Interview : Solea (03-2003)

Interview : Solea (03-2003)

Tout d’abord, est-ce que la carrière de Samiam est terminée?

Samiam n’est pas en bonne posture mais pas forcément mort. Nous sommes en train de voir si nous allons faire quelques festivals allemands cet été. En fait, quand James, l’autre guitariste, est parti beaucoup de choses ont changé pour moi. J’ai beaucoup pris mon pied lors des dernières tournées brésiliennes et européennes sans lui…mais composer et enregistrer de nouveaux albums seul me paraissait inconfortable. Au départ, nous voulions que Sean (le bassiste) se mette à la guitare pour recruter un nouveau bassiste mais ça ne me convenait pas vraiment. En fait, Sean est bien meilleur que James et moi à la guitare mais la partie musicale de Samiam est toujours née de nous deux. Durant ces années, les choses ont fait que beaucoup de mes morceaux se sont retrouvés sur les albums alors que ceux de James étaient des meilleurs. Je pense que nos limites en tant que guitaristes ont influé sur les compositions en les rendant plus simples et plus courtes…mais je ne pense pas que ce soit Samiam. Avec le recul, mon attitude consistait à toujours me sentir libre de faire des choses funs (tourner au Japon, en Europe ou au Brésil) et avantageuses (faire des concerts bien payés) avec Samiam. L’argent est toujours une inquiétude pour des musiciens comme nous, tirant toujours le diable par la queue. Cela ne m’intéresse pas de monter un nouveau Samiam avec un nouveau guitariste et prendre une nouvelle direction. Les morceaux que j’écris aujourd’hui sont pour Solea, mon nouveau groupe depuis l’année passée.

Peut-on donc dire que Solea est la continuité logique de Samiam?

Pas pour l’auditeur mais pour moi, oui ! Je veux dire par là que, pour l’auditeur moyen, la musique est toujours moins importante que la voix ou les paroles. Je pense que la plupart des fans de Samiam se préoccupent peu de mes parties de guitare mais sont plus attachés à la voix, les textes et l’émotion de Jason. De ce fait, je comprends tout à fait mon rôle de soutien vis-à-vis du chanteur. C’est exactement ce qui se passe avec Solea. Si quelques oreilles fines peuvent reconnaître mon style, la plupart des gens ne le peuvent pas. En réalité, la douzaine de morceaux que j’ai composé pour Solea auraient tous pu être déstinés à Samiam si le groupe avait continué sa route et que Solea n’ait jamais existé.

Votre dernier maxi prend une tournure un peu plus pop que le précédent. Est-ce volontaire? Est-ce un moyen de se démarquer de Samiam et Texas Is The Reason?

Pour être honnête, nous avons enregistré trois fois et assez rapidement ce qui fait que rien n’a été vraiment planifié. Toi, tu penses que ça sonne plus pop…et comparé à Snapcase ça l’est. Par contre, pour les fans de Britney Spears, on va passer pour des punks! Tu comprends mon point de vue? Cela dépend d’où on se place. En réalité, on ne fait rien pour prendre des distances avec le punk ou nos groupes précédents. Tous les groupes avec qui nous avons joués (Hot Water Music, Hey Mercedes, Jealous Sound, Thursday, Alkaline Trio, Avail…) font tous partie de la scène punk et c’est en son sein que nous nous sentons le plus à l’aise. Cependant, nous avons tourné avec Idlewild qui n’est pas vraiment punk et le public a été très réceptif à notre musique. En fait, nous nous adaptons bien à différents groupes et scènes…

Est-il difficile d’être tant attendu lorsqu’on a l’allure d’un groupe all stars? Samiam et Texas Is The Reason sont quand même deux des plus importants groupes de la scène rock indépendante…

Je ne veux pas paraître faussement modeste ou nous sous estimer mais je ne suis pas d’accord avec toi. C’est vrai qu’il y a des fans de Samiam et Texas Is The Reason partout dans le monde mais 99,9% des adeptes de musique n’ont jamais entendu parler de ces deux groupes. Solea est vraiment aidé par les fanzines et la petite communauté bien informée mais aucune de nos deux anciennes formations n’ont été extrêmement populaires. Il y a des gens dans le monde qui ont adorés un des deux mais il y en a bien moins que ce que tu peux imaginer. Solea est un groupe qui convainc les gens un à un, concert après concert.

Vous semblez promis à une belle carrière avec Solea mais vous peinez à trouvez un label. Pourquoi? Quelle serait la meilleure opportunité selon toi?

Le facteur décisif pour les groupes méconnus comme nous reste l’argent. On nous a proposé de tourner mais il nous est arrivé de refuser pour des raisons financières. C’est la même chose pour les labels. Trop peu de maisons de disque ont assez d’argent pour nous aider à sortir un bon disque et survivre en tournée. Je pense que les gens ne se rendent pas compte de la difficulté à appartenir à un groupe qui n’est pas médiatisé. Certains labels se sont montrés intéressés mais aucun n’était capable de nous offrir des conditions d’enregistrement et de tournée décentes. L’idéal serait un gros label indépendant comme Burning Heart, Vagrant, Epitaph, ou Jade Tree mais la réalité est qu’aucun d’entre eux ne croient en nous. En Europe, il y a pas mal de gens derrière nous comme ceux de Defiance, mais ils n’ont tous simplement pas assez de moyen pour nous aider.

Quand est donc prévu votre premier véritable album?

Dés que nous trouverons un label. Nous avons bien plus de morceaux qu’il n’en faut. Nous en avons viré quelques uns pour les remplacer par de nouveaux. Je pense que nous avons juste à être patients…

Ta relation avec Garrett tient vraiment de l’histoire d’amour. Comment en êtes vous venus à décider de jouer ensemble? Peux tu nous résumer brièvement le début de carrière de Solea?

Hmmm…une histoire d’amour. C’est une bonne manière de voir les choses. Faire partie d’un groupe se résume vraiment au fait d’être marié à quelques potes avec tout ce que cela comporte (disputes, bon temps et pas de sexe…). Notre groupe est musicalement basé sur Garrett et moi. Je compose et il écrit les paroles. Bien sûr, le bassiste et le batteur contribuent largement au résultat final. Je ne veux pas passer pour un trou du cul et ignorer cela. Mais au départ, j’ai rencontré Garrett lors de notre tournée européenne commune en 1996/1997 quand Texas Is The Reason ouvrait pour Samiam. Nous sommes devenus amis et avons toujours parlé de jouer ensemble. En fait, nous voulions aussi intégrer Scott qui officie à la batterie dans Sensefield mais il a beaucoup évolué. Maintenant, il tourne avec Elliot Smith et Neil Finn dans de grandes salles, en tour bus avec des roadies et tout. Solea est parti d’un email que Garrett m’a envoyé il y a un an et demi. Ca m’a beaucoup étonné mais en même temps, j’ai trouvé cela très gratifiant. Depuis, nous avons sorti trois maxis et avons fait sept fois des tournées de deux ou trois semaines aux Etats-Unis et en Allemagne. C’est fun…

Tu es un des acteurs les plus crédibles de la scène émo. Aujourd’hui, ce terme est beaucoup remis en question. Quelle est ton opinion sur le sujet? Est-ce que “émo” veut toujours dire quelque chose aujourd’hui?

Encore une fois, pour toi et quelques personnes, je suis reconnu au sein de cette scène mais demande aux 99,9% des gens qui écoutent Jimmy Eat World ou The Get Up Kids, ils ne connaissent même pas Samiam, Texas Is The Reason ou Knapsack. C’est cool d’être reconnu par les gens du milieu mais ils ne représentent rien, en nombre, dans mon existence. Le terme “reconnu” est horrible pour moi pour de nombreuses raisons, je n’y prête vraiment aucune attention. J’aimerais beaucoup que mon groupe gagne en popularité et puisse vivre décemment de sa musique. Mais, je ne suis en aucune manière un porte parole de la scène émo ou punk. Je compose juste de simples morceaux et adore les jouer en public.

Tu as connu beaucoup de rebondissements dans ta carrière qui auraient pu te décourager. Que recherches tu encore? Peux tu nous expliquer la raison de cette éternelle jeunesse?

C’est juste que je suis comme une plante qui a mis du temps à pousser. A l’école, j’étais trop timide pour faire le premier pas avec les filles ou un quelconque groupe. Je n’étais ni banni ni solitaire mais j’ai le sentiment de ne jamais avoir vécu de folles expériences de jeunesse. Pour certains, cela peut paraître triste mais lorsque j’avais vingt ans ou même aujourd’hui à trente ans, je fais des choses que la société a pour habitude de te conseiller d’abandonner (comme le fait de faire du skate ou de jouer dans un groupe). Du moment que je suis bien dans ma peau, je continue de vivre ma vie comme je l’entends. Je n’ai aucun regret.

Quels sont les projets de Solea pour les mois à venir?

Tout dépend de notre encore inconnu label. Nous voulions tourner pour promouvoir nos maxis mais notre agent européen et Defiance nous ont conseillé d’attendre que l’album sorte. Tout est une question de patience. On prévoit peut être d’aller faire un tour au Japon en juin, mais vu l’état actuel des choses, je n’y croirai que lorsque nous serons dans l’avion. Il arrive souvent que les choses se cassent la gueule au dernier moment…

Quelques mots pour la fin?

Allez visiter notre site (www.solea.org), vous pourrez en apprendre encore plus sur nos projets et ce que nous sommes. Merci.


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