Interview : Lobe Radiant Dub System (12-2004)

Interview : Lobe Radiant Dub System (12-2004)

Comment a débuté l’aventure Löbe?

Frédéric Luneau: Löbe a commencé en 1996. À la base, il s’agit de mon projet. Durant trois années, nous avons évolué en duo dans une veine Scorn, inspirés par les travaux de Mick Harris. Début 2000, Löbe est devenu Löbe Radiant Dub System, un trio avec Benoît (basse) et Xavier (drums). La dernière étape a été l’arrivée de Philippe (guitare) pour la tournée promo de l’album « Echo Chamber Odyssey ».

Comment qualifierais-tu votre musique?

Organique est souvent le mot qui revient… Dub, pour l’assise basse/batterie mais nous sommes bien loin des fondations originales. En fait, nous nous en sommes affranchis. Le tout est intimement lié par des breakbeats et une omniprésence de la guitare. Nous réfléchissons rarement en terme de style. Un morceau est jugé bon lorsqu’il apparaît comme tel à nos yeux (enfin nos oreilles!).

Est-ce que Löbe Radiant Dub System est porteur d’un message?

Globalement, la musique implique des choix de vie et ceux-ci constituent déjà un message! De part notre attitude au quotidien, la création, les rencontres et les discussions, nous nous positionnons clairement. Après, aller scander nos revendications dans la rue, ce n’est pas notre truc. Nous habitons tous à la campagne et nous ne sommes pas directement concernés par les problèmes liés à l’urbanisme outrancier de cette société capitaliste.

Löbe est riche en fusions dub, electro, rock, ethniques… D’où proviennent-elles?

Des quatre personnalités qui composent le groupe. Nous venons d’horizons très différents. Pour faire vite, nous sommes davantage issus d’un milieu hardcore. En ce qui me concerne, je suis un fan inconditionnel des Bad Brains. Ils ont été parmi les premiers, au tout début des années 80, à mélanger hardcore et reggae. N’oublions pas les Clash aussi!

Vous semblez être en perpétuelle exploration musicale. Vous êtes vous fixé un point ultime, ou une limite?

Non, nous n’avons absolument aucune limite! On travaille les nouveaux titres ensemble et les directions se construisent au fur et à mesure. Bien souvent, je propose une base avec des samples et ensuite on travaille sur différentes séquences jusqu’à ce que tous les musiciens s’y retrouvent.

Et pour les visuels (pochettes, affiches), combien de temps y consacrez vous?

C’est un ami de Montpellier, Jean-Michel, qui s’est occupé de tout le visuel « Vibe Disciples ». Il est également bassiste d’un groupe de hardcore, Tantrum, dont je suis le sonorisateur.

Entretenez-vous des rapports avec d’autres formations, notamment celles de la scène dub française?

Oui bien sûr, je citerais la liste des groupes dont on voit le nom assez fréquemment: Zenzile, Brain Damage, Junior Cony, Sism-X ou Improvisators Dub.

Et en ce moment, vous écoutez quoi par exemple?

Je vais parler en mon nom, car comme je le disais précédemment, dans le groupe tout le monde écoute des musiques vraiment différentes. J’écoute essentiellement du reggae et UK dub. J’adore la période des années 70: Channel One/Studio one, Johnny Osbourne, Linval Thompson, Horace Andy… pour ne citer que des chanteurs que j’admire. Martin Campbell et les années Channel One UK reste mon favori! Je suis également passionné par la scène dub UK avec Vibronics, tout Jah Warrior, Bush Chemists et celui sans qui rien ne serait arrivé, « the King of King », Jah Shaka.

Comment expliques-tu l’essor que connaît le dub depuis quelques années?

Le public qui vient aux concerts de dub est très varié. Cela va des fans de reggae, d’anciens venant du hardcore, aux gens qui fréquentent davantage les free parties. En définitive, l’essor reste relatif, cela ne concerne qu’une frange de la population. Même si les ventes de CD de groupes comme High Tone ont explosé, seules quelques formations dépassent les 10000 copies vendues. Cela durera-t-il? C’est une question à laquelle je ne peux répondre.

Que fais-tu en dehors du groupe?

De la musique! J’ai deux autres projets: Micro:mega, un duo ambiant/slow hip-hop avec Sylvain Chauveau qui habite désormais à Paris et qui sort des disques sous son nom. Micro:mega en est à son quatrième album, « Where We Go We Don’t Need It Anymore », qui sortira en février sur le label O1O1/Ici d’Ailleurs. Ensuite, j’ai un projet solo Webcam hi-fi dont le deuxième album « 7 Bridge Road » devrait sortir au printemps. C’est strictly UK roots & dub. Des titres apparaîtront sur des labels comme Soundz Around ou Dubzone… Les versions avec des voix sont terminées avec en featuring Earl 16, Kenny Knots, Madu (Vibronics), Anthony John (from Jamaïca), Naïma (Dubians), Kingkiko (No more Babylon) et Jah Mac 4 (Freedom Fighters). Le live en sound system!!! Enfin, je compose de la musique pour une compagnie de danse contemporaine.

Les autres membres de Löbe ont-ils des projets parallèles?

Benoît joue dans Daisy Duke dont je crois que l’orientation est plus pop/electro. Xavier participe à un autre projet, mais je ne sais pas trop dans quel style cela évolue. Je sais seulement qu’il y a des machines et des guitares saturées… Quant à Philippe, il bricole sur son ordinateur.

Peux-tu nous parler de votre dernier opus?

« Vibe Disciples » est le premier album de Löbe Radiant Dub System. Composé à quatre musiciens, il marque donc forcément une évolution. Nous avons enregistré dans un super studio, près de Bordeaux au Chalet, avec une acoustique royale pour les prises. Lionel était ingénieur du son et responsable artistique assisté de Fred, notre sonorisateur live. Lionel est régisseur son au Grand théâtre de Bordeaux. Il a récemment mixé l’orchestre symphonique live lors de la tournée de Yann Tiersen. Les guests pour les voix sont tous des amis: Pierre de Tantrum, Kingkiko et Naïa, directrice de la communication au Palais de Tokyo à Paris. Cela doit bien faire dix ans qu’elle me dit : « Fred, il faudrait qu’on fasse un truc ensemble! ». Nous sommes ravis du résultat et, à mon humble avis, c’est l’album le plus abouti de Löbe, tant au niveau du son que des compos.

Comment a réagi le public?

Certains titres de l’album ont été réarrangés pour être joués en live, mais dans l’ensemble c’est plutôt une satisfaction. L’accueil réservé a été excellent.

Vos projets pour l’année à venir? Pensez-vous tourner en France ou à l’étranger ? Si oui, quels pays souhaiteriez-vous visiter, et pourquoi?

Nous avons fait environ vingt-cinq dates depuis la sortie de « Vibe Disciples ». En ce moment, nous faisons une pause. On a déjà joué en Belgique à plusieurs reprises, et on devait enchaîner avec L’Italie au mois de décembre, mais tout est tombé à l’eau au dernier moment. À partir de la fin janvier, nous reprendrons la route pour une quinzaine de dates, dont deux concerts en Suisse. On aime bien jouer à l’étranger, mais le problème c’est la promo et la distribution… Big up.


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