Interview : Lab (06-2003)

Interview : Lab (06-2003)

Pouvez-vous nous faire un bref historique de Lab°?

Francois-Pierre: Lab° s’est crée à la suite d’un concert des Improvisators Dub lors de leur première tournée alors qu’on travaillait sur la prod d’un de leurs concerts. Il y avait trois pelés dans le public. Le lendemain, certains ont appelé les autres car on se connaissait grâce aux différents projets musicaux qui tournaient autour de la Clef à St Germain En Laye. Six mois plus tard, nous enregistrions en une nuit notre premier album, « Dubalgan 500mg« . Depuis, on ne s’est pas arrêté…

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Ce nouvel album est moins accentué « dub » que les précédents. Dans quel état d’esprit l’avez vous abordé? Etait-ce intentionnel?

Nous avions décidé d’enregistrer l’album en improvisation totale. Nous sommes partis dans le sud avec notre studio sous le bras. Nous nous sommes branchés et avons commencé à improviser/composer/enregistrer en simultané, au casque et en cercle. Après la séance de 10 jours, on a écouté les mises à plat. C’était parfaitement ce qu’on voulait: une nouvelle brèche dans notre style. Deux mois plus tard, on a remis une couche de retour à la Clef, où nous enregistrons d’habitude nos albums, pour des morceaux plus violents, plus ou moins construits en studio de répétition. Après un mois de mix, l’album était fait. Pour ma part, je trouve que c’est l’album le plus naturel de Lab°. Il me rappelle « Dubalgan » pour sa fraîcheur et « Taffy Ap » pour sa précision. Nous ne calculons jamais là ou on va du point de vue artistique. Nous avons des envies que l’on écoute.

Vous avez une personnalité à part dans la scène dub française. Pensez vous que cela vient de vos diverses influences? Vous considérez vous comme un des principaux acteurs de cette scène?

Notre personnalité vient forcement de nos influences diverses qu’elles soient musicales ou autres. C’est une manière de voir les choses. L’auditeur entend nos influences à travers notre musique et nos vidéos. Nous ne parlons pas de rastafari ou des clichés dub en général parce que ce serait mentir. Nous n’avons aucun point commun avec le côté mystique du dub. Seules les possibilités du style nous intéressent. Nous ne comprenons pas trop l’intérêt d’être acteur d’une scène. A partir du moment où vous jouez tous les week-ends votre musique et que vous ne pensez qu’à cela, vous êtes activistes pour votre propre mode de pensée mais pas d’une scène entière, surtout de celle là qui est très large et incroyablement riche.

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Quelles sont pour vous les limites musicales de Lab? Et celles du dub?

A partir du moment où nous ne faisons qu’écouter ce que l’on désire, la limite de Lab° serait de ne plus s’écouter. Notre but est de faire de la musique. Le jour où on changera de point de départ, ce sera un autre Lab°. Le dub n’a pas de limite musicale, tout peut être dub. Une version de Lorie est dubable tout comme une symphonie de Prokofiev…

L’auditeur peut facilement perdre ses repères à l’écoute de votre musique. Est-ce l’effet recherché? Vous arrive t-il de perdre les vôtres en improvisant?

Nous aimons les histoires. Un morceau doit être une histoire. Qu’elle soit sans tête ou sans pied, si elle est belle, elle restera comme telle. Se perdre est quelque chose de beau en soi. L’effet n’est pas recherché mais vient naturellement. Si le résultat est beau, les repères ne sont pas importants.

J’aurais tendance à vous considérer, sans aucun jugement négatif, comme des êtres étranges, aux frontières de la réalité. Pouvez vous nous décrire le monde de Lab? Etes vous 100% humain?

Viens nous voir en concert, tu verras que l’on est très humain. De toutes façons, les humains sont des « êtres étranges aux frontières de la réalité. »

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Votre travail de vidéo a t-il été une de vos priorités pour ce nouvel album? Comment l’abordez vous et comment la travaillez vous?

Nous voulions travailler l’album avec le plus de cohérence possible entre la musique et la vidéo. La vidéaste est venue lors de l’enregistrement. Elle a écrit un scénario et un concept d’ensemble que nous avons tourné sous sa direction. Le disque, comme le live en témoigne, notamment par le biais de l’image de la pochette extraite du clip présent sur le disque, des titres des morceaux qui sont des indices pour la trame du scénario et le live qui joue sur le va et vient vidéo-musique. C’était un travail très intéressant avec de nouveaux enjeux.

Votre travail visuel s’étend jusqu’à la pochette. Pourquoi faire référence au bondage? Doit on y voir un lien direct entre l’effet de votre musique et l’état physique et psychologique de l’être humain à son écoute?

Nous ne faisons pas référence au bondage. C’est l’image la plus belle sur laquelle on s’est tous mis d’accord de manière spontanée.

Pourquoi, et dans quel but avoir créé le label Mille Milliards? Quels sont ses projets?

Mille Milliards nous permet de faire notre propre planning de travail. C’est une structure qui va à notre vitesse, vu qu’elle est nous et que nous sommes elle. Nous faisons ce que l’on peut pour évoluer selon nos désirs. Il y a des bons et des mauvais côtés. A part la distribution (PIAS avec Yves Lecarpentier) et le booking des tournées (Furax), nous faisons tout. Beaucoup de casquettes pour pas assez de têtes, mais nous aimons ça comme ça. Nous rencontrons des gens, le contact est vrai et humain.

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Vous faites partie de General Dub. Que vous apporte ce projet par rapport à Lab?

Tout le monde dans Lab° ne fait pas partie du General. Moi, par exemple, je n’ai jamais rien fait pour lui. Autrement, à part Guillaume et moi, tout le reste du groupe a participé plus ou moins au projet. J’aime beaucoup le Général mais je n’aurais jamais pu participer au projet. Trop de tchache à mon goût. Je ne vois que le jeu, je n’entends pas les revendications.

Quels sont vos projets pour les mois à venir?

Une tournée bien arrosée jusqu’en janvier 2004. Le travail sur la sortie des quatre maxis vinyles qui seront des résumés puisqu’ils prennent comme point de départ quatre titres de chaque album de Lab° (« Remixine 1000 » compris). On prépare également le Darklands Tour avec Vox Populi pour octobre/novembre.

Le mot de la fin…

C’est long les interviews par mail mais complet. C’est incroyable que les gens lisent jusqu’au bout. Bravo à ceux qui lisent ces lignes…

( photos by di-waïze )


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