Interview : Fingathing (07-2004)

Interview : Fingathing (07-2004)

Comment présenteriez vous votre musique à quelqu’un qui ne la connaît pas du tout?

Sneaky: Venir et assister à un concert de Fingathing est vraiment la meilleure chose pour tout comprendre d’un coup. Je compose avec Peter Parker et nous utilisons uniquement des platines et une contrebasse électrique. Chris Drury intègre des visuels directement à partir de la musique.

Pouvez vous nous dire brièvement comment le groupe s’est rencontré?

Sneaky: Parker et moi, nous nous sommes rencontrés en 1997 en jouant au sein de Rae & Christian. Nous avons commencé à jouer tous les deux en répétitions pendant que les autres faisaient une pause café où écoutait ce que nous faisions avec de grands sourires. J’ai joué une ligne de basse que j’avais à l’esprit et Parker y a posé un beat. Ca a donné notre premier titre (“Ffathead”) que nous avons ensuite enregistré pour notre premier album.

Ce nouvel album est plus profond et plus riche que les précédents. Etait ce avant tout pour ne pas vous répéter?

Sneaky: Je pense juste que nous nous améliorons et que nous nous donnons beaucoup plus dans le processus de composition. Cela se répercute sur le résultat final qui évolue constamment. Nous ne collons pas à un genre particulier et ne le voulons pas. Cela nous laisse beaucoup de portes ouvertes pour explorer divers styles que nous souhaitons aborder.

Comment jugez vous vos premiers albums avec quelques années de recul?

Sneaky: Je continue de les apprécier, certains titres peuvent être plus que d’autres. Avec maintenant trois albums, l’évolution est facilement palpable et chacun des albums en est une étape.

Vous n’échappez pas à la comparaison avec Dj Shadow. Fait il partie de vos influences? Quels artistes vous ont donné goût à la musique?

Sneaky: Dj Shadow est définitivement une influence, c’est quand même celui qui a le plus marqué son art. Une telle maîtrise du sampler comme principal instrument est incontestable. Son utilisation des samples est très musicale et est devenue ainsi très personnelle. Nous avons un peu la même approche sauf que nous utilisons beaucoup moins de samples que lui dans nos morceaux. Nous aimons recréer, construire nos propres mélodies, harmonies, contre temps avec de véritables instruments traînant dans le studio. Quant aux artistes qui m’ont inspiré, je pourrais citer David Axelrod, Ron Carter, Francois Rabbath, Johnny Harris, Roy Budd, Madlib, Rjd2, Ennio Morricone, Ray Bryant, Marc Moulin, Elgar, Pixies, Nick Drake, Pink Floyd, Jimi Hendrix, Sly And The Family Stone, Thelonius Monk, Nina Simone, Donny Hathaway, Stevie Wonder, Mussorgsky, The Jb’s, Galt McDermot et bien d’autres…

Votre discographie est en fait une histoire en plusieurs chapitres. Pourriez vous nous la conter brièvement? Est-ce une histoire sans fin?

Sneaky: Eh eh, tu aimerais bien… C’est juste une histoire qui se construit au fur et à mesure que nous avançons dans ce joyeux voyage.

Chris Drury: Heureusement, elle finira en même temps que nous. Cette histoire est bien trop complexe pour en parler brièvement. Disons que dans dix ans, nous en ferons un dessin animée et là vous pourrez tout mettre bout à bout et comprendre.

Nous n’avons jamais entendu de MCs sur votre musique. Est-ce quelque chose que vous prévoyez pour les prochains albums?

Sneaky: Pas avant que nous rencontrions quelqu’un qui se présente comme la personne idéale et qui pourrait très bien s’intégrer au crew. Peut être que plus tard nous aurons des projets parallèles avec des MCs mais ce n’est pas du tout notre ambition pour le moment. Nous avons déjà bien assez d’idées entre nous.

Comment expliquez vous le formidable essor du hip hop anglais depuis quelques années?

Sneaky: Je pense que c’est juste du au fait que nous faisons dorénavant notre propre son. Si tu arrêtes d’imiter les américains pour essayer et créer quelque chose qui te représente vraiment, cela donne forcément de bons résultats.

Avez vous une petite anecdote de tournée à nous raconter?

Sneaky: Je vais saisir cette opportunité pour incendier le personnel des aéroports qui ne font pas attention aux bagages. Ce sont des bâtards! Désolé, mais j’en ai marre de voir mon instrument auquel je tiens beaucoup constamment endommagé lorsque je l’inspecte à la fin d’un vol. L’autre semaine, une fois arrivé à Toulouse, je me suis aperçu que mon manche était brisé et remis en vrac dans mon étui. Mon coeur a rétréci d’un coup. Heureusement, j’en avais un de rechange et j’ai pu assurer le concert. Ce n’est pas une anecdote marrante mais cela transforme parfois les tournées en business risqué. Mais à part cela, c’est fabuleux.

Chris Drury: Sneaky a renversé le tour bus sur sa contrebasse il y a pas longtemps…

L’identité graphique de Fingathing est très forte. Est-ce quelque chose de très important pour le groupe?

Chris Drury: Plus que tout, cela me donne une raison d’exister. C’est une manière de mettre tout cela en scène, c’est un lien entre le produit que tu vois dans les magasins et le concert. Les graphiques racontent beaucoup de petites histoires. Dans quelques années, quelques fans de Fingathing seront capables de voir la connexion entre les personnages et les morceaux et la raison d’exister de chacun des personnages. C’est profond.

Comment travaillez vous les vidéos sur scène. Est-ce que chaque set est une histoire grâce aux vidéos et à un choix spécial des morceaux joués live?

Chris Drury: Chaque morceau a un visuel particulier, donc ils sont tous pertinents. J’essaye juste d’éviter d’être une simple toile de fond. Tout a une signification.

Vous avez l’air de prendre énormément de plaisir sur scène. Ca se voit et se ressent. Qu’est ce qui vous vient à l’esprit quand vous jouez ensemble?

Sneaky: C’est une bonne question. On profite d’une véritable synergie. Je suis assez sûr de moi mais en même temps j’ai parfois l’impression de perdre le contrôle. C’est sur scène que je suis le plus heureux et que je suis véritablement moi. J’aime regarder les mains de Parker et essayer de le seconder au mieux. Essayer de sortir un maximum de choses de deux personnes enfermées dans un groove est très excitant. Si en plus l’improvisation s’en mêle, le concert ne pourra pas être meilleur.

Chris Drury: Moi je me concentre simplement sur ce que j’ai à faire mais une fois le morceau lancé, j’ai un peu de temps pour penser, et j’agis pas mal en fonction de la réaction du public. Si il est trop calme ou sans réponse, je retourne à mon travail.

Vous êtes un des premiers groupes à avoir été signé chez Grand Central. Etes vous toujours satisfait du label? Avez vous déjà ressenti le besoin de changement? A t-il évolué comme vous le vouliez?

Sneaky: Nous verrons ce qui arrivera. Nous sommes pour l’instant dans de bonnes conditions pour travailler donc nous ne nous focalisons que sur notre évolution en tant que groupe. Nous ne nous soucions pas du reste.

Quels sont vos projets maintenant à part tourner?

Sneaky: Composer et enregistrer, se reposer et vivre ma vie aux côtés de mon amie.

Chris Drury: En ce moment, je ne pense qu’à Fingathing. Quand j’aurais quelques jours de repos, je me couperai du monde et profiterai de ce temps libre.


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