proposant de rencontrer Kristofer (guitare) et David (batterie) pour une entrevue de trente minutes. Aussi sympathiques soient ces deux garçons, l’histoire ne pouvait décemment pas se répéter une fois encore. Réponse, négo, bingo : c’est d’accord pour Dennis Lyxzen, mais seulement pour quinze minutes montre en main. Deal! Sympathique et affable, l’icône hardcore se montre tel qu’il est sur scène : humble malgré tout, humain, passionné, et généreux. Je gratte même dix minutes supplémentaires et, au sortir des loges confortables du Trianon, une furieuse envie – s’il n’était pas encore trop tôt – de citer l’illustre Thierry Roland un soir d’intense joie de juillet…1998.

Vous n’avez rien communiqué sur votre page Facebook suite aux attentats de Paris, ce qui est assez surprenant étant donné le caractère plutôt engagé de Refused. Est-ce parce que vous considérez que les torts sont partagés en raison de la politique étrangère de la France ?

Dennis Lyxzen : C’est bizarre parce qu’il ne fait pas de doute que la politique étrangère de la France et de l’Union Européenne, y compris celle des Etats Unis, a sa part de responsabilité dans la crise au Moyen Orient. C’est acté. Après, il y a déjà eu tellement de manifestations, tellement d’entraide… Nous avons simplement pensé que venir à Paris et jouer, ne pas annuler, serait notre façon à nous de manifester notre soutien. C’est délicat parce les gens ont été si bouleversés par ce qui est arrivé dans leur pays… Venir, en parler directement avec eux, était pour nous la meilleure chose à faire. C’est horrible, la dernière fois que nous sommes venus à Paris, c’était pour jouer au Bataclan. Après le concert, on a passé trois heures dans le café, à discuter avec nos amis, à manger… J’étais vraiment dévasté quand j’ai appris ça. Je ne vis pas à Paris, mais j’ai beaucoup d’amis ici, j’y ai joué, j’ai beaucoup de potes en commun avec les Eagles of Death Metal… La musique a toujours été une sorte d’échappatoire au monde extérieur, elle permet de faire des rencontres, de partager du bon temps, de faire abstraction des petites merdes de la vie. Donc c’est vraiment effrayant quand ce genre de chose arrive ‘chez toi’. C’est pour cela que nous sommes là. Pour danser, pour jouer, pour parler aux gens, pour tenter de savoir pourquoi ce genre de chose est devenue possible. Il y a des explications politiques à cela, mais pas seulement : tout n’est pas tout noir ni tout blanc.

Ce soir, beaucoup de personnes du public retourneront pour la première fois dans une salle, avec forcément ce qui s’est passé dans un coin de la tête. Qu’as-tu à leur dire ?

Pfff… Je pense à ça depuis maintenant deux semaines. La seule chose que j’aurais à leur dire, c’est que c’est notre espace à nous, qu’on ne peut pas le laisser à ces idiots qui ont essayé de nous le prendre. On doit être ici et prendre soin les uns des autres. Ça, c’est la base de tout. Je pense que c’est ce que je vais leur dire. J’ai beaucoup pensé à ça, parce que je suis obligé d’en parler. Mais c’est dur, parce que c’est encore tout frais. Ça me rend assez nerveux à vrai dire. On verra bien.

Il y a dix-sept ans, la police arrêtait votre dernier concert. Aujourd’hui, elle est là, quelque part, pour vous protéger vous et vos fans. On marche sur la tête ?

Je suppose… Même si la police ne sait sûrement pas quel genre de groupe nous sommes (rire). C’est bizarre en effet, mais je comprends ce qui se passe actuellement. Tout le monde est un peu nerveux. On aurait jamais imaginé cela avant, la musique a toujours été autonome vis à vis de ce genre de chose. Lors de la plupart des concerts que nous avons fait, il y avait à peine quelques vigiles, seulement quelques mecs à la porte, c’est tout ! C’est un peu étrange, mais les circonstances font qu’on peut comprendre.

Parlons un peu de Refused maintenant. Est-ce que ton hyperactivité musicale a pu freiner la reformation du groupe ?

Non, la reformation est arrivée au moment où il le fallait. Nous étions tous dans la même ville, nous n’avions rien à notre agenda pour l’année 2012… Personnellement, j’ai toujours été très actif et, au contraire, peut être que cela a facilité les choses. La vie, c’est comme un puzzle, il fait toujours tenter de faire coïncider les morceaux.

La reformation de Refused a fait débat il y a trois ans. Penses-tu que vous avez souffert de celles qui faisaient l’actualité musicale à ce moment-là ? Est-ce que vous avez trouvé la motivation dans le fait que certaines autres étaient beaucoup moins justifiées que la vôtre ?

Je ne compare pas les groupes entre eux. Certains se sont reformés aussi, et avaient sûrement de bonnes raisons de le faire. C’est pareil pour nous. Si les gens en ont beaucoup parlé, tu peux être sûr que nous en avons parlé dix fois plus entre nous avant de prendre notre décision. Nous avons énormément échangé avant même de répéter. Qu’est-ce que ça va vouloir dire ? Quelle gueule cela va avoir ? Comment allons-nous faire ? Comment les gens vont-ils réagir ? Nous sommes ainsi, très théoriques. Nous n’avons donc pas prêté attention aux autres reformations. Je sais que nous avons agi pour une seule et bonne raison : parce que nous avions vraiment envie de rejouer ensemble. Et ça a été fantastique. Selon nous, il y a comme un legs de Refused. Tu sais, ce truc : ‘les flics ont arrêté leur dernier concert, ils ont splitté avant que leur disque devienne gros‘… Tout cela a fait que, pendant longtemps, on a eu comme l’impression que toute cette histoire n’était pas la nôtre. Les gens me parlaient de Refused alors que je n’étais plus du tout connecté au groupe. C’était très étrange. Kris, notre guitariste, a eu les bons mots pour ça. Il a dit : ‘c’est bizarre, on m’interpelle et me considère comme une légende alors que je suis au chômage et que je dois me débrouiller pour bouffer‘. Mais ce qui est beau, c’est qu’alors que Refused était considéré comme de l’histoire ancienne, nous avons décidé qu’il en serait autrement, et ça nous a fait beaucoup de bien de reprendre possession de notre musique, d’écrire nous-mêmes la suite de l’histoire. De prendre la décision d’enregistrer un nouvel album aussi. Fuck you, il s’agit de NOTRE groupe, NOUS décidons de ce que NOUS allons faire, NOUS décidons de la façon dont cela va sonner. Personne d’autre.

Justement, j’allais te demander s’il avait été frustrant pour vous de voir ‘The Shape of Punk To Come’ devenir légendaire après le split du groupe. Je suppose que la réponse est ‘oui’ donc…

Oui, ça l’a été. C’était très bizarre. Tu sais, quand je tournais avec The (International) Noise Conspiracy avec qui on composait pourtant de bons morceaux, les gens venaient me voir à la fin des concerts et me disaient toujours : ‘c’était un super concert, j’adore Refused‘. Parfois, ça devenait même un fardeau. Quand je rééditais un disque, on me parlait tout de suite de ‘The Shape of Punk to Come’. Je répondais : ‘Non, c’est l’album d’un groupe avec qui je jouais il y a quinze ans, ça suffit !‘. Même quand nous avons sorti le dernier album de INVSN, Refused arrivait dans la conversation alors que le seul point commun qui existe entre les deux, c’est ma présence. Pourtant, j’étais heureux, je me disais que, pour la première fois, personne pourrait comparer un de mes disques à ‘The Shape of Punk to Come’.

Tu dois quand même avoir conscience que cela te suivra toute ta vie…

Oui, bien sûr. C’est une des choses auxquelles j’ai beaucoup pensé. Qui que nous soyons, il y a toujours plusieurs éléments qui nous définissent pour la vie toute entière. Me concernant, il s’agit de l’endroit où j’ai grandi, cette petite ville du Nord de la Suède. Ça peut expliquer beaucoup de ma personnalité. Et puis il y évidemment le hardcore et Refused. Si le groupe se sépare demain, que je me rassois ici dans vingt-cinq ans, tu peux être sûr que Refused arrivera dans la conversation. J’en suis absolument certain. Pendant longtemps, j’ai détesté cette idée. J’étais dans d’autres groupes, je ne voulais plus en entendre parler. Mais c’est une partie de moi, une partie de l’héritage que je laisserai, donc je dois l’accepter.

Je sais que Fugazi est un groupe que tu adores. Ils se sont toujours considérés en hiatus plutôt que définitivement séparés, pourtant ils n’ont jamais cédé aux sollicitations. Après avoir passé cette période de reformation, comprends-tu leur réticence ?

Non mais tu sais, la période de reformation a été fantastique pour nous. On a pris beaucoup de plaisir ensemble, tellement qu’on a décidé de continuer! Au départ, il était question de faire une dizaine de concerts pour offrir aux gens ce qu’ils voulaient depuis longtemps. Puis, quand on a commencé à répéter, on a trouvé ça bon, et au final on a fait 84 shows en 2012. 84 au lieu de 10. A la fin de cette tournée, nous étions fatigués mais on a décidé de prolonger. Pendant longtemps, nous n’avons rien voulu entendre alors que nous avions tout le temps des offres et que le public nous tannait sans cesse. Tu sais, quand nous nous sommes séparés, ça a pris une tournure très dramatique: j’ai écrit un putain de manifeste, nous étions catégoriques sur un non-retour, et nos amis nous disaient que nous avions complètement raison… Puis, on a tous grandi, ces mêmes potes ont commencé à nous dire que ce serait cool de nous revoir ensemble, ce qui nous énervait parce qu’on aurait préféré qu’ils soient de notre côté à ce moment-là. ‘Fuck Refused, on ne va pas céder‘, disait-on (rire). Puis on a réalisé que ce qui te tient le plus à coeur quand tu montes un groupe, c’est que les gens écoutent ce que tu as à leur dire, qu’ils aiment ta musique. Pendant un moment, on a pensé que nous étions assez intègres pour ne pas céder. Mais, cette position est devenue stupide, presque arrogante finalement. C’était de la fierté, alors que tout ce dont tu rêves quand tu montes un groupe nous tendait les bras. Nous étions des trous du cul ! On a donc changé d’avis… Mais… J’adorerais revoir jouer Fugazi. J’ai eu la chance de les voir trois fois et, aujourd’hui, ils restent un des plus grands groupes des années 90. La prochaine fois que je vois Ian, je lui mettrai la pression (rire). Pour tous les gens qui aiment la musique, ils devraient revenir.

Quelques mois après la sortie de ‘Freedom‘, quelles leçons avez-vous retenu de la réaction du public ?

(rire) Il y a une chose à laquelle j’ai pensé, et qui est drôle. Quand nous avons sorti ‘The Shape of Punk to Come’, beaucoup de personnes ne l’ont pas aimé, notamment le public hardcore qui nous avait trouvé prétentieux. Mais la musique évolue et change au fur et à mesure que tu l’écoutes. Puis tu la comprends. Il ne faut pas oublier que, quand c’est sorti, il n’y avait pas Facebook, pas de fils de commentaires. Nous n’avions donc que les avis de quelques amis qui nous disaient qu’ils ne le trouvaient pas terrible. Ce qui est instructif, c’est la réaction immédiate que les gens peuvent avoir. Si tu détestes notre disque et que tu postes quelque chose sur un site internet, tu ne peux plus revenir en arrière, même si tu te rends compte que tu as eu tort. C’est le risque de poster un commentaire quand tu écoutes seulement quelques secondes de chaque morceau, en zappant sur Spotify. Nous vivons une autre époque. C’est étrange, les gens ne donnent plus le temps nécessaire aux musiques qui demandent à être comprises au fil des écoutes. Nous, on savait que ‘Freedom’ était dans ce cas précis. Tu dois l’écouter plusieurs fois pour rentrer dedans.

A la fin des années 90, Refused n’était pas du tout un groupe lucratif, ce qui fait que vous n’aviez rien à perdre en la jouant jusqu’auboutistes. Maintenant que ce n’est plus le cas, penses-tu que cela ait pu avoir inconsciemment un impact sur la composition des morceaux ? Même question maintenant que vous êtes plus un groupe qu’une somme d’égos ?

Mmmm… On a toujours composé sans contrainte, même si on a toujours gardé certaines choses à l’esprit. Nous ne sommes pas stupides, nous savons ce que les gens apprécient chez Refused. Il n’était donc pas question de changer totalement de direction. ‘Freedom’ est un nouvel album de Refused, lourd et politique, agressif avec beaucoup de riffs. Mais tu ne peux pas seulement faire de la musique pour les autres. Il n’était pas question de refaire ‘New Noise’ vingt fois pour satisfaire tout le monde. Pour moi, la musique a toujours été une façon de me défier moi-même, mais aussi de défier le public. Mais je peux comprendre : si tu es fan de Terror, et que Terror finit par sonner comme Death, je peux envisager que tu ne sois pas super excité, du fait que ça ne corresponde plus vraiment à tes goûts. Dans mon esprit, l’être humain évolue, les esprits changent, et tu te fixes de nouveaux challenges. Pour moi, c’est très important. Ça te fait perdre des gens, et ça t’en fait gagner aussi. Mais je ne suis pas idiot, je sais pourquoi les gens réagissent de telle ou telle façon. Je sais ce qu’ils écoutent, ce qu’ils aiment…

Tu as dit que vous aviez été amenés à changer certaines choses pour devenir le ‘groupe de festival’ que vous êtes aujourd’hui. Qu’avez-vous modifié concrètement ? S’agissait-il de frapper plus fort et d’accentuer la gestuelle (rire) ?

J’ai toujours eu un jeu de scène très énergique (rire). Quand on s’est séparé, nous n’étions pas un grand groupe. On jouait dans des caves, dans des squats, des endroits autogérés… Quand tu te retrouves sur une grande scène, avec une sono et des retours, tu dois forcément changer ta manière de jouer en groupe. C’est quelque chose qui s’apprend. Quand on a fait nos deux premiers concerts, dont le premier devant 250 personnes à Umeå, c’était super cool. Puis on a enchainé avec Coachella, et là les gars chiaient dans leur froc parce que ça ne sonnait plus pareil sur une scène quatre fois plus grande qu’avant. Il a donc fallu apprendre à couvrir tout cet espace. Pour moi, c’était plus naturel parce que j’avais tourné avec The (International) Noise Conspiracy avec qui j’ai joué sur de grandes scènes. Je n’étais pas dépaysé, j’étais nerveux mais eux l’étaient beaucoup plus que moi quand je les regardais. Il n’y a donc rien de concret, si ce n’est qu’on a quand même modifié quelques petites parties des morceaux quand on a répété en 2012. Les fans ne s’en sont pas forcément aperçus, c’était seulement dans le but de nous adapter à de plus grandes salles, d’être encore plus puissants encore, et de refléter ce que nous sommes aujourd’hui.

Les crises économiques s’enchainent, la France doit faire face à l’afflux de migrants, à la montée du nationalisme, maintenant du radicalisme… Est-ce que tout cela amène de l’eau à ton moulin ? Quel message souhaiterais-tu délivrer à nos lecteurs ?

Tu sais, ça va bientôt faire trente ans que je fais de la musique et que j’écris des paroles. Et tout va toujours en empirant. Mais cela maintient une sorte de motivation, ça te pousse à ne pas lâcher. Au moment d’écrire ‘Freedom’, il a vraiment été question de voir et d’analyser le monde qui nous entoure, de voir comment il est, de déceler ce qui y est important. Bien sûr, c’est facile d’être en colère quand tu vois la tournure que prennent les choses. Voilà le truc : pour moi qui suis un artiste, la politique a toujours été quelque chose d’onirique. Je ne suis pas un politicien, je n’ai pas forcément de réponse à tout, seulement des idées sur ce que j’aimerais voir, sur le monde comme j’aimerais qu’il soit. En tant qu’artiste et musicien, on peut seulement inspirer les autres par le biais de nos idées, de nos opinions. On peut passer deux heures ensemble ce soir, avoir du bon temps, oublier la folie qui nous entoure. C’est ça qui est puissant avec la musique. Ce que j’adore dans le fait de faire partie d’un groupe, c’est que je me suis fait pas mal d’amis dans le monde entier durant les trente dernières années. Ils jouent dans des groupes, ou organisent des concerts, ou nous interviewent, puis on reste en contact et on devient potes ! Par exemple, j’ai un ami new yorkais qui réalise un film sur les droits des immigrants aux Philippines. C’est un punk, mais il fait ça. C’est super enthousiasmant de vivre ces moments-là sur la route : les gens puisent dans nos idées, s’en inspirent pour faire des choses à leur tour. C’est fantastique ! J’aimerais vraiment avoir plus de capacités que celles de chanter et danser, mais si ça peut au moins générer ce genre de réactions positives, c’est une très bonne chose.

Est-ce qu’il y a des désirs musicaux que vous n’auriez pas encore explorés avec Refused, et qui pourraient émerger à l’avenir ? D’ailleurs, Refused est-il de retour pour un bon moment maintenant ?

Je l’espère! C’est notre ambition en tous les cas, mais tu ne peux jamais savoir quand il s’agit d’un groupe de personnes. On veut continuer à faire de la musique, continuer à jouer ensemble. La reformation a été fun et étrange à la fois, parce qu’il s’agissait d’une reformation : on jouait d’anciens morceaux que les gens attendaient vraiment de voir sur scène. Maintenant, nous voulons vraiment être un groupe contemporain, nous voulons parler de ce qui se passe actuellement dans le monde, écrire des morceaux à ce sujet, et partir en tournée. Ça va te paraitre totalement évident, mais j’adore la musique, et il y a tellement de choses que nous n’avons pas encore essayé, tant de trucs que nous n’avons pas encore faits, tellement de textes à écrire encore… Pas seulement avec Refused, mais aussi avec tous les projets que nous avons. La musique a ce truc fantastique, c’est qu’elle vient de nulle part : c’est une idée qui germe dans ta tête puis qui se concrétise. Tant que nous aurons des idées, de l’imagination, tant que nous serons curieux, il y aura de nouvelles musiques. Ça fait trente ans, mais j’ai l’impression d’apprendre constamment, à tous les niveaux. J’essaye sans cesse de m’améliorer, de mieux chanter, de mieux composer… Je veux continuer encore très longtemps. Tu n’imagines pas le nombre d’idées que j’ai, que je n’ai pas encore accomplies. En ce moment, je travaille sur un nouvel album de INVSN qu’on enregistrera en février-mars, puis on se penchera certainement sur Refused de nouveau.


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